Mais là où j’ai vraiment eu des relations “de près” avec les instits, c’est à l’occasion de la sortie de l’Euro, mais oui !
Petit rappel pour ceux qui vivent sur une autre planète, nous avons changé de monnaie, nous sommes passés à l’euro. Dans mon Super Ministère nous avons eu droit à des tas de formations. Des “volontaires”, des obligatoires, et même si on disait “je suis déjà inscrite à ce stage de façon volontaire” on faisait quand même les stages obligatoires. C’est ainsi que j’ai fait 3 fois le même stage, car en plus j’ai changé de poste entre temps ! Nous avons même eu droit à un stage ultra bête, où nous devions jouer à la marchande avec des billets et des pièces en carton, rendre la monnaie, surveiller que les étiquettes ne trichaient pas : le prix en euro est il le même qu’en franc ? Moi qui déteste compter, rendre la monnaie, je n’ai même pas pu dormir dans un coin ! Mais je me suis défoulée sur l’évaluation !
Heureusement il y a eu des trucs sympa comme les campagnes dans les écoles où on demandait des volontaires. Je me suis inscrite, vu que “maîtresse” était un rêve d’enfant ! J’aurais bien voulu le faire dans l’école de mes filles, mais on ne choisissait pas ! Leur école n’avait pas demandé.
Réunion de briefing, on nous donne le matériel : des affiches, que l’on doit coller au tableau au fur et à mesure, et un livret avec les paroles. Des jeux pour les enfants à distribuer à la fin. On doit prendre RV avec les écoles qui ont demandé l’intervention, rencontrer l’instit avant pour lui expliquer ce que va faire, ce qu’il doit faire, s’organiser etc.
Voilà donc comment j’ai côtoyé de plus près ces êtres à part ! :) Hihi !
La première école où je sévis est à Paris 18ième (ou 14ième je n’en sais rien, mais il y avait un 1 devant j’en suis sure !) Je m’y rends le soir après l’heure de la sortie. Je croise la directrice, qui m’indique la classe de M. Z. Je rencontre M. Z : charmant. Je lui explique ce que je vais faire, comment je m’organise.
À la page 3 du livret, affiche numéro 3, il y a un calcul à faire. Logiquement c’est l’instit qui le fait ou qui désigne un élève, afin de “casser” un peu le rythme et que ce ne soit pas toujours l’intervenante (moi) qui parle. J’insiste donc sur ce point, il peut aussi proposer d’autres opérations apprises en classe pour comparer. Je lui demande à quelle heure il préfère que je vienne. Le matin vers 9 h, un peu après le début de l’école, avant la récré. Et on se donne rendez-vous le jour J.
Le jour j arrive. M. Z m’a dit que la directrice serait dans le hall pour m’accueillir. La directrice n’est pas là. J’attends un peu, trouvant mal élevé de monter dans la classe sans me présenter. Puis de guerre lasse, je monte directement.
J’ai un peu le trac. Ouh lala ! Ça fait drôle de me retrouver face à trente paires d’yeux passionnés par une nouvelle tête ! Je dirais presque que je suis plus à l’aise quand j’anime une réunion, voire une formation face à des adultes, je suis plus rodée en tout cas ! Je leur ai demandé de mettre un cavalier devant leur bureau pour savoir leur prénom, mais j’ai un mal fou à lire leur écriture ! Certains me font déjà craquer, un gamin vient s’asseoir devant le tableau : il n’y voit rien, me disent ses camarades, déjà je suis attendrie, prête à le prendre sous mon aile !
Je ne pourrais pas être instit : déjà des chouchous, Louisianne, bravo !
Les petits sont très bavards : ils ont tous des choses à raconter, ils ont ramené une pièce d’Espagne, d’Angleterre, ils veulent tous me le dire !
Puis ça se calme et je fais mon exposé ! Expliquer à des enfants ce qu’est un crédit (les pauvres), ou ce qu’est la monnaie scripturale (ouf) ! Ils sont ravis d’apprendre qu’ils vont s’adapter très vite, ils n’auront pas connu le franc ou si peu, et même ils vont apprendre à leurs parents !
Il est vrai qu’Artémis n’a eu aucun mal, et m’a même beaucoup incité à ne plus penser franc, je n’étais pourtant pas la pire ! Athéna plus habituée à manipuler a eu plus de mal, et là c’est moi qui l’a rappelait à l’ordre fin de la parenthèse !
Puis vient le moment où M. Z doit intervenir. Je lui demande si il a préparé quelque chose, ce qui a pour effet de le sortir d’une profonde léthargie. Il me dit “ah non, non, allez-y”. Bon moi tout compris, ça l’arrange de ne pas participer, pourquoi ne pas l’avoir dit lors du rendez vous ?
Donc je montre l’opération et basta je ne sais pas compter, on passe à la suite !
Puis à la fin, je laisse le matériel, c’est cadeau, et je donne les jeux. Les petits se jettent dessus. Moi je n’ai plus rien à faire. L’instit, resté au fond de la classe, ne s’occupe pas de moi. Je fais quoi ? Je dis au revoir, je sors ? Je ne suis pas trop habituée, si j’interviens en réunion je sais quoi faire, si j’ai en charge un intervenant je ne laisse pas en plan ! La récré me sauve ! Au revoir les petits, l’ambiance est sympa ! Je promets à M. Z de lui envoyer par la poste d’autres livrets et d’autres kits de jeux. Ce que j’ai fait sans jamais avoir de remerciement (il avait mon adresse mél).
En sortant, alors que j’arrive dans le hall, voilà que la directrice, dame forte, habillé comme un sac avec une voix tonitruante et un accent à couper au couteau m’interpelle :
- Madame, vous allez où ? Vous cherchez quoi ?
Je meurs d’envie de tracer ma route sans me retourner (il est grand temps de se préoccuper de sécurité, je sors, je n’entre pas, et elle était censée m’accueillir à mon entrée, et elle voit bien que je sors, à moins d’être aveugle ).
Mais je suis bien élevée et je ne veux pas laisser une mauvaise image, je lui réponds donc tout sourire que je viens de terminer mon intervention dans la classe de M. Z.
- Ah” s’écrit-elle “j’aurais du venir que ça m’aurait appris ! “
Français impeccable ! Oui je sais je suis odieuse ! Je pensais aussi que si elle attendait après moi pour se documenter sur l’euro, et bien pauvres petiots !
Oui je suis une méchante vilaine ! Il n’empêche que c’est un monde à part, que les relations professionnelles ne sont pas les mêmes, comme si ils étaient en deçà de tout ça ! Et que cela m’a déçue ! Je les voyais pas comme ça !
Il me restait une autre intervention dans une autre école. Folko aussi !
10 réactions
1 De Galstar
- 08/09/2009, 20:06
Le poste de direction est un peu particulier. Il est parfois plus utile d'avoir une personne sachant s'organiser et s'imposer que parlant un français impeccable. N'empêche son apparition tient du cliché. ;)
Enfin, tu étais là pour les enfants et tout ce qui compte c'est de leur avoir été utile. Quand même... s'attendrir sur ses élèves dès le premier contact...
Ne serais-tu pas un chouquette prête à être gobée pas ces hordes de petits monstres? :p
2 De Louisianne
- 08/09/2009, 21:22
♥ Galstar : il est vrai qu'une grosse voix peut être utile ! Mais pour la sécurité de l'école, elle peut repasser !
Prête à être gobée, je ne sais pas ! Mais un côté maternel certain ! En tout cas la mère sévère, je n'ai jamais su le faire ! J'ai donc été gobée par mes filles :)
3 De tilleul
- 08/09/2009, 21:33
C'était un cas cet instit!! Et la Directrice aussi!! Ne juge pas Louisianne, tu étais tombée sur une école bizarre... Elles ne sont pas toutes comme ça! :-)
4 De Louisianne
- 08/09/2009, 22:47
♥ Tilleul : je sais, je sais ! Je ne juge pas, je sais qu'ils ne sont pas tous comme ça ! Je partage mes drôles d'expérience pour faire rire ! :)
5 De chabada
- 08/09/2009, 23:15
C'est une école d'une autre planète, non ?
Chez nous, on va ouvrir la porte aux intervenants qui sonnent pour pouvoir rentrer, sinon, ils restent sur le parking... et puis on offre le café aux intervenants le temps de la récré et on papote avec eux... si ils en ont le temps, bien sûr.
J'ai retrouvé ma langue ce soir... dans mon entourage, très peu d'instit et, une chose est certaine, je n'aime pas passer des soirées à parler boulot, refaire la classe et grogner.
C'est fou, du coup, ce type de situation amène vite à généraliser et mettre tout le monde dans le même sac. Pourtant, il doit bien y avoir des enseignants de qualités, sinon, aucun des enfants ne s'en sortiraient dans la vie... ou bien c'est que leurs parents des enfants qui réussissent ont comblé les lacunes en faisant l'école à la maison chaque jour après l'école pendant 2 ou 3 heures...
Peut-être est-ce cela...
6 De Louisianne
- 09/09/2009, 07:35
♥ Chabada : j'aurais bien aimé aller dans ton école et être aussi bien accueillie ! En tout cas j'aurais trouvé ça plus normal ! Heureusement qu'il y a des enseignants de qualité, et j'en ai rencontré aussi plus tard ! Mais en ce qui concerne l'accueil, les choses ont peut-être évolué depuis, ou peut-être que ça dépend du directeur ou de la directrice. En tout cas si j'étais à leur place et que je constate ce genre de comportement, je réagirais !
7 De Vladyk
- 09/09/2009, 13:45
Les postes de direction ne sont que rarement dirigés par des gens compétent... (Non, non je ne suis pas de mauvaises foi, juste que je me base sur mon expérience personnelle !)
Je me rappel pas plus tard qu'au printemps dernier une des cadres (les plus haut placées) m'a demandé si j'étais un petit nouveau dans l'hôpital...
J'ai adoré avoir eu le "culot" de lui répondre, que je travaillais ici "juste" depuis 7 ans !
8 De Louisianne
- 09/09/2009, 14:05
♥ Vladyk : très fort en effet ! Et oui "l'humanité" n'a pas grand chose à voir avec le grade !
9 De Marie
- 09/09/2009, 15:27
Je ne sais pas si c'est lié à l'éducation nationale ou à son éducation, mais ce monsieur ne semblait pas effectivemen...très doué pour le relationnel et ça promet quand c'est ce genre d'olibrius qui se targue d'apprendre à nos enfants entre autre "les droits civiques"...
Enfin, je pense comme Chabada, que c'est plus lié à l'individu qu'au poste...
10 De Louisianne
- 09/09/2009, 16:01
♥ Marie : oui bien sur question de personnalité ! Il faut croire que certaines personnalités ont tendance à choisir certains métiers !