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Cette fois je dois inter­ve­nir dans une école plus près de chez moi. J’ai ren­dez vous avec M. W, encore un homme, à croire que je les attire, vu le nom­bre de fem­mes dans l’édu­ca­tion natio­nale.

Pre­mier con­tact télé­pho­ni­que par­fait, il m’expli­que où est l’école, com­ment venir, j’ai ren­dez vous après la classe pour lui par­ler de ma pré­sen­ta­tion.

J’arrive donc un soir. Une sor­tie d’école ordi­naire, des parents, des enfants. Puis je ren­tre dans la cour où per­sonne ne m’attend. Je finis par repé­rer un ins­tit, le seul homme. Il res­sem­ble à un enfant et il a un enfant sur les genoux !

Je me pré­sente, lui expli­que pour­quoi je suis là :

- Ah bon c’est aujourd’hui ?

Il dit à son fils de l’atten­dre. Puis va voir le direc­teur, et appelle une autre ensei­gnante et me dit qu’on va se voir dans le bureau du direc­teur. C’est vrai j’oublie tou­jours que les ins­tits vien­nent d’une autre pla­nète ! Noter un ren­dez-vous sur un agenda et ne pas l’oublier, on ne doit pas leur appren­dre dans leur métier. Curieux pour­tant, dans cer­tains métiers qui deman­dent moins d’étu­des, on sait le faire !

Du coup me voilà en con­fé­rence devant trois per­son­nes. Bon je ne vais pas cri­ti­quer, là au moins le direc­teur s’inté­resse.

Je fais donc mon dis­cours, pré­sente mes affi­ches et mon livret, je laisse tom­ber la par­tie “cal­cul à faire par l’ins­tit ou un élève” chat échaudé craint l’eau froide !

Puis à la fin de mon super dis­cours, je pose la ques­tion clas­si­que : “vous avez des ques­tions”. Sous entendu, bien entendu, sur mon inter­ven­tion au sein de la classe.

- Alors c’est quand l’Euro ?

Un ange passe. Nous som­mes à deux mois du jour J où nous irons tous en chœur cher­cher nos pre­miers euros au dis­tri­bu­teur. J’ai déjà acheté mon lot de pié­cet­tes en sachet pour l’offrir à Noël à mes filles. L’euro scrip­tu­ral existe déjà depuis… euh il existe quoi !

Mais il faut tenir compte du fait que les ins­tits des­cen­dent d’une autre pla­nète, qu’ils n’ont ni télé, ni radio, ni jour­naux. C’est d’ailleurs dans ce but que je suis là, et je me sens très utile tout à coup, puis­que les ensei­gnants, cen­sés être un relais entre le vaste monde et les petits, ne savent même pas quand on change de mon­naie !

- en jan­vier” dis-je en son­geant que mes parents retrai­tés, le savent par­fai­te­ment !

Le jour J, ce n’est pas une classe mais deux devant les­quel­les je dois inter­ve­nir. Je n’ai rien con­tre, mais là non plus, per­sonne n’a dai­gné m’en infor­mer. La pré­sen­ta­tion se passe bien, les petits sont tou­jours égaux à eux mêmes. L’ins­ti­tu­trice est effi­cace pour faire la dis­ci­pline, pas de débor­de­ments, pas de ques­tions à la chaîne comme dans l’école à Paris.

Tout se passe bien, peut être un peu moins joyeux, et un peu moins de con­tacts avec les enfants que la pre­mière fois !

Mais tout de même, ils m’ont laissé dubi­ta­tive, les ins­tits, vu de près !