J’ai toujours aimé la bande… les bandes… Pas si évident à priori !
Je ne suis pas une ultra sociable au carnet d’adresse bien rempli (je préfère la qualité à la quantité) et puis je suis une grande rêveuse, et j’ai besoin de rêver justement, d’écrire, de mes moments de solitude….
Et paradoxalement c’est pour ça que j’aime la bande ! Parce que j’aime tout autant voir du monde qu’être seule !
D’abord parce que la bande m’apparait plus comme un “lieu” que comme des gens, un lieu comme le bistrot du coin où on est sûre de toujours trouver des copains !
Jeune j’aimais ma bande, je les rejoignais, c’était l’endroit où on pouvait voir les copains. L’endroit, le QG changeait, chez les uns ou les autres, dans le petit village de la maison de campagne, mais pas les gens… On sait où on va les trouver, où on va trouver du monde… Et ça ne paraît pas, mais c’est très important… surtout le jour où on a plus de bande.
Et puis la bande ça permet justement de rester sur son quant à soi. On se retrouve pour faire des bêtises, plus facile parce qu’on est plusieurs, on discute de tout et de rien, on se tient chaud, on rit, on fait des projets, on se raconte des choses. Mais personne ne vous oblige à faire des confidences, à dire ce que vous n’avez pas envie de dire, ou même à vous montrer tel que vous êtes. Quand on est jeune, la bande pour les timides, c’est même mieux que les têtes à tête.
Et enfin parce que j’ai toujours aimé étudier l’âme humaine, j’adore observer la bande. Je sais qui est le noyau dur (3 ou 4 qui souvent se sont connus en premier) qui sont les satellites, ceux qui ne sont pas toujours là, ou qui ont un seul point d’entrée dans la bande, la timide qui colle sa copine parce que seule elle n’oserait jamais demander aux autres ce qu’il font ce soir et que sa copine, elle fait partie de la bande. Qui est le meneur, qui est le boute en train, quel est le rôle de chacun.
Qui est celui, celle dont tout le monde remarque l’absence, ou au contraire celui ou celle dont personne ne remarque l’absence…
Ou encore les comportements qui peuvent être tellement différents en tête à tête et en groupe. Certain s’épanouissent en groupe, s’enhardissent, surprennent.
[Beaucoup plus tard dans des stages de communication j’ai appris que je ne me trompais pas que chaque groupe (même au travail) fonctionnait à peu près pareil, que chaque personne au sein d’un groupe avait son rôle. J’ai même appris quel rôle je jouais dans des jeux de rôle. Fédératrice, mais pas meneuse, je propose des choses, j’ai des idées, mais si personne ne suit, je laisse tomber, l’autorité c’est pas moi ! Par contre si le meneur (ou la meneuse) a des idées qui me plaisent, je peux être son bras droit, son porte parole etc… OUAH ! L’affreux cliché ! L’assistante zélée du patron leader ! Bon c’est vrai que c’était des stages au bureau, et c’est vrai aussi que Laurent était le chef de la bande et moi son admiratrice ! ]
Dans une bande, bien sûr il faut partager des activités… Souvent les bandes disparaissent parce que s’inviter à dîner de temps en temps ne suffit pas. Si on ne partage plus rien, même pas des vacances ensemble, c’est dur de durer. Et souvent on ne s’en rend pas compte, on croit que c’est comme la famille, que rien ne nous séparera…
Parce que la bande est une osmose, une pieuvre à mille tentacules, je n’aime pas les “histoires”…
X qui dit du mal de Y, Y qui dit du mal de X, quand on sait que tout ça être répété. Je préfère ne rien entendre, ne pas être complice, je défends la victime, je suis mille fois plus tolérante dans ce contexte que je ne le serais ailleurs !
…ou ceux qui disent qu’il ne faut pas inviter Machin, je trouve ça odieux d’oublier quelqu’un qui saura forcément qu’il a été volontairement oublié… Sauf si le machin en question a commis un acte irréparable ou contribue à une mauvaise ambiance. On peut compter sur moi pour n’oublier personne, même le timide “qui sert à rien” comme disent les djeuns, pour ratisser large…
La bande c’est comme une religion pour moi, c’est sacré !
Dans la bande de copains de mes filles, ça m’amuse aussi d’observer les liens, le noyau dur, les satellites, les nouveaux, les anciens… Quand mes filles me parlent je dis souvent :
- Ok machine a tel défaut, mais en groupe elle est bien
- et alors ?
- et alors c’est important !
Ou encore : “non ça ne se fait pas d’oublier Gertrude ! Elle le saura que tous les autres y sont !”
- ben c’est bien fait !
- non c’est méchant…
Lise qui énerve Athéna, parce qu’elle n’est jamais là et qu’Artémis est son point d’entrée dans la bande… Et alors pas grave, au contraire tu devrais être fière de ta sœur !
Un jour j’ai dit à Béatrice qu’elle était fédératrice dans la bande, elle m’a regardé comme si je parlais chinois en se demandant si c’était un compliment ou une critique !
Il y a les bons moments, les faciles. Mais quand elles se plaignent de la bande, les jour pas faciles, les soirées ratées, les semaines où à force de faire la fête, ils sont crevés, se lassent, s’engueulent, et que mes filles se plaignent de leur bande de relous…
Je leur dis d’en profiter. Que tout n’est pas toujours rose, mais que seuls les bons souvenirs resteront, et qu’elles feraient mieux de croiser les doigts pour que ça dure le plus longtemps possible…
Parce que moi je n’ai pas plus de bande depuis longtemps…
Et que parfois j’aimerais bien retrouver ce “lieu” où j’étais sûre de trouver des copains…