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Lorsqu’elle a lu mon recueil de nouvelles, Athéna m’a fait remarquer que beaucoup de mes histoires avaient trait à l’adultère et que je devais vraiment avoir un problème avec ça !

En effet mes filles chéries sont à l’âge de l’absolu, celui où on juge sévèrement les “vieux” sachant que la vieillesse commence à trente ans.

Jeunes amoureuses, partie intégrante d’un couple débutant qui compte ses années de rencontre, une relation où la confiance s’est installée, mais où la jalousie des ados n’est pas très loin. Volontiers vindicatives, elles gardent un œil vigilant sur l’élu de leur cœur, et sont prêtes à sortir les griffes si une femelle ose poser les yeux sur lui. Quand à l’élu lui-même aucun écart ne lui serait pardonné. Je parle de mes filles, mais je peux mettre tout ce paragraphe au masculin, sauf que mes gendres sortiraient plus les poings que les griffes si un mâle s’approchait de trop près.

Bref, je comprends très bien qu’à cet âge merveilleux, on puisse crier au scandale, comme je l’ai fait moi-même. Je traitais intérieurement de pervers le “vieil homme marié” qui me tournait autour,  je n’avais aucune tolérance, ne trouvait aucune excuse, “si vous êtes pas content, fallait pas vous marier” et “quand on est casé, on reste dans les clous ! “Non mais !

Revenons en à nos moutons ou plutôt à mes nouvelles. Contrairement à ce que pense ma fille, mon engouement pour ces histoires en dehors des clous, ne date pas d’hier.

Pour plusieurs raisons, la première étant bien entendu mon côté fleur bleue, le romantisme !
J’ai beaucoup lu durant ma jeunesse pas si folle, et beaucoup de belles histoires sont nées dans l’illégalité. À une époque où tant de malheureux se retrouvaient unis à une personne qu’ils n’aimaient pas, l’amour frappait un jour à leur porte. Ils se cachaient, rusaient, faisaient preuve d’une imagination incroyable, et même si le danger était plus grand qu’aujourd’hui si ils venaient à être découverts, le secret mettait du piment à l’histoire.

D’ailleurs on pourrait s’interroger sur une chose : certaines histoires auraient-elles fini plus vite sans cet interdit ?

Il y a eu la littérature et puis il y a eu ma propre vie. Si je ne voulais pas des “vieux” il m’est arrivé plusieurs fois de “sortir” en cachette avec un jeune homme, officiellement casé avec une autre. J’ai raconté l’histoire de Chérubin. Et je riais bien intérieurement de “piquer” ce garçon à la peste de service, plutôt jolie et très prétentieuse, qui se croyait bien trop belle pour voir en moi en rivale.

Le temps de ces rires saupoudrés d’une certaine fierté est loin derrière moi. En mûrissant on apprend l’empathie et aussi la souffrance et on ne songe plus à se moquer de qui que ce soit.

Je vous rassure, mais vous le saviez, même jeune, j’avais une ligne de conduite ! Jamais je n’aurais trahie une personne chère, sœur, amie. Mais bon la vie n’est pas un roman, je ne vous ferai pas croire que ce genre de situation (où toutes les conditions sont réunies) arrivent tous les jours ! Je ne suis pas sollicitée par tous les mâles de mon entourage, et “conditions réunies” cela voudrait dire que la tentation est là, auquel cas j’aurais fait preuve d’héroïsme en refusant !
Alors soyons honnêtes, oui cela m’est arrivée d’être sollicitée par un homme casé avec une femme que j’estimais, d’ailleurs souvent je tombais des nues, mais non je ne mérite pas une médaille pour l’avoir repoussé, car il ne me plaisait pas !

Où en étais-je ? Oui, pourquoi j’ai écrit beaucoup d’histoires en dehors des clous. Parce qu’en plus de la littérature, de ma propre histoire, il y a eu aussi toutes les confidences que j’ai reçues.

La vie n’est pas un long fleuve tranquille, c’est que je tente d’expliquer à mes filles, qui ne sont point naïves, mais jeunes et amoureuses. Ceux qui marchent en dehors des clous ne sont pas des méchants, n’ont pas forcément prémédité leur acte.

Ma fille pense que j’encourage ce genre de comportement, mais pas du tout ! J’avais écrit un billet sur le “marketing” de certains sites. Mes histoires sont des histoires d’amour ou de béguin, pas des histoires de chasseurs.

Chaque personne est différente, chaque histoire est différente. J’ai souvent entendu : ce n’était qu’une aventure, mais elle m’a donné le courage de mettre fin à un couple où je me sentais pas bien.

Nous ne devenons pas des robots, des parangons de vertu en passant devant monsieur le maire.
Façon de parler, vous l’aurez compris, qu’importe le contrat, que l’on soit mariés, concubins, pacsé, habitant sous deux toits différents, bref en couple.

J’aime raconter ces histoires, parce qu’elles sont plus amusante,s plus piquantes. J’aime les raconter parce que l’on sonde les âmes. Parce qu’on sait qu’un jour, sans prévenir, le cœur peut se mettre à battre alors qu’on se croyait sur des rails, qu’un petit béguin peut arriver au printemps, alors qu’on se croyait une mère de famille tranquille.

Bien sûr comme je suis une femme, c’est l’héroïne qui marche en dehors des clous.
Ou alors elle est une femme célibataire, et le conjoint de sa meilleure amie lui fait des avances.
Je ne me suis encore jamais mise dans la peau d’un homme dans la même situation, je devrais m’y mettre !

Mes héroïnes ne sont pas des clichés : une femme tellement belle que personne ne lui résiste. Si elle est seule, même les hommes mariés la sollicite, si elle est mariée c’est un homme libre qui veut la séduire.

Parfois je lis des romans de gare, comme on mange une friandise, en sachant ce que je vais y trouver. Mais dans la vraie vie, la belle femme célibataire ne rencontre pas un bel homme libre lui aussi et vice versa.

Je m’aperçois que j’ai presque écrit un billet “sponsorisé”, mon but n’est pas du tout de faire de la pub pour mon recueil que personne n’a lu. Mais ma réflexion partait d’une réflexion d’Athéna, alors que pour ma part je n’avais pas spécialement remarqué mon engouement pour la traversée en dehors des clous ! 

C’était si jolis ces clous ! Je me souviens que mon grand-père me disait de rester dans les clous, et moi j’aimais marcher SUR les clous !

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