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Enfin je vais pouvoir prendre une douche !
Je me précipite dans la salle de bains. Et tandis qu’enfin propre, je prends mon sèche cheveux, j’entends un bruit étrange venant de dehors. Je sors, oui la salle de bains donne dehors, z’avez qu’à suivre. Et là je vois un spectacle étrange, un grand vent souffle et toute la végétation se couche, se courbe, semble vouloir descendre la colline. En même temps qu’une énorme pluie s’abat à l’horizontale.

Je descends les marches qui donnent dans ma chambre, qui donne dehors aussi, z’avez qu’à suivre, sur le coup je n’ai qu’une envie, me précipiter sur mon apn pour filmer ce spectacle. Mais là une surpise m’attend. Les grêlons rentrent à nouveau à vitesse grand V dans la chambre avec un hurlement de vent. J’essaye de fermer la petite fenêtre, de nouveau je reçois des grêlons. lls arrachent même le papier peint… Impossible de fermer la fenêtre un amas de glace s’est formé et l’empêche de se fermer, je tente de la caler avec la petite gariotte en pierre que j’utilise en temps normal pour la maintenir, mais le souffle l’envoie valser. Les grêlons battent les carreaux qui menacent de casser, ici pas de double vitrage, juste des fenêtres en bois et de simples vitres.

Mais bien vite j’abandonne la fenêtre car un phénomène jamais vu se déroule sous mes yeux : il se met à pleuvoir à torrent à travers le plafond sur mon lit, sur la commode.
Jamais vu pour une bonne raison : ma chambre qui donne dehors, est sous le niveau principal de la maison, sous la chambre de Martine, donc pas du tout sous le toit ! Je me tourne effarée vers l’escalier de bois que je n’emprunte jamais (je préfère passer par dehors) et là je vois l’eau couler à torrents par la trappe. Je crie pour appeler ma mère, ça doit être l’enfer là haut !

Pas de réponse. Je monte. Il pleut dans la chambre, le vent souffle comme si on était dehors. Par le fenêtre que Martine n’a pas pu fermer, au milieu de la chambre (le faîte du toit a du s’envoler) puis sur le lit. Martine tente de limiter les dégâts avec des cuvettes et des saladiers. Elle me dit  : j’ai vu toutes les tuiles s’envoler !

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Je lui dis que je vais aller chercher les seaux et cuvettes dehors. Elle me dit “prends un parapluie”. J’éclate de rire !
Non seulement parce qu’un parapluie s’envolerait en deux secondes et ensuite il est dans ma voiture, garée derrière la maison, le temps d’y aller je serai déjà trempée jusqu’aux os.
Dans la salle à manger, la fenêtre a été fermée, elle donne à l’Ouest comme la fenêtre de ma chambre, et il semble vraiment que la pluie et le vent arrivent à l’horizontale. Martine a juste eu le temps de pousser mon ordinateur loin de la pluie.
Je sors et bien entendu le temps d’arriver en bas je suis mouillée jusqu’au slip à défaut des os. Je ramène un seau et une cuvette. Nous avons donc limité les dégâts pour la pluie au milieu de la chambre, mais déjà la tempête se calme et la pluie diminue.

Ensuite il nous reste à éponger. Le lit de Martine est trempé. Je redescends dans ma chambre, en plus des grêlons et de l’eau, tout un tas de saletés sont rentrées par la fenêtre, feuilles herbe, cailloux. Mon lit a été relativement épargné, un seul coin a été touché, et l’énorme polochon dont je voulais me débarrasser a absorbé l’eau et évité le pire au matelas. Mais les draps propres bien pliés que j’avais préparé pour faire mon lit sont trempés. Le canapé aussi, il était juste sous la trappe.

Plus tard mes filles, mes sœurs averties par SMS me diront : heureusement que vous étiez là ! Oui c’est vrai, sinon nous aurions retrouvé une maison dans un sale état en été !
Après l’accalmie, je constate que des tuiles sont tombées, côté Ouest en effet. Je vais faire le lit dans la grange. Ici la fenêtre était bien fermée, les murs sont très épais, un bloc de glace s’est formé sur le rebord. Martine refuse de dormir dans la grange. Je lui dis : dans ce cas, tu dors dans le canapé.

En l’ouvrant nous tombons sur une souris crevée ! Je suis complètement écœurée, démoralisée, je déteste cette maison ! Trop c’est trop, je n’en peux plus !

Martine dort finalement dans le lit pliant réservé aux enfants dans sa chambre. Et moi dans l’une des granges. Le toit de l’une des granges a été refait il y a trois ans, l’autre il y a deux ans. Il ne restait plus que la maison, mais voilà toutes ces toitures c’est un sacré budget, impossible de tout faire en même temps. Vous allez sûrement me demander pourqoui nous n’avons pas commencé par la maison : tout simplement parce que nous avons commencé par les toits les plus catastrophiques. Et toute catastrophique que soit la toiture de la maison, ce n’était pas la pire !

Le couvreur vient le lendemain, ça tombe bien finalement ! C’est un homme charmant, jovial, toujours optimiste ! Il nous rassure, pas de problèmes, il viendra demain soir et nous mettra des baches et des tuiles pour arrêter les fuites des deux côtés. Les tuiles qui sont tombées sont au bord du toit. J’émet un doute quand au faîte, j’ai bien peur qu’il n’ait souffert aussi. Le couvreur a un peu peur de monter sur le toit vu l’état des tuiles, cela risquerait d’aggraver les dégâts, mais il promet de regarder.

Le lendemain matin j’ai tellement mal au dos que je ne peux plus me lever. Cela durera deux jours avec une très forte douleur, avant de se calmer un peu. Le mercredi j’ai pu aller à Grande Ville du Sud avec Martine et Artémis pour voir Athéna et Jim. Mais toute la semaine j’ai été démoralisée, fatiguée. Il a plu et je me suis ennuyée à mourir en me gavant de séries sur mon PC, et en me répétant cent fois que je serais mieux chez moi !
Le poële à pétrole est finalement reparti. Les lits ont séché, car malgré la pluie il faisait une température correcte la journée. Le samedi nous avons fêté l’anniversaire d’Athéna avec des invités. Et le dimanche c’est avec un grand soulagement que j’ai fermé la Sauvageonne aidée de mes filles et de mes gendres, et que j’ai repris la route.

Martine n’a cessé de me répéter qu’elle avait passé un bon moment. Eponger, nettoyer, laver les draps, faire la cuisine, l’éclate totale…
Mis à part mon mal de dos, je ne m’étais pas trop plainte. Au retour quand mon frère et sa femme nous ont demandé comment ça s’était passé, et que j’ai dit que j’avais passé une semaine horrible, Martine l’a très mal pris !
Martine a du mal à comprendre qu’on ne pense pas comme elle, qu’on ne s’occupe pas comme elle… ou qu’on ait mal au dos !

Quelle ingratitude ces parents ! Grr !
Bon maintenant que c’est fini, j’en rirai presque, mais la Sauvageonne en avril, plus jamais ! Même quand le toit sera refait !

J’attendrai l’été, au moins il y a du soleil… Enfin un peu quand on a de la chance !