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À côté de chez moi, il y avait un petit garage avec une petite station essence. Très petite, une seule pompe, une place pour une voiture, une micro cabine qui devait servir à l’époque de caisse.

Ce n’est pas si lointain, une dizaine d’année. Le garagiste ou son apprenti traversait une petite rue peu fréquentée pour venir vous servir, parfois il fallait attendre, il était occupé sous un capot.

J’adorais ça ! La seule station où on vous servait encore l’essence ! Pas besoin de se salir les mains ! Et moyennant une petite pièce, le gentil monsieur gonflait mes pneus, et comme c’était à deux pas de chez moi, je ne m’inquiétais jamais si l’aiguille de ma jauge descendait dans le rouge ! Mon père me disait que je payais l’essence plus cher qu’ailleurs, mais je m’en moquais !

Le garage a changé de propriétaire, il a gardé le garage et supprimé la station, le petit terrain a été récupéré par la Mairie qui en a fait un square.

Et chaque fois que je passe devant ce square, j’ai un grand regret ! Car c’est là le sujet de mon billet, qui l’eut cru ?

Je regrette de ne jamais avoir pris en photo cette station essence digne du siècle précédent le précédent (le 19ième donc !)

Et ce n’est pas le seul regret photographique que j’ai !

Tant de lieux qui paraissent anodins parce qu’on les voit tous les jours, qu’on passe devant sans les voir, et le jour où ils disparaissent : Oh non ! Dommage ! Et dire que je n’ai jamais pris de photo ! 

Tous ces magasins qui ferment, remplacés par des banques ou des agences immobilières ! L’armurier de la rue de mon enfance, qui est resté ouvert des années, résistant aux modes. Pire : les volets en bois sont clos définitivement mais aucun autre magasin n’a pris sa place !

Ce grand magasin de jouets, farces et attrapes, et accessoires pour enfants dans la petite ville de Normandie. Il était tenu par une petite grand mère qui aurait bien valu une photo elle aussi ! Magasin peint en marron, triste, sombre, immense et unique !

Le château d’eau près de la maison de campagne, qui faisait partie du paysage que j’ai bien souvent pris en photo de loin et jamais de près. Il n’avait pas du tout le même forme que les châteaux d’eau actuels, il a été rasé car il menaçait de s’écrouler. 

Ces rues qui deviennent méconnaissables, ces feux tricolores transformés en rond point, ces arbres immenses qui s’effondrent un jour.

Moi qui ai toujours le doigt sur le déclencheur, ce qui fait rire mes amis, les mêmes qui me demandent dix fois où sont les photos jenelesvoispas, jaiperdulelien, jevoudraisbiencellela !

Il est vrai que j’ai toujours eu plus tendance à photographier les gens que les lieux, mais ça m’est arrivé pourtant de photographier des choses insolites, anodines et d’entendre :  mais tu es folle de photographier un poteau électrique , il est vrai que du temps où on payait le développement des photos, on ne shootait pas n’importe quoi !

Comme quoi je n’ai pas que des regrets, par contre le jour où le poteau électrique disparait je me souviens que j’ai pris une photo, mais impossible de remettre la main dessus !

À l’ère du numérique, ça m’arrive encore de chercher parmi mes dossiers, sur mes DDE, mes CD-ROM and Co !

Un amateur m’avait pourtant prévenu : met des mots clés sur tes photos, et pas un seul mot clé, plusieurs mots clés, exemple : château d’eau, Normandie, La Folie, 1979 !

Encore une chose qu’il faudra que je fasse un jour !

J’y pense toujours dans les maisons ou appartement : quand on fait des travaux, de la peinture, je prends toujours des photos, mais c’est dommage de ne pas penser aussi aux rues, aux magasins, aux arbres, et même aux gares, tiens !

Mais tu es folle de prendre les trains de banlieue en photo ! Pas tant que ça ! Car ces wagons verts donnés par l’Allemagne à la France après l’occupation qui étaient mon quotidien ont disparu aujourd’hui !

Mon apn ne quitte jamais mon sac à main, et si je n’ai pas mon sac, j’ai toujours mon téléphone, mais il faut aussi penser à prendre la photo. 

Je vais m’empresser de prendre en photo la tour hertzienne de la Forêt de Meudon avant qu’elle ne soit remplacée par un château d’eau !

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