blog_decor__14_J’avais dit une dizaine de billets ! Je n’en suis pas loin !

Peu de temps avant mon mariage, Laurent avait organisé une soirée à la Folie. C’était une soirée surprise. La surprise arriva en fin de soirée : il annonçait ses fiançailles avec Cindy avec qui il était depuis peu de temps. Surprise en effet : Laurent ne restait jamais bien longtemps avec ses conquêtes. Quand aux fiançailles je trouvais ça un peu désuet et inutile.

Le jour de mariage arrive en avril. Je me suis mariée dans le Sud. J’ai toujours eu un peu le cœur au Sud et mon mari était de là bas. Laurent n’a pas compris pourquoi je ne me mariais pas à La Folie, l’endroit de nos souvenirs d’enfance. C’est vrai que c’était une éventualité que j’avais envisagée. Quelques jours avant il m’appela pour me dire que sa fiancée Cindy ne viendrait pas, suite à un décès dans sa famille. Encore le destin.

Le jour J comme dans toutes ces cérémonies, il y a quelques couacs dans l’organisation. Nous avions demandé aux invités de se rendre directement à l’église, ou à l’hôtel où ils étaient logés pour ceux qui venaient de loin. Ceci afin de me laisser me préparer tranquillement. Mais personne ne respectait les consignes, les gens débarquaient à la maison et se faisaient offrir le café par mes parents, ce qui fait ce je devais me cacher dans ma chambre. Mon mari ce veinard n’avait pas à se cacher, un costume de marié n’attire pas la curiosité. Profitant d’un moment où personne n’était là, je sortis chercher mon sac oublié dans la voiture. C’est alors qu’une voiture arrive. Le hasard encore celui qui n’existe pas. C’était Laurent.
Trop tard pour me cacher. Il me dit ” je croyais qu’on ne devait pas voir la robe avant ! “

Puis c’est le moment de l’église. Je suis entre deux Laurent. À la sortie de l’église, Laurent prit mille photos, il est vrai qu’elles étaient très réussies.
Vin d’honneur puis repas. Mon mari à ma droite, Laurent à ma gauche. Comme Laurent était seul, il était disponible, donc toujours avec moi.
Durant le repas nous avons discuté.

Puis il y eut la soirée. J’ai toujours aimé danser mais Laurent ne savait pas. Or il venait de prendre des cours de rock et comptait bien me montrer comment il dansait. Le problème c’est qu’on avait pas les mêmes pas, et que lui appliquait ses leçons à la lettre, avec beaucoup moins d’adaptation à l’autre que j’en avais. Il m’invitait à chaque danse et me donnait presque une leçon. Au point que j’en avais assez !

Et puis même si en règle générale je me moque du qu’en dira t-on, là je commençais à me demander si la mariée n’allait pas faire jaser ! Le marié n’aimait pas danser et discuter, soit, mais de là à n’avoir qu’un seul cavalier !
A un moment, épuisés, nous nous sommes assis sur un banc. Mon frère est arrivé et nous a pris en photo. Laurent m’a prise par les épaules. Je n’étais pas trop d’accord pour cette photo trop tendancieuse. On le voit sur la photo, où bien que souriante, je penche un peu la tête, comme si je voulais m’échapper.
Laurent me dit : “tu mettras cette photo avec les autres de nous dans le cadre”
- tu es fou ! Tout le monde croira que ça s’est terminé par un mariage !
Ce soir là Laurent se montra plus possessif que jamais !
Il est vrai aussi que j’avais évité les têtes à têtes les mois précédents. Alors ce soir là, Laurent se rattrapait, il me parlait.

Quelques mois plus tard, Laurent m’invita chez lui avec sa fiancée, mon mari et le reste de ma tribu pour regarder les photos du mariage.
Une chose qui me surprit et me déçut un peu fut de remarquer qu’à partir du moment où Laurent vécut avec une fille, je n’étais pas souvent invitée à dîner chez lui, ou alors avec mon frère et ma sœur. (ma petite sœur, vu la différence d’âge était moins liée avec lui). Je vivais assez mal cela, c’était comme si lui et moi n’avions pas un lien privilégié : il agissait comme si il était un ami de ma famille. Je compris beaucoup plus tard pourquoi. Un jour Laurent se fit renverser par une voiture. Il ne me le dit que plus tard, quand il fut sorti de l’hôpital avec juste une fracture. Il me dit qu’il avait failli m’appeler et ne l’avait pas fait pour ne pas m’inquiéter. Je lui dis que j’aurais sûrement tout lâché, même le travail pour aller le voir.

Un jour Laurent m’appelle pour me dire qu’il n’est plus avec sa fiancée. Il m’explique pourquoi.
Puis c’est le tour du frère de Laurent de quitter ses parents. Il nous invite ma tribu et moi à dîner et Laurent est là bien sûr.

Laurent est de nouveau libre. Mon mariage ne change pas grand chose à notre relation. Nous ne voyons pas tous les jours, mais nous sortons de temps en temps le soir. Mon mari est au courant et il est d’accord. Quand mon mari s’absente de Paris pour une raison ou une autre, j’appelle Laurent. Parfois je le rejoins à Paris et il me ramène en voiture après le restaurant, parfois il vient jusqu’à ma banlieue. Puis je suis enceinte. Longtemps j’ai du rester allongée. Les journées étaient longues. Laurent m’appelait de son bureau et nous parlions.

J’ai accouché un soir d’avril d’une belle petite Athéna. Le jour suivant, toute ma famille était à mon chevet. Ma sœur Camomille me dit : ” tu veux que j’appelle Laurent ? “.
C’était évident, normal, rentré dans les mœurs. Laurent est de ma famille.
Il vint me voir à la maternité. Athéna dormait comme un ange. Il m’a demandé si je ne souffrais pas de la dépression post natale, si on ne m’oubliait pas en étant béat d’admiration devant le beau bébé !

Un jour Laurent m’annonça qu’il était de nouveau avec quelqu’un et qu’il songeait sérieusement à se marier. Il est vrai que la trentaine approchait dangereusement ! De nouveau il organisa une soirée à la Folie, de nouveau des fiançailles ! De nouveau je me moquais de cette coutume ! Mais Laurent ne voulait pas vivre avec quelqu’un tant qu’il n’était pas fiancé !
Il me demanda de l’inviter pour me présenter sa promise. Je la connaissais un peu car elle était la sœur d’un de ses copains. Je l’invitais donc un soir, toujours avec ma tribu.

Durant toute cette période, ma sœur s’était mariée, et avait eu son premier enfant. Laurent avait été invité au mariage. À chaque naissance, chaque événement dans ma famille, j’appelais Laurent pour le tenir au courant. De son côté il n’eut pas autant de choses à m’annoncer, son frère changeait de copine mais ne se mariait pas.

Il y a parfois des souvenirs qui restent gravés. Un jour que nous étions à la Folie, le frère de Laurent passa nous voir pour nous dire que Laurent et sa future femme étaient là. Comme c’était très rare que Laurent soit à la Folie, nous sommes allés, Camomille et son mari, mon mari et moi prendre un verre chez eux l’après midi. C’était l’été nous étions dans le jardin. Au moment de partir, Laurent me dit d’attendre, le lilas avait fleuri, il allait se perdre, et il ne l’emmènerait pas à Paris. Tout le monde part sur la petite route du village. Laurent grimpe sur le mur d’enceinte de sa maison, moi je suis sur la route. Laurent me jette les grappes de lilas mauve. Je le regarde avec son sécateur, je ris. J’ai l’impression que nous sommes de nouveau des enfants, lui le preux chevalier, moi la princesse…

Laurent prépare son mariage pour l’année qui suit nos trente ans. Je fête mes trente ans, un repas avec une quinzaine de personnes. Laurent et moi avons pris la photo de nos trente ans ce soir là. Un mois après je suis enceinte de ma seconde fille Artémis.
Lorsque le mois de juin arrive, quelques jour avant le mariage de mon meilleur ami, j’apprends une mauvaise nouvelle. J’avais espéré que cette deuxième grossesse se passerait mieux que la première, et non ! J’apprends que je dois rester allongée…

Je me souviens de mes larmes. Je ne pouvais pas imaginer ne pas aller au mariage de Laurent. Ma sœur me consolait. Mon mari râlait et ne comprenait pas en quoi c’était la fin du monde. Finalement ce fut mon père qui trouva la solution. Mes parents étant invités au vin d’honneur, il me proposa d’y aller et de rentrer ensuite avec eux. Déjà à cette époque mon mari se montrait peu attentif et indifférent, mais je ne le voyais pas encore.
Et voilà le grand jour. J’aurais voulu être plus en forme…