castagne_by_louisianneMartin n’est pas très grand et pas gros, plutôt maigre même. Mais nerveux ! Dans son discours on le sentait déjà qu’il ne fallait pas lui marcher sur les pieds !

Mais je n’ai pas découvert tout de suite qu’il aimait la bagarre !
Parce que des “qui parlent beaucoup” j’en ai connu !

Ce n’est pas parce qu’un homme dit “je vais lui casser la g…” qu’il le fait et heureusement, les hôpitaux seraient plein à craquer !

La première fois que j’ai été témoin de son goût pour la castagne, ça pouvait se comprendre…

Un soir Athéna et Martin avaient rendez vous à Saint Michel. Et Monsieur est en retard. C’est en partie de sa faute, la suite ! On ne laisse pas une belle blonde seule la nuit à Paris !
Voilà qu’une bande de black légèrement alcoolisés se mettent à l’embêter, avec des blagues d’un goût douteux. Athéna s’éloigne, était elle vraiment en danger ?  On ne le sait jamais dans ces cas là… Sauf que deux des garçons la suivent, dont l’un qui lui met la main aux f*esses… C’est à ce moment là que Martin arrive derrière eux et voit la scène de dos. Il est avec un copain, il a gardé son verre à la main, son sang ne fait qu’un tour, il casse son verre sur la tête du tripoteur !

Sauf qu’ils sont 8 et lui tombent dessus ! Martin tombe au milieu des scooters, entaille dans le cuir chevelu, il saigne !
Ça ne dure pas longtemps, heureusement, les agresseurs prennent la fuite.  Martin refusera d’aller à l’hôpital, alors que sa main, à cause du verre cassé est sérieusement endommagée.

Le lendemain je l’ai emmené aux urgences. Il a eu un doigt très abimé, a perdu un ongle, et a été immobilisé au moins deux mois. Mais je pouvais comprendre, même si il y avait peut être un moyen d’être moins violent !

Mais voilà j’allais apprendre bien vite que c’était un style de vie chez lui ! Comme je l’ai dit, il a vécu assez longtemps chez moi, assez pour que je devienne une mère affolée !

Je tremblais quand il sortait, seul ou avec Athéna ! Seul quand il repartait à GrandeVilleduSud, je me demandais si il allait revenir ! Avec Athéna, je me demandais si il ne la mettait pas en danger, à chercher la bagarre, et si un jour un malotru avait envie de se venger sur elle ?

Quand il partait à GrandeVilleduSud, j’entendais Athéna angoissée parler à ses copains : tu as vu Martin, tu as des nouvelles ?

Points de suture, sweat-shirt en sang, œil au beurre noir, tout ça faisait partie du quotidien !
Sa carrure chétive n’empêchait rien, c’est un grand nerveux !

Je luis disais souvent : mais à quel âge tu vas te calmer ? À 40 ans tu chercheras encore la bagarre ? Tu feras quoi quand tu auras une famille ?

Il me répondait qu’il ne changerait pas ! Bien sûr on peut se demander pourquoi je pardonnais ! C’est que je l’aimais bien ce petit ! Je connaissais sa vie, je pouvais comprendre d’où venait sa colère, je savais ce qu’il avait à gérer. Ce n’était peut être pas la bonne manière, mais je ne pouvais pas l’aider.

Il avait construit une carapace autour de lui, il n’a jamais pris la main que je lui tendais. Nous n’avons jamais été intimes, il m’a toujours vouvoyée, il n’a jamais été tendre. Alors que, on l’a vu, les copains de mes filles m’aiment bien en général. D’ailleurs Alex me tutoie !

Et puis parfois ça pouvait aider ! Parfois seulement !

Un jour dans un bal de campagne, un quadragénaire aviné propose à Artémis de boire un verre… et plus si affinités… Artémis, qui non seulement considère que les adultes sont des gens infréquentables, mais en plus serait prête à jeter en prison les “vieux” qui draguent les jeunes, le toise avec un regard méprisant, et en informe Martin.
Martin ne l’a pas lâchée de la soirée, prêt à faire sa fête au type si il s’approchait de nouveau d’elle à moins de 2 mètres !

Un autre soir, un type immense, énorme, saoul comme une barrique (ça se dit, ça ?) s’en prend à un copain des filles, un copain du genre non violent. Martin et Anthony arrivent sur ce fait. Le type les insulte en hurlant, et je reconnais qu’il faisait vraiment peur ! Anthony lui colle un coup de poing, ce qui aurait pu suffire, car le type s’écroule aussi sec, mais en même temps qu’Anthony a tapé, Martin lui a cassé une canette sur la tête.

La petite bande se carapate, en m’enjoignant d’en faire autant. Je ne peux pas ! Je suis trop choquée !
Le type est allongé dans une marre de sang ! Je sais que la tête saigne beaucoup, mais je suis impressionnée  !

J’appelle les pompiers et j’attends, un groupe s’est formé. Le type se réveille, mais il est toujours excité et agressif, je reste loin de lui. Heureusement une fille qui le connait tente de le calmer. Des personnes me posent des questions, me demandent si j’ai vu quelque chose. Je n’ai rien vu !
Martin je l’ai engueulé, mais je ne le dénoncerai pas, même aux gendarmes ! Mais bon, ils ne m’ont rien demandé, ça tombe bien !

Finalement les pompiers sont arrivés, le type a tout cassé dans leurs camions, les gendarmes ont du venir à la rescousse ! Il était certes agressif, et sûrement dangereux !

Anthony est même venu s’excuser auprès de moi ! Je lui ai dit que ce n’était rien, que le type se serait écroulé quoiqu’il arrive, mais que c’était la canette qui était de trop !

Martin étant chétif, il n’usait pas de ses poings ! Ceinture, canette ou pire !
Un jour je retrouve un poing américain dans le vide poche de ma voiture, je proteste :

- et si je me fais arrêter par la Douane volante ? Je dis quoi ?
- c’est un objet décoratif !

Voilà la seule fois où j’ai vu en direct. Il y a eu surement des choses pires, que je n’ai pas vues ! 
Les fins de soirées d’été étaient parfois pénibles ! Car être le copain d’une belle fille est une super excuse pour jouer des poings ! Et pas seulement les vrais dragueurs lourdinges ! Un copain qui lui dit bonjour en lui mettant la main sur l’épaule, un ex qui fait un signe de loin…

Le pire c’est qu’il s’en prenait à elle, et ça je ne le supportais pas ! En fait de bagarre je suis en train de me défouler sur Martin, il va falloir prévoir un billet spécial !
Ce n’est pas parce que c’est ma fille, mais elle n’avait rien à se reprocher, elle n’avait aucune envie de le tromper ! En gros elle était coupable de se faire draguer !

Combien de fois j’ai dit à Martin : “mais prends en une moche, si tu ne supportes pas que ta copine se fasse draguer ! Tu devrais être fier ! En plus fais lui un peu confiance, elle est capable de les envoyer paître toute seule non ?”

Et encore je ne savais pas tout ! Athéna a du assister à des choses pires, dont elle ne m’a rien dit !

Mais ouf ! Un jour, même si c’était triste, même si il y a eu d’autres choses dans leur vie que ces bastons…

Un jour, disais-je, ouf ! Exit Martin !