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Il s’est mis à pleuvoir, et il s’est réfugié dans le salon de la petite maison de bord de mer. Il a allumé un grand feu pour se réchauffer. Il faisait déjà nuit.

Puis il a attendu une heure et a pris son portable pour laisser un message à son amoureuse :

- Allez, reviens, il pleut, tu ne vas pas dormir dehors !

Dans une autre dimension c’est ce qu’il ferait. Il a laissé un autre message une heure après. Puis après avoir mangé des sardines à même la boîte de conserve, il a regardé la télé sans la voir. Enfin il s’est couché. Il s’est réveillé au milieu de la nuit, et il a encore laissé un message, paniqué cette fois.

Le lendemain c’est dimanche. Le marché du village est l’activité principale, toutes les boutiques sont fermées. Dans une autre dimension il aurait pensé que son amoureuse a passé la nuit dans un hôtel, mais il n’y en a pas dans le village, comment aurait-elle fait sans voiture ? D’ailleurs son sac à main est resté dans la maison, elle n’en avait pas besoin pour une balade sur la falaise.

Vers 10 heures, Il appelle la sœur de l’amoureuse, puis sa meilleure amie. Il explique qu’ils se sont disputés, qu’il est rentré en la laissant seule, elle avait surement besoin de se calmer un peu en marchant. Mais elle n’est pas rentrée de la nuit, sœur et meilleure amie ont elles des nouvelles ? Doit il prévenir la gendarmerie ? 

La journée se passe comme ça. Dans la soirée il prend la voiture et se rend à la gendarmerie. Il explique ses inquiétudes, ses coups de fil. Bien entendu on lui répond que c’est une personne adulte, qu’il est un peu trop tôt pour entamer des recherches, même si sans sac à main, sans argent, avec juste un téléphone, c’est surprenant.

Ensuite il faut repartir, il n’avait loué la maison que pour le week-end et le travail à Paris l’attend. Tout se passe comme dans le JT de 20 heures. La famille de l’amoureuse se mobilise, les gendarmes et les villageois font des battues. Il regarde ça de loin, même si il doit regarder ça de près aussi, quand il est convoqué au commissariat en Ile de France pour raconter son histoire une Nième fois.

Non il n’a rien à dire de plus. Le week-end avait bien commencé. Puis ils s’étaient disputé car il ne la trouvait pas assez investie dans leur relation, pas assez disponible. Elle n’était pas d’accord car elle estimait qu’elle avait fait de gros efforts pour venir ce week-end à la mer.

Il avait tourné le dos furieux pour rentrer. Il ne s’était pas retourné pour voir ce qu’elle faisait, elle finirait bien par rentrer, il faisait plutôt frais.

Il était tellement dans son rôle qu’il y croyait presque. Mais quelle importance ? Elle ne l’aimait pas, elle ne l’aurait jamais aimé ! Elle ne reviendrait pas, tant pis !

Pendant un mois ou deux, il tremblait quand on sonnait à la porte, il se disait qu’un jour on lui dirait comme dans les films : Monsieur Gilsoub, je vous arrête pour le meurtre de…

“tout ce que vous pourrez dire…”  mais non crétin, ça c’est aux States, on ne dit pas ça en France, arrête les séries TV !

Mais ce n’est jamais arrivé. Peut être qu’il y a des requins mangeurs d’homme en Normandie.

Et puis il a rencontré une jeune femme charmante qui aime la mer en hiver.

Suite d’un billet chez Gilsoub “La lumière jaillira”

Explication du jeu d’écriture ici “Et si l’on jouait…”