Il y a deux filles en moi
L’une qui chante la joie
Il y a deux filles en moi
L’autre qui pleure tout bas

L’une dit j’ai de la chance
Et pour lui j’ai tant d’amour
Que mon cœur aura con­fiance
atten­dant son retour

L’autre dit demain peut-être
Il ne me revien­dra pas
La mai­son sera déserte
La vie s’arrê­tera

Une vieille chan­son de Syl­vie Var­tan, dont per­sonne ne se sou­vient… Moi j’y pense sou­vent, parce que j’ai sou­vent l’impres­sion qu’il y a deux filles, deux Loui­sianne en moi.

Loui­sianne qui a des regrets, qui se dit qu’elle a du pas­ser à côté du bon­heur. Loui­sianne qui se dit qu’elle ne trou­vera jamais l’âme soeur et qu’elle n’aura jamais la mai­son de ses rêves. Loui­sianne qui se demande où sont pas­sés ses rêves d’enfant. Loui­sianne ne sera jamais riche, et si elle regarde bien, se dit que tout est moyen (pour ne pas dire petit) dans sa vie. Bou­lot moyen, ambi­tions moyen­nes, phy­si­que moyen, talents moyens,  diplô­mes moyens, compte en ban­que moyen aussi !

Cette Loui­sianne là, je la ren­con­tre dans cer­tai­nes situa­tions. Être entou­rée de cou­ples dans un dîner, revoir une amie qu’on a connu très jeune et qui sem­ble tout avoir : belle mai­son, beaux enfants qui réus­sis­sent, mari gen­til etc…  Enten­dre des gens par­ler voyage quand mon por­te­feuille me cloue au sol. Rêver d’un nou­vel objet inu­tile et ina­bor­da­ble et le voir chez sa soeur.

Et l’autre Loui­sianne qui se dit qu’elle a une chance incroya­ble. Des chan­ces qu’on oublie comme vivre dans un pays où il fait bon vivre, et être en bonne santé.
Pou­voir voir le ciel bleu et enten­dre les oiseaux chan­ter.
Un ex-mari cré­tin sans doute, mais qui n’a pas été un salaud lors du divorce. Une mai­son petite, mais un grand cœur. Loui­sianne  a eu la chance d’avoir une enfance heu­reuse, et des tas de bons sou­ve­nirs. Une famille unie, même si rien n’est par­fait comme dans tou­tes les famil­les. Loui­sianne n’a peut-être pas trouvé l’âme soeur, mais elle a vécu de bel­les his­toi­res qu’elle n’échan­ge­rait pas, et pense avoir laissé de bons sou­ve­nirs à ses ex ! Elle a peut-être un bou­lot moyen mais n’a jamais eu de gros pro­blè­mes et a tou­jours été appré­ciée. Elle est heu­reuse de s’en sor­tir pas trop mal, même seule avec deux filles.
Et puis la chance la plus incroya­ble c’est d’avoir deux filles aussi for­mi­da­bles. 
Ce sont les fous rires et le par­tage… 

Cette Loui­sianne là je la ren­con­tre dans beau­coup de situa­tions. 
Les autres sont en cou­ple, mais qui est-ce qui s’amuse le plus l’été ?
Quand Camo­mille me dit que ses fils aînés ne lui racon­tent rien de leur vie… Et que je pense à mes filles.
Quand Athéna me pla­que sur le canapé pour me cha­touiller sous pré­texte de m’arra­cher le jour­nal que je lis et que je pleure de rire.
Quand Athéna et Arté­mis se met­tent à deux pour me faire une coif­fure com­plè­te­ment déjan­tée.
Quand on dis­cute pen­dant une heure pour savoir ce qu’on ferait si on gagnait au loto, et même on arrive à se cha­mailler !

Dua­lité, ambi­va­lence, il y a aussi tous ces évé­ne­ments qui me font dire si sou­vent :

- d’un côté je suis con­tente parce que… mais de l’autre je ne le suis pas parce que…