Je n’ai jamais caché l’âge des mes enfants, même si je ne dis jamais le mien. Maintenant je me demande si je vais encore pouvoir dire l’âge de mes filles ! Même une nulle en maths comme moi ferait le calcul : voyons on rajoute 20 ans, ce qui suppose qu’elle a eu ses enfants très jeune, relativement rare… Donc ça fait, ça fait…

Quand je pense à l’âge de mes filles, il m’arrive de m’interroger. J’essaye de me souvenir de moi au même âge mais c’est impossible.
Impossible de comparer. Je n’ai jamais eu l’impression d’être adulte, d’ailleurs je ne le suis toujours pas mais comment comparer ?
Mes filles travaillent, elles sont toutes les deux en couple depuis 7 ans. Athéna et Jim sont propriétaires, Artémis et Jérémy songent à acheter.

Travail, couple, maison. Cela suffit-il à comparer ?
À l’âge d’Artémis j’étais mariée et mère d’Athéna. À l’âge d’Athéna j’attendais Artémis. Je ne peux pas comparer car nous n’avions pas les mêmes rêves, et cela commence bien plus tôt, je ne concevais pas la vie sans enfants.

Mes grands et mes petits.
Athéna et Jim ont des tas de projets, y compris professionnels, des tas d’activités, mais les enfants ne font pas partie de leurs projets. Ils ont évolué normalement, ils me semblent plus matures que mes petits. Il y a un âge où on arrête les soirées bars, on sort moins et on a des amis plus calmes.

Artémis et Jérémy attendent d’être propriétaires et qu’Artémis ait un travail stable pour se marier et avoir beaucoup d’enfants… Enfin beaucoup j’en doute ! Ils font beaucoup d’activités, s’intéressent à beaucoup de choses, ils s’occupent de leur maison, ils ont mûri pour beaucoup de choses.

Mais même si leurs amis sont parents, ils continuent à vivre comme avant…
Ils font la fête presque tous les week-ends. Les petits sont confiés aux grands parents.
J’ai du mal à imaginer qu’on puisse être mère et prendre une cuite tous les samedis. On dirait qu’ils ne veulent pas grandir. Peut-être que les choses se compliqueront quand les enfants iront à l’école, ou si ils ont un deuxième enfant.

Un exemple que je vais choisir dans le domaine alimentaire, c’est facile à comprendre.
Je l’ai beaucoup observé cet été avec les potes excités invités par Luigi et Jolinette (neveu et nièce).
Mes filles et gendres sont des saints à côté de ceux là !
Ils ont entre 25 et 27 ans.
Ils prennent une cuite tous les soirs, alcool fort et diluant comme ils disent ! Ils boivent de la bière à l’apéro. Si on leur propose un verre de vin à table, ils font la moue. Ils ne savent pas apprécier les bonnes choses.
Ils savent commander des pizzas ou faire un barbecue mais aucun d’eux n’est capable de faire un vrai repas, pas même un poulet frites. Heureusement que Martine était là !

Je me souviens d’en avoir parlé au café du centre avec le patron et Artémis. Le patron me disait qu’il avait du mal à comprendre cette génération (il les avait vu à sa terrasse bien sûr). Artémis a souligné qu’ils n’étaient pourtant pas beaucoup plus jeunes qu’elle. Oui même elle était choquée qu’on puisse se saouler tous les soirs !

La cave de la Sauvageonne était pleine de ” carburant “, une fois qu’ils ont tout bu, ils retournent à Picho.
C’est la raison pour laquelle je dis toujours ” ados ” pour parler d’eux, alors qu’ils sont sensés être de jeunes adultes.

Un jour je leur demande de préparer l’apéritif pour tout le monde (sous-entendu pour les adultes et les ados). Je les retrouve avec chacun une bière à la main (tant pis pour les autres) piochant dans un paquet de chips. Je leur explique qu’il y a un âge où ” préparer l’apéritif ” signifie sortir les bouteilles, et les verres, les olives dans un bol, et merci de mettre aussi les chips dans un saladier et pas le paquet sur la table !

Ils ne savent pas mettre la table. Oui même une simple table de vacances à la Sauvageonne !
La fourchette à gauche, le couteau à droite, le verre au milieu, merci. Soit ils inversent, soit il mettent les deux couverts du même côté comme dans certains restos ” cheap “, soit c’est tellement de travers qu’il faut repasser derrière eux. Le reste bien sûr carafe, sel, poivre, serviettes, il vaut mieux s’en occuper soi-même !
Mes filles diraient sûrement que je suis trop coincée (non vieille école c’est différent) en attendant je les ai tellement embêtées qu’elles savent mettre la table et les chips dans un saladier !

Bien entendu c’est comme ça aussi dans la vie, pas seulement en vacances. Impossible d’inviter des amis sans finir sous la table, on prévoit la ” tise “, on fait le plein.
Inviter des amis à dîner, faire un bon repas en buvant raisonnablement, impossible. Je ne suis pas une sainte loin s’en faut, je ne fais pas la morale, il est évident que lors des repas de famille, des fêtes,il arrive que l’on boive avec excès, c’est la vie…
Mais ce n’est pas systématique. Pour eux si.

Cela me rappelle des anciens amis qui à 30 ans recevaient comme à 15 ans avec assiettes en carton et gobelets en plastique.

Alors oui c’est difficile de comparer l’âge de nos enfants avec nous au même âge. Je suis peut-être mal placée pour comparer :  ” coincée ” comme disent mes filles, ou plutôt sérieuse, je n’ai jamais été aussi excessive que ma fratrie. Ce qui ne m’empêche pas d’être une bonne vivante.

Pourtant si je compare la jeunesse de Martine à la mienne, un gouffre nous sépare ! Pensionnaire chez les religieuses, mère à 19 ans, difficile de parler de jeunesse d’ailleurs.

Tout va très vite, tout évolue très vite.
Mais je n’aurais pas pu imaginer une telle génération d’enfants gâtés, d’ados attardés, une telle différence entre eux et nous. Bien sûr vous allez me dire : tout dépend du milieu, tous ne sont pas pareils. Pourtant récemment à la TV, on expliquait aux parents que les écrans ne remplacent pas l’attention des parents, que l’éducation actuelle ne prépare pas les enfants à être attentifs en classe, ni perséverants dans leur apprentissages.

La vie est un éternel recommencement. J’ai hâte de voir comment seront les enfants de mes enfants !