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Un soir d’été, nous nous rendons mes filles et moi à une fête dans un village inconnu et perdu. Ce sont les copains qui nous suggèrent cette idée, avec leurs indications : ce n’est pas loin, droite, gauche… Et c’est comme ça qu’on fait 30 ou 50 kilomètres sans s’en rendre compte.
Une habitude à prendre, pour des gens qui habitent la campagne, ce n’est jamais loin, pour nous c’est le bout du monde, le fin fond de la campagne où il n’y a même pas de réseau, d’ailleurs on a même changé de département, c’est dire !

Il fait froid ce jour là. On se réchauffe facilement en dansant, c’est une soirée électro avec fumée, lasers et tout et tout sous le chapiteau, il fait chaud.
Mais les copains tardent à venir, du coup mes filles et moi restons toutes les trois à faire la navette entre la buvette, le plancher et les toilettes. Nous nous racontons nos histoires : la Sauvageonne est pleine comme un œuf, et ils y a toujours des petites tensions familiales, des “critiques” qu’on a envie de faire, loin des oreilles des autres !

Il n’empêche que j’en ai marre, je me dis qu’on aurait pu faire ça au café du coin !
Athéna envoie un SMS à ses copains pour dire qu’on a froid et qu’on va surement partir tôt. Mais finalement les copains arrivent et les filles n’ont plus envie de partir.

Nous discutons tous ensemble, Edelweiss est là, il a froid. Puis tout d’un coup, je ne sais pas pourquoi tout le monde s’éparpille, mes filles à droite, deux garçons à gauche, un autre au milieu.

Je me retrouve seule, près du plancher, je regarde les gens danser. Sur le plancher, il y a Edelweiss, pas loin de moi. Je vois un homme la cinquantaine s’approcher de lui et lui parler. Il est resté en bas, Edelweiss est perché sur le plancher.

Je vois Edelweiss me regarder en riant, tout en continuant à parler à l’homme. Je me dis aussitôt : “Ce type a flashé sur moi, il m’a vue avec Edelweiss, et se sert de lui pour m’aborder !”

Pourquoi je pense ça ? Parce qu’Edelweiss veut toujours me caser avec tous les “darons” qu’il connait !

Mais ils continuent à parler, je me suis peut être trompée. Mais non ! Je les vois venir tous les deux vers moi. Edelweiss me dit : “Je fais les présentations et vous vous débrouillez” puis il s’en va en riant ! 

Aussitôt l’homme me dit : Je te connais !

Oui je sais, j’avais un léger doute, mais je sais : “Tu es Willy”.

Il s’étonne :

- mais ça fait plus de 30 ans ! Tu te souviens même de mon surnom ?

Je sais, j’ai une mémoire d’éléphant !

On discute un peu, je lui ai dit que je l’avais reconnu il y a quelques années au café du centre, mais comme je pensais qu’il ne me reconnaissait pas, je n’avais rien fait de spécial, j’en avais pourtant parlé à mes filles. 

Par contre cette année je ne l’ai pas du tout reconnu. Il a vieilli ! Il me raconte qu’il m’a vu un jour devant le tabac à Petite Colline. Je me souviens en effet d’un “vieux”, planté devant le tabac. J’étais avec Athéna, et je croyais qu’il regardait ma fille. À ce moment, elle et moi nous sommes séparées : je vais acheter le journal, toi tu vas acheter le pain, on se retrouve au café. J’avais même regardé si le type ne la suivait pas, si il n’allait pas cherché à l’embêter !

J’étais complètement à côté de la plaque !

Mais revenons à ce fameux soir. Je lui demande si il m’a vue avec Edelweiss. Non il ne m’a pas vue avec Edelweiss, mais il le connait. Il ne savait même pas qu’Edelweiss me connaissait. Il lui a parlé de moi, comme ça, parce que j’étais là ! Sur un ton larmoyant : elle ne me reconnait même pas !

Mais avant de raconter la suite, il faut remonter le temps ! Car ce “vieux” était plutôt un bébé pour moi à l’époque. Il avait 14 ans, j’en avais 18.

Aujourd’hui il parait 10 ans de plus que toi, m’a dit gentiment Athéna !

à suivre