Il m’arrive de penser aux deuils que l’on laisse en suspens. Ces deuils que l’on ne veut pas commencer, que l’on reporte ou que l’on nie, ces pages que l’on ne veut pas tourner. 
Je ne parle pas des événéments qui ne nous laisse pas de choix, je ne parle pas de l’être cher qui part pour un monde meilleur, ni de l’histoire d’amour qui prends fin. Ces pages là se ferment au vu et au su de tous. Même si vous vivez dans le deuil pendant des années, la réalité vous sautera au visage au moindre mot en trop. 

Il s’agit d’un deuil entre soi et soi. Il n’y a rien à dire, pas d’adieu à faire. Il faut se dire à soi-même : voilà c’est fini, oublie, tire un trait et tiens bon.
C’est l’ami qui déçoit, c’est l’amour impossible, la maison de l’enfance qu’il faut vendre, une époque qui prend fin et tant d’autres choses auxquelles je ne pense pas. 
Un deuil qu’il aurait fallu faire plus tôt. Mais nous préfèrons faire comme si ce n’était pas important. Ne pas faire le deuil c’est nier la réaltié, rester dans le rêve. 

Parfois nous avons besoin de dire les choses même si nous savons que c’est inutile. Les mots qui ne servent qu’à entendre le non que l’on soupçonnait déjà. Les mots de la dernière chance ” je sais que tu ne veux pas de moi mais je veux te l’entendre dire “, les mots de l’adolescence passionnée.
Ces mots sont parfois le point de départ du deuil en suspens. Ces mots sont utiles entre soi et soi. 
Les mots parfois cruels et involontaires d’un tiers qui nous met face à la réalité. Ce lieu c’est fini, cette maison est vendue…

Il faut du courage pour faire certains deuils. Surtout les deuils entre soi et soi où on ne peut guère compter sur un soutien extérieur. 

Je n’ai pas de deuils en suspens. Mais il m’arrive de penser à ces deuils du passé que j’ai tant tardé à faire.