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L’été les soirs de fête se succèdent.

Pourtant cet été, mon moral a été en dents de scie. La raison principale était bien sûr le départ d’Athéna de la maison. Départ pas vraiment d’ailleurs…

Deux chemins différents plutôt ! À la fin de nos vacances, nos deux voitures chargées à bloc ne sont pas parties dans le même sens. Artémis et moi “remontons” vers Paris, et Athéna “descend” vers GrandeVilleduSud où elle s’installe pour de bon… peut-être.

Je vais raconter tout ça en détail, je vous l’ai dit je ne sais pas par quel bout commencer !

Il n’y avait pas que ça qui me faisait voir l’avenir en noir parfois. La solitude, la peur de l’avenir.

La peur que tout ça s’arrête !

J’ai appris avec les années à profiter de l’instant présent, sans me torturer en me disant “et si ça s’arrêtait”….

Mais chassez le naturel, il revient parfois au galop, surtout les jours de grande fatigue.

Un soir je suis avec la fête avec Gaël et Artémis. La fête du village Céchouette-Méchaussette. Athéna est à GrandeVilleduSud. Je vais dans la voiture me reposer un peu au milieu de la nuit.

Et soudain, comme une chape de plomb, s’abat sur moi une dure réalité, une horrible prise de conscience.

Cela fait combien d’années ? Combien d’années encore comme ça ?

Combien d’années que je suis seule, sans une main dans la mienne, sans personne pour me demander si je suis fatiguée et si j’ai envie de rentrer ? Combien d’années à arriver seule aux dîners et à repartir seule ?

Je prends mon téléphone et j’envoie une bouteille à la mer. Un SMS sans espoir de réponse, un cri dans la nuit.

Est ce qu’un jour je trouverai quelqu’un qui m’aimera ?

Il ne répondra pas.

Je l’envoie à Laurent. Je ne lui ai jamais envoyé de SMS car son téléphone lui sert surtout pour le travail. Il doit être en vacances à cette période avec sa famille.

Il ne répondra pas. Il m’appellera probablement à la rentrée. Qu’importe. Depuis l’adolescence je ne lui ai pas envoyé d’appel au secours, mais je n’ai même pas honte.

Le lendemain c’est encore la fête à Céchouette-Méchaussette. Cette fois Cédric et ses filles m’accompagnent.

Cédric emmène ses filles et Artémis dans sa voiture, moi j’emmène 4 copains de mes filles. L’ambiance est bonne, j’ai oublié mon coup de brume de la veille.

Je danse un peu avec mon frère. Vers 23 h 30, deux petits djeuns veulent aller avec moi dans ma voiture, chercher un pull. Alors que je les quitte, mon téléphone sonne. C’est Laurent.

Je m’approche du pont et regarde la Louvoise, les petits djeuns me quittent en me taquinant. Artémis m’appelle deux fois et bien que je ne maîtrise pas les doubles appels, je dis à Laurent que je vais lui répondre. Je dis à Artémis que je suis au téléphone avec Laurent et que ça va être long.

Nous parlons. Je ne sais pas où il est, mais il est seul. Il a du attendre d’être loin de sa femme pour appeler.

Je lui raconte tout. Le prochain départ d’Athéna, mes soirées d’été. Je lui parle de mes soirées d’été avec mes filles. Je lui parle de ma relation avec mes filles. Je lui parle des petits djeuns qu’il a entendu me parler.

Il parle. Il me conseille sur tout sur rien.

je n’ai jamais aimé ses conseils mais je laisse faire. Qu’importe c’est le geste qui compte ! Il m’a appelée ! Il a répondu à mon appel au secours !

Laurent… Laurent

Je lui dis que je l’appelle à la rentrée. Qu’on déjeunera ensemble.

Puis je rejoins mon frère. Il me demande des nouvelles de Laurent, Je lui dis qu’il le verra à mon anniversaire.

Le lendemain Cédric me reparle de Laurent et trouve étonnant que mon ex mari m’ait appelée. Pour ceux qui suivent dans la vrai vie, mon ex mari et Laurent ont le même prénom.

Je ris et je lui dis qu’en effet, Benjamin ne risque pas de m’appeler à 23 h 30 et de me parler aussi longtemps ! Cédric me dit : “je trouvais ça bizarre aussi qu’il soit invité à ton anniversaire”.

Quelques jours plus tard, Martine me dit qu’elle a lu un livre qui l’a fait penser à Laurent et à moi (je ne savais pas qu’elle y pensait)

- Je me suis dit c’est Louisianne et Laurent : très attachés l’un à l’autre. Qui ne se sont jamais quitté, qui ne se quitteront jamais. Mais ce n’est pas de l’amour, surement pas ! Sinon ils seraient ensemble !

Qui sait ? Tu ne sais pas tout Martine ! On peut s’interdire d’aimer, on peut avoir peur de perdre, peur de souffrir.