Fabienne nous raconte alors son histoire.

Ça commence comme une histoire banale : énurésie nocturne jusqu'à 12 ans. Aujourd'hui les parents sont plus attentifs, après 5 ans, on considère que c'est un vrai problème. Pas ses parents ! Ils disent qu'elle est trop paresseuse pour se lever la nuit !
Ça ne m'étonne pas du tout des parents de cette génération : les miens avaient le même discours lors des "accidents".

Puis le temps passe, plus d'accidents au lit, mais Fabienne soit se lever deux fois par nuit pour aller aux toilettes. Ça je connais ! Ce n'est pas son seul problème mais elle ne s'en rend pas encore compte.

La puberté arrive, l'âge où on veut plaire. Fabienne ne pense pas avoir une maladie. D'ailleurs souvent ses soeurs, ses copines disent : je rigole trop, j'ai fait pi*pi dans ma cul*otte ! ou vite je ne peux pas me retenir il faut que je fasse pi*pi

Le problème de Fabienne c'est ça : petite cul*otte toujours hu*mide. Très souvent envie d'aller aux toilettes.
Mais elle pense que toutes les femmes sont comme ça, il n'y a qu'a voir sa soeur se précipiter aux toilettes en ayant peur de rater le meilleur moment du film à la télé !

Il y a des périodes plus gênante que d'autres : se laver, se changer, surtout si elle ressort le soir. Avec les pantalons c'est gênant ! D'ailleurs sa mère lui dit souvent : ma pauvre fille, tu as 18 ans et tu fais encore pi*pi dans tes pantalons ! Ça ne te gêne même pas !

Un jour elle en parle quand même au vieux médecin de famille, qui lui pose des questions du style  : c'est quand tu tousses, ou quand tu ris trop longtemps ?

Et lui donne des ampoules en décidant que c'est une fatigue passagère.

La vie continue, Fabienne se marie, a deux enfants. Son mari, un crétin, n'a jamais rien remarqué. Fabienne se dit que ça l'a peut être arrangée. Elle s'accommode de sa situation. Le talc, les crèmes pour les fesses irrités des bébés, les câlinettes, tout ça c'est pour elle, pas pour bébé !

De même tout comme Odette, elle doit prendre des précautions lors des déplacements, magasins, voyage en voiture, pas toujours facile, et se cacher derrière un buisson, elle connait aussi !

Mais les temps changent. On commence à parler de ces choses dans les magazines, de santé, d'abord, puis magazines tout court. Elle en parle à un autre médecin qui lui conseille de boire beaucoup. Elle répond pour la millième fois que non, elle boit le moins possible, merci du conseil !

À ce moment, donc Fabienne a 35 ans et rencontre Odette, dont le cas est beaucoup plus grave. Odette lui explique que l'on commence toujours par les médicaments, et qu'elle ne coupera pas aux séances de kiné, censées muscler le périnée, mais qui dans son cas ont été inutiles.

Odette lui parle aussi des protections spécifiques, qui n'ont rien à voir avec les autres, spéciales ragnagnas. Une chance pour Fabienne, elles sont en vente à présent dans les supermarchés.
Aujourd'hui on en fait même la pub, c'est dire si les tabous tombent ! Fabienne commence à en mettre une de temps en temps. Pas si facile d'admettre qu'on est malade, et condamnée à vie à ces accessoires ! Puis elle finit par en mettre tous les jours, mais refusera toujours d'en changer dans la journée.

Étape difficile mais importante : Fabienne se demande comment elle a pu vivre sans. Comment elle a pu supporter tout cela ? L'humidité, la peur des odeurs. Elle repense à son honte, à sa peur d'en parler. Et c'est seulement à 35 ans qu'elle trouve un début de solution !

Fabienne va donc voir un urologue à l'hôpital. Il lui pose beaucoup de questions, beaucoup liés à la grossesse, à l'accouchement. Mais Fabienne répond non, rien à voir avec les accouchements ou les grossesses, j'ai toujours été comme ça. Puis l'urologue, lui propose des examens.

Première étape : une journée chez elle, sans sortir. À chaque fois qu'elle doit aller aux toilettes, ce sera dans un récipient gradué, afin de mesurer. Elle notera sur un tableau, l'heure et le nombre de fois.

Une fois cela fait, elle se rend à l'hôpital. Le médecin est estomaqué : 14 mictions par jour, c'est énorme et pour de trop petites quantités.

Le médecin et le personnel sont très gentils. Ils la mettent à l'aise pour l'ausculter. Elle n'a pas de problèmes de descente d'organe. On lui confirme que ni les grossesses, ni les accouchements ne sont en cause.

Puis on lui remplit artificiellement la vessie, et elle doit dire à quel moment elle a envie d'aller aux toilettes. Lorsqu'elle le dit, le médecin confirme que c'est trop tôt, le signal "vessie pleine" ne devrait pas être envoyé au cerveau à ce niveau.

Ensuite on lui demande de se retenir le plus longtemps possible, on tente de voir jusqu'à quelle quantité de liquide, c'est supportable. Le médecin note un périnée très musclé ! Réponse de Fabienne : si comme moi vous vous reteniez depuis le plus jeune âge, vous seriez musclé !

Ensuite on la laisse seule dans la pièce pour qu'elle se soulage, le personnel est parfait.

Cet examen aura été également un grand tournant dans sa vie, car Fabienne apprend à se connaître : elle ne savait pas combien de fois par jour elle allait aux toilettes, encore moins que c'était pour de petits quantités. Elle apprit aussi qu'elle y allait bien plus le matin que l'après midi. Elle apprit aussi que pendant la période prémenstruelle le problème s'aggrave.

De retour chez l'urologue, celui ci donne enfin un nom à la maladie : fuites par impériosité.
En gros Fabienne a envie trop tôt, et cette impériosité provoque des fuites.

La mauvaise nouvelle c'est que ce n'est pas opérable. Sa vessie n'est pas déformée, elle n'est pas descendue.

Le médecin lui donne donc un traitement, en la prévenant qu'il y a des effets secondaires, et lui recommande tout de même les séances de kiné. Comme l'a dit Odette, les séances, (devenues quasi obligatoires pour les femmes après un accouchement), ne sont d'aucune utilité. Fabienne n'a pas de problème de muscles.

Mais le traitement change la vie de Fabienne. Au début les doses sont un peu forte, elle a presque du mal à aller aux toilettes ! Un comble !

Et pour la première fois de sa vie Fabienne sait ce que c'est que d'avoir une cu*lotte sèche ! Elle n'y croit pas, c'est un miracle !

Autre miracle inattendu : je l'ai dit Fabienne est en plein divorce.
Sa vie se*xuelle n'a jamais été une réussite et elle attribue ça à l'échec de son couple.

Mais soudain elle comprend pourquoi : il faut bien appeler un chat un chat ! Une zone de son corps, à priori destinée au plaisir est constamment irritée, enflammée...

Comment avoir tout bêtement l'envie ?

Fabienne fait connaissance avec son nouveau corps, un corps "normal" avec les médicaments.

Puis elle rencontre un homme, éphémère dans sa vie, mais c'est comme une première fois.

Une première fois à 36 ans. L'histoire ne s'arrête pas là !