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Je ne sais plus trop comment je l’avais connu. Je crois que c’est plutôt Cédric qui l’a connu, ce qui est logique vu la différence d’âge. Il faisait partie de la bande de PetiteColline.

Il était petit, à peine plus grand que moi, des bouclettes, une bouille de bébé. Il était mignon, mais c’était un bébé !

Sauf que comme dans la chanson Bambino est tombé amoureux de moi, l’a fait savoir à mon frère, mais même si il n’avait pas pris cette précaution, je l’aurais su très vite. Je discutais avec lui, il était plutôt gentil, loin d’être stupide…
Mais c’était quand même un bébé !

Et puis j’avais d’autres préoccupations ! Et une surtout ! Un grand brun d’un mètre quatre vingt dix que je rêvais de séduire… Ou plutôt de re-séduire : Patrick. On s’était connu quand j’avais 16 ans, je l’avais quitté trop vite, il m’en avait voulu. Et là je le revois deux ans après et je me demande pour quelle obscure raison j’ai bien pu le larguer !

Sauf que lui ne l’entend pas de cette oreille, il m’a expliqué en long et large et en travers quelle ignoble garce j’avais été, combien il en avait bavé, et il compte bien me faire payer ça ! Je rêve de le séduire, et bien tant mieux !

Willy a bien vite compris où il met les pieds. Il est toujours avec nous, ma sœur, mon frère, Patrick qui vient en moto et passe le plus clair de son temps à la Sauvageonne. Willy aime bien Patrick, mais pas toujours :

- Et voilà dès que tu es là, Louisianne ne me parle pas, à peine si elle me regarde !

Parfois Willy me voit pleurer et se lamente sur l’injustice de la vie…. Il me veut, mais je ne veux pas de lui, et moi je ne rêve que de Patrick qui ne veut pas de moi !

Que c’est dur la jeunesse quand j’y pense ! Ça me fait bien rire aujourd’hui !
Aujourd’hui je dirai Ciao Bambino, Ciao Patrick, je vais voir ailleurs si l’herbe est plus verte !

La première chose que nous nous sommes dit, ou presque en nous revoyant 30 ans après Willy et moi c’est “le fossé de Sainte Victoire”.

C’était donc la fête à Sainte Victoire. Willy avait trop bu, Patrick aussi. Je ne buvais que du coca, raison pour laquelle je me souviens aussi bien des frasques des garçons de mon âge, des voitures qui faisaient des tonneaux, de ceux qui se réveillaient dans un champ en ayant oublié comment ils étaient arrivés là !

Ce soir là, Patrick avait décidé de me rendre jalouse (ce n’était pas difficile) en draguant tout ce qui bougeait. Quand à Willy, il ne trouve rien de mieux que de me coller, me harceler.

Je finis par m’énerver, par l’envoyer paître. Et je le vois partir, triste, abattu, loin sur la route de Sainte Victoire.

Puis je réagis. Non, c’est trop horrible de souffrir par amour, je n’ai pas le droit de faire souffrir quelqu’un.

Je cours sur la route en me tordant les chevilles sur mes talons. Je crie son prénom dans le noir.