Une amie m’avait dit que souvent dans les famille nombreuse le petit dernier est celui qui a le moins de personnalité. Je l’ai déjà constaté mais ce n’est pas toujours vrai, Michaël dont je vous ai parlé est un contre exemple.

Servane est la benjamine de ma fratrie. Je vous ai déjà parlé d’elle. La petite dernière trop chouchoutée par ses parents et sa grand-mère, petite nous l’appellions la capricieuse et à partir d’un certain âge : la râleuse ! C’est la seule de la tribu à ne pas être gaie.

Bref, ce n’est pas le sujet, j’ai pu constater qu’elle aussi est atteinte de la malédicition du benjamin.
Lorsque le nid s’est vidé d’une grande partie de ses oisillions c’était un peu triste pour mes parents. Camomille et moi nous sommes mariées la même année (je précise que je n’ai pas attendu le mariage pour vivre dans mon studio) et Cédric est parti à l’armée la même année. Le mariage et le service militaire existaient encore ce qui montre mon grand-âge.

Mes parents étaient un peu tristes, mais pas Servane, elle était plutôt ravie d’être tranquille. C’est d’ailleurs à ce moment que Martine s’est rendu compte du calme de la maison. C’était ” les grands ” qui mettaient de la musique, dansaient, se chamaillaient, bref mettaient l’ambiance, Servane se contentait de suivre le mouvement.
Servane a toujours reproché à ses aînés d’avoir eu des parents jeunes alors qu’elle ne récoltait que des ” vieux parents “. Tout est relatif quand on songe que Martine avait 48 ans quand elle a été grand-mère pour la première fois.

Servane avait mille reproches à faire à Martine qu’elle accusait d’avoir ” baissé les bras “.
Il faut être honnête, il y a sûrement du vrai. À une époque au mois d’août, mes parents quittaient la Sauvageonne et Camomille et Cédric y invitaient tous les copains qu’ils voulaient. Bien entendu ce n’était que fêtes et beuveries. J’y allais de temps en temps mais je travaillais déjà et puis je n’ai jamais aimé cette ambiance :  lever à midi, quelques heures de baignade et re-boîte de nuit, vous savez ce que je pense des boîtes !
Servane n’avait que 12 ans la première année où ce type de vacances a eu lieu. Elle restait à la Sauvageonne sous la surveillance des grands !
On imagine la surveillance des ” grands “. Elle était obligée de sortir le soir pour ne pas rester seule à la maison, qu’elle en ait envie ou non.

Quand nous avons quitté la maison familiale Servane n’était pas ravie de nous voir en visite. Elle avait toujours des réflexions désagréables, et les choses se sont empirées quand nous venions avec un bébé sous le bras. Nous n’étions plus chez nous, elle nous en voulait même quand nous demandions un service à Martine.

Ensuite les trois aînés des petits enfants sont allés à la maternelle à côté de chez mes parents; Athéna, Timothée et Artémis. Martine les emmenait à l’école le matin (nous les avions déposé de bonne heure), le midi elle allait les chercher les faisait manger et les ramenait à l’école. Le soir les trois petits n’allaient pas chez leur grands parents.
Servane était furieuse et a beaucoup reproché à ses sœurs Camomille et moi de ” s’être occupé ” de nos enfants. C’est à sa mère qu’elle aurait du faire des reproches, lui reprocher d’être trop gentille par exemple. Cela n’a pas duré longtemps, Artémis n’a même pas fait sa troisième année de maternelle à Ville Natale, j’avais déménagé à Belle Voisine.

La suite bien entendu Servane l’a oubliée. Des années durant j’ai emmené ses deux filles avec Martine à la Sauvageonne dès début juillet, des années durant Camomille et moi nous occupions de Jolinette et Manivelle en juillet…

Quand Manivelle est née, Eugène n’était plus là, Martine commençait à fatiguer mais cela n’empêchait pas mes sœurs de lui laisser très souvent Marine et Manivelle. Je me souviens d’une fois où Martine m’avait demandé de venir la chercher en voiture, elle était au Couic avec les deux petites qui se roulaient par terre et refusaient de mettre leur chaussures pour partir. C’était une vraie galère de se garer en plein centre ville, de faire le gendarme pour calmer les petites, il y avait longtemps que je n’avais plus d’enfants en bas-âge…
Mais je ne suis pas atteinte du syndrôme de la benjamine, je n’ai rien dit !

Je peux comprendre certaines choses même si nous n’avons pas la même vision de notre enfance ma sœur et moi. Mais je ne vois pas comment on pourrait reprocher aux aînés d’avoir eu des parents plus jeunes !