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C’était une période difficile de ma vie, pour ne pas dire la pire. Athéna avait 7 ans, Artémis 5 ans. Nous venions mon mari et moi d’annoncer notre décision de divorcer. En tout cas c’est ce qui était prévu, sauf qu’il s’était empressé de jouer les victimes et d’annoncer à tout le monde que c’était moi la méchante qui avait pris la décision toute seule !

Ma tribu m’avait fait part de son désaccord, là où j’attendais du soutien, je n’ai eu que des reproches, de l’incompréhension, voire des insultes dans les pires moments. Ils ne comptaient pas me tourner le dos, et même si j’ai failli le faire, je ne l’ai pas fait, car j’avais des filles et je ne voulais pas les priver de leur grands parents ni de leur cousins et cousines.

Mais l’ambiance était loin d’être au beau fixe. Je m’étais complètement fermée, je parlais le moins possible, je pleurais beaucoup.

C’est aussi dans ces moments que l’on s’aperçoit que l’on a personne vers qui se tourner. Sur le chemin de la vie, les amis se sont perdus. Les amis d’enfance ont disparu, d’autres sont partis en province et on a plus de contact, les amis du couple ont choisi leur camp, ou ont choisi de ne plus voir personne ce qui est encore plus simple.

J’aurais rêvé que des amis “neutres” m’invitent avec mes filles pour le week-end ou les vacances, pour sortir de ce cercle infernal qu’était devenu ma tribu.

Un week-end je suis allée à la maison de campagne avec mes filles et mes parents, j’avais également emmené une amie d’Athéna. Je ne me souviens plus de grand chose, le week-end ne m’a pas marquée.

Le dimanche soir, nous rentrons en ville, et je vais chez les parents de la petite amie pour la ramener. Je connaissais déjà un peu la maman, nos filles étaient à l’école ensemble depuis longtemps. La maman vient m’accueillir, me fait entrer dans l’entrée. Dans le salon derrière elle, il y a des invités qui me saluent de loin.

J’ai ressenti quelque chose d’atroce : j’aurais donné n’importe quoi pour qu’on m’invite, n’importe quoi pour être avec ces gens confortablement installé dans un salon à papoter autour d’un verre. Je souffrais de solitude à en avoir mal, comme un noyé qui cherche l’air.

Bien sûr, le lendemain, mon bon sens a repris le dessus : je ne savais rien de ces gens, et rien ne prouve qu’ils m’auraient plu, ni que je me serais plu en leur compagnie.

Cette expérience m’a marquée. Ce n’est plus jamais arrivé. Après je suis devenue normale dans les mêmes circonstances : “oui merci, de rien, non je n’ai pas le temps de prendre un verre”. 

Et bien sûr, je me suis battue, je suis une battante : ils ne me détruiront pas, je suis indestructible ! 

Depuis j’ai toujours gardé une capacité à m’émerveiller. Quand je suis avec des personnes agréables, c’est à la fois naturel et surnaturel ! C’est normal, mais ça m’émerveille, je suis toujours contente de connaître des gens…

à suivre