Parc_de_Bercy_019Vous connaissez l'expression, Bref comme dirait Pépin ?
Dans ma tribu c'est Bref comme dirait Maman, (Martine ma maman)

Martine est une bavarde invétérée. Moi aussi mais elle c'est pire ! Je suis une bavarde qui sait écouter.
Martine sait déjà ce que tu vas lui dire avant que tu aies fini ta phrase ou que tu aies ouvert la bouche... Agaçant ! D'ailleurs ses petits enfants en avait fait un sketch :

- Allo maman c'est Servane !
- Ah Servane, comment ça va ? Jolinette est à l'école et Manivelle est à la crèche ?
- Oui, enfin non, Jolinette a mal au ventre, justement je voulais te dire...
- Elle a mal au ventre, elle a mangé quoi ? Je crois que j'ai une gastro, je vais voir le médecin. Et tu as eu le temps pour ta banque ? Tu viens manger mardi ?
- En fait je voulais te dire...
- Bon ben aurevoir !

Servane n'a pas pu demandé à sa mère de lui garder sa fille ! Bien sûr c'est un peu exagéré mais ça y ressemble et nous avons bien ri quand les enfants ont joué ce sketch ! Petite, Artémis s'énervait :

- mais grand mère arrête de parler, c'est moi qui téléphone là ! (sous entendu c'est moi qui veut te dire quelque chose !)

Martine a aussi le don de sauter du coq à l'âne...
On dirait que les monologues qu'on se fait dans la tête :
Zut j'ai oublié le pain, ah et il faut aussi que je rappelle l'école des filles, et j'ai pas fait mon changement d'adresse... et bien Martine, elle les fait tout haut les monologues !

Et en plus elle répète 4 fois la même chose ! Le jour du grand départ, je n'avais qu'elle dans la voiture, mes deux filles écoutant à fond leur musique dans la leur.
Quatre fois au moins elle m'a parlé du hachis parmentier de chez Neudé bien meilleur que celui de Noprix...
Je soupirais en silence, patience, patience, un jour tu seras peut être une casse pied pour tes filles, et un jour ta maman te manquera... Euh non en fait, j'agacerais sûrement mes filles mais pas pour les mêmes raisons, je ne ressemble pas à ma maman...

Et à propos de hachis parmentier, Martine fait une fixation sur la nourriture. Parler de ce qu'on va manger (en vacances), des courses pour manger, de ce que Marianne aime, ce que Cédric n'aime pas, et elle sait pas cœur tout ce que ses petits enfants, Athéna, Timothée, Artémis, Chris, Coralie, Luigi, Manuréva, Jolintette, Marine, Manivelle aiment manger ! 

Alors c'est sur, moi la cuisine, ça va 5 minutes ! Il faut aussi faire très attention aux infos qui passent ! Martine répète, interprète, invente ce qu'elle ne sait pas.
Elle pourrait volontiers semer la zizanie entre nous si on ne la connaissait pas :
- ta sœur a dit ça, ou pire : ta sœur a dit ça sur toi !
Mais on la connait et on se connait : mais non ma sœur n'a pas pu dire ça, tu déformes !

Ce n'est pas la méchante commère ! C'est juste qu'elle parle tellement, qu'elle répète tellement, qu'elle est persuadée d'avoir entendu ça ! Depuis que j'ai passé l'âge de prendre sa parole pour une parole d'évangile, et que j'ai fait des stages de communication, je la prends en défaut avec mes questions.

- Qui te l'a dit ? Quand ? Tu m'as dit ça mardi, et tu me dis ça jeudi, tu l'as revu Bernard ? Non ? Alors comment as tu eu de nouvelles infos ? C'est Manivelle qui a dit ça ? Mais elle a 4 ans maman ! Non Servane n'a jamais dit qu'elle voulait vivre avec son ami ! Elle a dit qu'elle réfléchit ! Et puis on le saura forcément !

Elle ne prend pas trop mal mes questions. C'est juste quand elle est prise en flagrant délit de mensonge que le bât blesse. Là elle est de mauvaise foi, elle ne reconnaitra jamais... C'est pas ça que j'ai dit...
Pauvre Martine ! En plus maintenant qu'elle vieillit, elle entend mal ! Du coup elle ne se rend pas compte qu'il y a une conversation en cours, et parle par dessus les autres !
Quand mon frère m'invite, je lui dis : oui mais tous les deux, (vu qu'on voit ma mère très souvent, on ne la punit pas) sinon on ne pourra pas parler !

Bref, oui Bref parce que c'est là où je voulais en venir !

Martine raconte de belles histoires. De son passé, de son enfance, de ses frères et sœurs, de la guerre. Il faut bien des qualités à ma bavarde invétérée de mère ! Sauf qu'il y a le bref !

Voilà l'exemple :
- Tu ne sais pas ce qui est arrivé à Albertine ? Albertine, tu sais celle qui habite une grande maison, près de Montfort l'Amaury ? Elle a 4 fils, d'ailleurs l'aîné a bien réussi, il est avocat, il a un cabinet dans la grande rue, Michel a même été avec lui à la fac de Nanterre. Albertine a perdu son mari en plus ! Bref !

Le bref c'est quand elle s'aperçoit qu'elle a perdu le fil "ah oui ce qui est arrivé à Albertine".
Mais parfois elle ne s'aperçoit même pas qu'elle a perdu le fil, elle ne sait même plus ce qu'elle voulait raconter! Parfois il y a même deux bref en route, comme deux branches d'un même tronc qui ne sait plus où il est !
Oui d'ailleurs à propos du fils aîné, quand j'aurais fini, je vous raconterai ce qui lui est arrivé !

Mais maintenant 9 fois sur dix, un ou deux ou quatre des enfants de Martine s'écrient BREF pour qu'elle nous le raconte ce qui est arrivé à Albertine flûte ! Parfois ce qui est arrivé à Albertine, ce n'est pas terrible et ça ne valait pas tous ces bref !

Maintenant elle est devenue tellement bref, qu'elle fait des bref aux autres !
- J'ai une copine qui a eu le même problème, et elle m'a dit qu'il fallait...
- ta copine qui travaille à la banque machin ?
- non !
- l'autre, celle qui habite à Paris ?
- non, tu ne la connais pas, mais on s'en fout, laisse moi finir !

Du coup, mes sœurs, mon frère et moi quand nous parlons et que parfois nous nous égarons un peu en oubliant de revenir au début, nous disons : bref comme dirait maman !

Pas trop méchante quand même, j'ai analysé ce travers : Martine vient d'une famille nombreuse unie, mais où on a peut-être pas eu le temps de l'écouter. Elle a parlé beaucoup avec ses sœurs (qui comme elle ne savent pas écouter). Mon père était un homme de sa génération, pas du genre à dire : "viens t'asseoir on va parler". Je pense qu'un psy l'aurait aidé à sortir de sa spirale interne et infernale  !

Apprendre d'abord à se détendre : ne plus avoir une telle urgence à raconter sa vie, apprendre que tout n'est pas à dire, et peut être après, mais là c'est dur, apprendre à écouter !

Bonus : à l'heure où vous lisez, je suis de nouveau dans la maison du Sud du 13 au 15 juillet, un long week-end, j'attends avec impatience de descendre "pour de bon, pour 1 mois". Mais je vous ai réservé un petit billet pour patienter.