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Le jour où Ludo donne enfin une date précise à Lucie, elle est folle de joie. Elle s’empresse de prendre son billet de train pour le week-end, puis prend un jour de congé pour se préparer à cet événement.

Lucie fait du shopping, elle achète une jolie nuisette, du parfum, une nouvelle trousse de toilette. Puis elle va chez l’esthéticienne se faire épiler, masser, gommer.

Elle doit prendre le train Thalys le vendredi soir. En fin d’après midi, elle est chez elle, en train de mettre de l’ordre avant de partir, arroser les plantes, vider le lave vaisselle, boucler sa valise. 

Avant d’éteindre son ordinateur, elle regarde les méls qui viennent d’arriver. Elle voit un mél de Ludo et elle est toute contente. Elle se dit que c’est un dernier message avant son départ, du style “à ce soir ma chérie, je suis pressée de te voir”

Au lieu de cela Lucie a l’impression de se vider de son sang en lisant le message :

Annule ton voyage. Je suis désolé. Ça n’a rien à voir avec toi, mais ce n’est pas possible entre nous.

Lucie reste un instant comme pétrifiée, assommée. Elle brûle d’envie de prendre son téléphone pour hurler sa colère, sa peine à l’homme qui n’a même pas eu le courage de lui téléphoner !

Elle se sent aussi désœuvrée sous son propre toit que si elle était dans un hôtel dans une ville inconnue. Que faire de tout ce temps, de toutes ses heures devant elle, alors qu’elle était déjà partie dans sa tête ? 

Lucie s’étonne de ne même pas arriver à pleurer. Elle va dans sa cuisine, observe un instant ce décor sans le voir, se fait un café. Puis soudain elle sort de la pièce, très calme, met son manteau, son écharpe, elle prend la valise dans l’entrée et elle part. Elle fait exactement ce qu’elle avait prévu de faire le matin même, elle part pour prendre un train.