Quand j’étais enfant, il existait des BD pour les filles. Je suppose que je connaissais déjà Astérix, mais ça n’avait rien à voir. C’était en noir et blanc, des petits livrets que ma mère nous achetait dans les librairies, pas chers du tout.

Cela n’a rien à voir avec Lili et Aggie pour celles qui les ont connus. Les Lili et Aggie, étaient des albums qu’on collectionnait. Les BD dont je parle c’était des petites histoires, certaines à suivre, un peu dans le style du journal de Mickey.

Les dessins étaient en noir et blanc, c’était toujours les mêmes. Je suppose qu’il n’y avait qu’un dessinateur. Je me souviens particulièrement d’une histoire, un groupe de filles qui faisaient de la musique , les Dolly pop. C’était dans les années 70, hippies and co, et ô surprise, l’héroïne avait de grandes lunettes rondes ! Une révolution dans un monde où toutes les héroïnes, brunes ou blondes, cheveux raides ou frisées étaient toutes parfaites ! Des lunettes ? Inimaginable.

Plus tôt dans l’enfance, je me souviens d’une histoire de petites filles, des jumelles.  La seule image qui me reste en mémoire, elles étaient dans la voiture de leur parents et chantaient “quand le matin, je vois le soleil le matin”. Cela ressemblait tant à ma sœur et moi chantant sur la route des vacances que cela m’avait marquée !
Je précise qu’il ne s’agit pas de Nicole et Colette, qui faisaient des enquêtes.

nicolette.JPG

Camomille et moi décalquions les dessins pour faire nos propres BD, nos propres histoires. J’ai du en garder quelque part. Pour celles qui ont connu Nade et Lisette, c’est cette époque.

Puis en grandissant les histoires changeaient. Les héroïnes étaient des jeunes filles qui malgré leurs jupes ultra courtes, étaient très chastes. Elles avaient des soupirants, tous formatés : cheveux noirs, raie sur le côte, frange balayée sur le côte, et toujours costume cravate. Vous voyez Ken ? C’est ça, exactement. La coiffure cartonnée était la même que la coiffure plastifiée du garçon Mattel !

Je me demande si tout ça ne venait pas des States ! Le jeune homme bien comme il faut, gendre idéal !

C’est là que les histoires ont commencé à me lasser. Un rien ridicule ces relations ase*xuées !
Je me souviens d’un dialogue, après une séance de cinéma  :

Lui : je peux vous raccompagner ?

Elle : Inutile, je puis prendre un bus !

Déjà à l’époque je “je puis” m’avait paru ridiculement démodé ! Sans compter le reste : mais pauvre tache, laisse le te raccompagner !
Vu comment il a l’air coincé, il va te déposer devant chez toi et rien de plus !

Parfois les histoires se situaient dans un autre siècle, un siècle ou ce genre de relations chastes passaient beaucoup mieux. Après des années de regards échangés et un baiser, les héros se mariaient.

Oui j’ai commencé à me lasser, car en plus je n’ai jamais supporté les discours moralisateurs.

Je me souviens d’une courte histoire qui m’avait révoltée ! Une jeune fille encore étudiante gagne une superbe voiture à un concours ! Elle est ravie et veut passer le permis. Ses parents au lieu de se réjouir pour elle, lui font la morale : c’est pas bien ! Tu ne pourras pas payer l’essence ! Et puis ce n’est pas comme ça que ça marche, il faut travailler pour s’offrir ce qu’on veut !

La jeune fille revend la voiture (personne ne dit ce qu’elle fait de l’argent, mais on s’en fiche ce qui compte c’est de revenir au point de départ, ce qui veut dire qu’elle n’a ni pas d’argent et pas de voiture).

Et puis un ou deux ans plus tard, la jeune fille travaille et elle peut s’offrir une voiture avec le fruit de son labeur ! C’est bien, bravo !

Cette histoire m’avait écœurée ! Oui d’accord, on peut lui dire : comment vas- tu payer l’essence, mais quelle horreur ces parents !

Beaucoup d’histoires étaient comme ça. Parfois la morale, ou la personnalité des personnages était sujette à caution. Mouais… Avec quel proverbe, ou quelle morale allez vous justifier cela ?

Des BD bien pensantes, pour jeunes filles comme il faut que les mères ne craignaient pas d’acheter à leur filles !

À l’époque Martine regardait ce que nous lisions, et surveillait bien plus les lectures de mon frère, car les BD de garçons, au contraire de celles des filles pouvaient être soit très violentes, soit très suggestives. Je me souviens avoir lu des histoires de pirates qui kidnappaient une jeune femme, les dessins ne montraient pas de parties du corps intimes, mais c’était très suggestifs. Et il ne s’agissait pas de BD adultes !

Je suppose qu’aujourd’hui les parents ne surveillent plus les lectures de leurs enfants !

D’ailleurs ça changerait quoi ? Les jeux vidéos de mes neveux m’horrifient : des soldats qui tuent l’ennemi avec un réalisme effrayant et les dépouillent ensuite. Je n’ai pas eu de garçons, ouf ! Mais j’interdisais à Jeremy de m’imposer ces images violentes dans mon salon ! Il avait fini par acheter une télé pour sa chambre !

Mais j’ai gardé un souvenir ému de ce dessins magnifiques. Je n’ai pas retrouvé d’exemples sur la toile, ni le nom du dessinateur ou de la dessinatrice, dommage !