L'été suivant, au début des vacances, Patou, Camomille et moi décidons de joindre l'utile à l'agréable, c'est à dire faire de l'exercice (pour maigrir) tout en papotant non stop. Tous les soirs après le dîner nous partons pour de longues balades à bicyclettes à travers des villages lointains.
Un soir alors que nous passons dans un village inconnu, j'entends une voix m'appeler "Louisianne, Louisianne" et je vois sortir d'une maison, Alban.
Je me souviens qu'il était tout heureux de me voir, et de la tendresse avec laquelle il prononce mon prénom. Il m'explique qu'il a un ami dans ce village, cet ami a une grande maison et une piscine, il est plus âgé que nous. C'est le propriétaire d'une boutique à Petite-ville-du-Sud.

Quelques jours plus tard, Patou, Camomille et moi rencontrons Alban avec deux amis en "boîte". Les deux hommes sont plus âgés que nous, deux hommes mariés en goguette en l'absence de leurs épouses. Comme d'habitude je suis ravie de n'avoir pas à choisir, ou plutôt d'avoir déjà choisi Alban ! Les deux hommes s'intéressent à ma soeur et mon amie qui ont un peu trop bu. Puis ils proposent d'aller finir la fête chez M. André le propriétaire de la boutique, celui qui a une grande maison avec piscine. Mes deux compagnes sont surexcités et ingérables, je ne sais pas trop où nous allons, mais comme Alban est là, j'ai confiance. Alban conduit ma voiture, avec nous 3 dedans et nous suivons les deux hommes.
Nous nous retrouvons dans une grande maison avec une immense piscine. Nous nous baignons. Puis nous nous retrouvons dans le salon. L'hôte apporte du pain et du beurre, pour faire des sandwichs, met de la musique et Alban et moi disparaissons à l'étage. J'ai fini par m'endormir, quand ma soeur dégrisée, vient me tirer du lit : les deux hommes commencent à se montrer insistants et ni elle, ni Patou ne sont intéressées. D'ailleurs Patou a pris le parti de jouer les ivres mortes en dormant sur le canapé.

Après cette soirée, j'ai connu un homme avec qui j'ai vécu une belle histoire d'été. J'ai peu vu Alban...

Le temps passe. J'ai 23 ans. J'ai un copain, Éric, une relation sérieuse. Je l'emmène en vacances. Dans les premiers jours de l'été, je suis avec lui quand je croise Alban dans Petite-ville-du-Sud.
Ça me fait tout drôle. Je me sens en prison. Fini la liberté, plus question de me rouler dans la paille avec Chérubin. Plus tard j'y repenserais en me disant que si Éric avait été le bon, je n'aurais peut-être pas eu cette réaction...

Exit Éric.  Je mûris. Assez pour réfléchir. Assez pour me demander si je n'ai pas trouvé une sorte d'équilibre entre deux jeunes hommes qui remplissent ma vie depuis si longtemps : Laurent, mon âme soeur et Chérubin l'éternel amant. J'ai parlé à Laurent de Chérubin. Mais Laurent s'est fermé comme une huître selon son habitude.

Alban travaille dans un garage et habite dans Petite-ville-du-Sud.

Un soir d'été je suis encore en discothèque où je m'ennuie ferme. Je parle avec un ami. Tout à coup une annonce au micro, on me demande au téléphone. Je suis plutôt surprise. C'est Alban. Il me dit qu'il vient de Grande-ville-du-Sud, qu'il a vu ma voiture sur le parking. Il n'avait pas envie d'aller en boîte et me propose de le rejoindre chez lui. Il m'explique qu'il habite dans une rue piétonne et me dit où je dois garer ma voiture.

Je pars et je gare ma voiture là où il m'a dit. Je suis sûre que je n'ai rien retenu des ses explications et que je vais me perdre dans le dédale de rues piétonnes. Mais alors que je m'avance dans le noir, je reconnais sa silhouette familière.

Je réalise soudain que cela fait dix ans Dix ans que je le connais, dix ans que cela dure... DIX ANS !

Alban habite un joli deux pièces. Il me dit qu'il vit avec une fille. Elle n'est pas là. Il 'explique qu'en voyant ma voiture, il est même descendu pour noter le numéro de téléphone de la discothèque !

Et puis bon... Je vais déjà attirer pas mal de requêtes gogolesques étranges et obsédées, donc je ne vais pas entrer dans les détails... Cela eut lieu !

Après cet intermède je rejoins l'ami que j'avais quitté. Je ne le savais pas encore, mais c'était mon futur mari.
Mon mari connaissait Alban, copain de son frère, et savait tout de ma relation avec lui. Il ne me l'a pas reproché.

Puis je me suis mariée. Ma cousine Sophie me parlait depuis 7 ans de Chérubin. Et comptait bien sur mon mariage pour le revoir. Qu'à cela ne tienne, j'invitais Alban à mon mariage. Lui, n'avait aucun souvenir de ma cousine !
Il m'écrivit une carte pour me remercier de mon invitation. Je réalisais que c'était la première fois que je voyais son écriture. Il ne pouvait pas venir à cause d'un match de foot.

En avril lorsque je me trouvais dans Petite-ville-du-Sud pour les derniers préparatifs, j'allais voir Alban dans son garage. Je lui demandais si il pouvait venir le soir pour danser après son match. Il me dit oui. Il était de nouveau célibataire...

Ma cousine était excitée comme une gamine...

Quant à moi bien sûr, j'étais bien sûr très occupée, et je pensais sûrement à des tas de choses, dont Alban ne faisait pas partie. Quand j'y pensais en milieu de soirée, c'était pour me dire qu'il ne viendrait probablement pas.
Et pourtant Chérubin arrive, me voit tout de suite et me tend les bras...