crayon_by_louisianneCe soir là, je ne m’ennuie pas, comme c’est parfois le cas quand j’accompagne mes filles. Jean-Louis n’est pas toujours avec moi, bien sûr, mais parfois on se retrouve à la buvette, ou alors il discute avec Athéna et Artémis, quand elles en ont marre de danser.
Nous ne parlons pas de sa situation. Mais quelque part je sais qu’il sait que je sais…
Je pourrais lui faire la morale, défendre la cause perdue de ma soeur… Je l’aurais peut-être fait à 20 ans, sûre de mon bon droit, sûre d’être indispensable dans ce mélodrame…

Mais là je ne dis rien. Les choses seraient différentes aussi sans doute si j’avais détesté mon beau-frère ou si il m’avait été tout bêtement indifférent… J’aurais pris parti. Pas là…
Et puis en tant que sœur on est aussi très bien placé pour connaître la sœur en question… Bien placée pour savoir  pour imaginer sans trop de difficultés ce qu’il peut lui reprocher… Même si je ne lui dis pas à elle, bien entendu… Personne n’est parfait, ni lui, ni elle

Puis une fois les jeunes épuisés et alcoolisés, nous les ramenons au lit. Jean-Louis va se coucher.

Le lendemain Servane me demande comment il s’est comporté, si il a ” dragué “. Le mot et la question  m’étonnent. Comme si tout d’un coup, après 15 ans de mariage dont 9 ans de paternité, Jean-Louis allait se transformer en dragueur invétéré lui qui a toujours été pudique et réservé !

Je la rassure… Elle doit être vraiment à fleur de peau.

Les vacances se terminent. Jean-Louis, Servane et leurs deux filles font les bagages, se préparent à repartir, comme avant… Sauf que plus rien n’est comme avant…

Nous restons, ma mère, mes filles et moi quelque jours de plus. Ma mère est optimiste… Elle a tendance à voir tout en rose, quitte à mettre la tête dans le sable. Elle me dit : ” Il est venu, c’était une crise, ils vont se remettre, il s’est bien occupé des petites “.

Et avant même que j’ai quitté moi aussi la Sauvageonne, ma sœur m’appelle en larmes…

En revenant chez elle, elle découvre l’horreur.
Monsieur l’a non seulement trompée, mais il a emmené une autre femme dans le lit conjugal.
La trahison suprême… La faute impardonnable…
” Assez crétin pour laver les draps alors qu’il ne le fait jamais ! Et elle, ça ne l’a pas gênée de dormir dans MES draps ! “

Elle était prête à pardonner une crise, une passade…

Servane doit attendre que les filles soient au lit, ou gardées par un tiers pour hurler sur son mari, l’insulter, l’envoyer dormir sur le canapé…
En même temps elle a honte d’en parler comme si elle était fautive… Elle me demande de ne rien dire…