J’ai des ados je me dis que c’est cool, il y a quand même des sacrés avantages à les voir grandir.

J’en oublierai presque leurs défauts, leurs petits travers.

Athéna et moi nous envoyons des méls toute la journée, nous rigolons bien, nous sommes très complices.

Artémis est moins bavarde, mais depuis que nous sommes souvent toutes les deux, elle est pleine d’attentions pour sa petite maman. Elle grandit, elle râle moins, elle rit plus souvent et elle a de plus en plus souvent des choses à me dire, des trucs à partager.

Sauf qu’il y a toujours un  moment  où les ados vont faire une démonstration de leur incommensurable égoïsme !

Début de l’épisode. Athéna prend ma voiture pour partir en week-end. Du coup je conduis la sienne.
Le samedi je vois qu’un voyant s’allume de temps en temps. J’ai un doute.
Mais le dimanche, je ne doute plus, c’est le voyant d’huile !

Dimanche soir, j’appelle Athéna pour la prévenir : il faut mettre de l’huile ! Elle me demande d’abord si j’en ai, ce qui l’aurait arrangée.

Louisianne :  si j’en avais j’en aurais déjà mis  ! Arrête toi à une station service le midi, et achète en.

Lundi, Athéna vient manger à la maison le midi, reprends sa voiture.
Louisianne : tu as acheté de l’huile ?
Athéna  : non, mais c’est bon, ne t’inquiète pas des voyants, ma voiture est bizarre !

Mardi,  Athéna :  non, je n’ai pas eu le temps, mais t’inquiète, t’inquiète !

Bien sûr je vous passe toutes les remontrances : mais tu ne rends pas compte, tu vas casser ta voiture, une voiture sans huile, c’est grave, tu vas serrer le moteur…

Mercredi  17 h :
Athéna : allo maman, je suis à la station, là, mais j’ai problème avec ma carte bleue, tu peux regarder sur internet si je suis payée ?

17 h 30 : Athéna : allo maman, c’est bon pour l’huile, mais mon capot est bloqué, je n’arrive plus à l’ouvrir !
Louisianne : bon laisse tomber ! Laisse moi ta voiture, prends la mienne, je vais voir ce que je peux faire, sinon je demanderai au voisin !

En arrivant je trouve la bouteille d’huile, un entonnoir ” alimentaire ” alors qu’il y en a un spécial bricolage, il faut leur dire combien de fois  ? Effectivement le capot ne veut rien savoir, le câble ne semble pas cassé. Le voisin n’est pas là, et je n’ai pas trop envie de l’embêter, car il est très serviable et serait capable de passer 1 heure sur la voiture au lieu de 5 minutes.

J’appelle Athéna : j’irai voir le garagiste demain soir, quand tu viens manger le midi, laisse moi tes papiers de voiture.

Jeudi matin, j’envoie un mél à Athéna, je la connais : n’oublie pas de me laisser tes papiers de voiture à la maison !

Jeudi, je pars plus tôt du travail pour aller voir le garagiste avant la fermeture.

J’arrive à la maison, la voiture d’Athéna n’est pas là, les papiers non plus d’ailleurs ! Je lui téléphone :

Lousianne : mais tu es où ? Je dois aller au garage !

Athéna : à Tonoprix avec Artémis !
Louisianne : mais tu ne pouvais pas prendre ma voiture ?
Athéna : je l’avais garé loin, j’avais la flemme, et Artémis avait peur que tu n’aies plus d’essence pour l’emmener demain en boîte !
Et puis arrête de râler, je n’avais pas compris que tu allais au garage ce soir !
Louisianne : bon puisque tu es à Tonoprix, achète des boîtes pour le chat.
Athéna : rooh ! Non j’ai pas que ça à faire !
Louisianne : et moi j’ai que ça à faire d’aller au garage pour TA voiture !
Athéna : bon, bon OK !

J’attends un peu, puis Artémis m’appelle pour me dire que dans 5 minutes je dois sortir de la maison. Athéna se gare, Artémis descend, je m’apprête à prendre la place du passager, pensant que ma fille va venir avec moi au garage, que nenni :

- tu conduis, j’ai rencart, moi !
Du coup je dois me précipiter pour monter, attacher ma ceinture, alors qu’Athéna part en courant et que les automobilistes derrière s’impatientent.

J’arrive au garage à la mauvaise heure, celle où tous les clients s’en vont, et où on ne peut pas se garer.
Ce n’est pas le patron, celui que je connais, mais son employé, je lui explique que je ne peux pas ouvrir le capot. Il m’indique où me garer un peu plus loin, il fait payer ses clients et arrive après.

Pendant ce temps, Artémis me téléphone :

Artémis : tu auras le temps d’aller à la pharmacie chercher ma crème ?
Louisianne : non je ne crois pas, ça ferme à 20 h, ça ne peut pas attendre demain ?
Artémis : non c’est urgent !
Louisianne : alors rejoins moi au garage, je te donne des sous, et tu y vas.
Artémis : mais je veux pas y aller toute seule, elle me pose des questions et je ne sais pas répondre !
Louisianne : il faut que je rentre, que je gare la voiture, et que je reparte à pied en courant ! Pas question ! Si tu veux que j’y aille en voiture, tu me rejoins !
Artémis : et pourquoi tu peux pas y aller toute seule en voiture ? Ça change quoi si je suis là ?
Louisianne : ça change que je ne peux pas me garer ! Je me gare en double file, tu restes dans la voiture et si quelqu’un râle tu dis que j’arrive ! OK !
Artémis : OK, OK je viens !

Sauf que ça ne se passe pas exactement comme ça, mais plutôt en 3 ou 4 coups de fil, ” je viens, je viens pas, et pourquoi tu n’y vas sans moi… “

Le garagiste réussit à ouvrir mon capot :
- vous la rentrez ? vous vouliez faire quoi d’autre ?
- mettre de l’huile, mais j’ai déjà le bidon, je ne vais pas vous faire travailler.

Il insiste pour mettre l’huile. Il regarde la jauge : plus rien ! Qui avait raison ?
Il me dit de garder mon bidon (qui ne suffirait pas), il va me mettre de l’huile, il rentre la voiture dans le garage, et il a besoin des papiers pour la facture ! Les papiers ! M… !

J’appelle Athéna pour lui demander où sont les papiers… ” euh dans mon sac ! “
Puis voyant que je râle : ” tu vois qui avait raison ?  Plus d’huile hein ! Tu allais casser ta voiture ! “
Elle me dit : je te les amène, je suis à côté.
Ben voyons ! Elle était juste à côté, au café avec ses copines !
Elle m’apporte les papiers et repart en courant ! 

Le gentil garagiste, bien que je lui ai dit que ce n’est pas ma voiture mais celle de ma fille, m’explique comment on vérifie l’huile, me demande de quand date la vidange, sauf que je ne sais plus, ce n’est pas ma voiture. Sur ces entrefaites arrive Artémis, et le garagiste continue sa leçon à l’attention de ” ma fille ” qui le regarde avec des yeux ronds !
- non non, pas elle ! Elle n’a pas le permis, ni de voiture (OUF ! je devrais dire !)

Artémis râle : mais pourquoi tu fais tout ça ! Pourquoi tu ne la laisse pas se dé…. ?

Pourquoi ? Vous voulez le savoir ?
- parce que si elle casse sa voiture, vu qu’elle en a besoin pour travailler, elle va prendre la mienne et je n’ai pas envie ! Voilà pourquoi !

J’appelle Athéna : bon tu la reprends quand ta voiture ? Où as-tu as garé la mienne ?
Athéna m’informe qu’elle dort à la maison, et reprendra sa voiture demain.

Puis enfin après facture, au revoir, merci, nous montons en voiture, faire le tour de la place, arrêt à la pharmacie. Retour à la maison, on m’a pris ma place devant le portail ! Ya des jours comme ça !

Artémis, solidaire : oh non je ne viens pas avec toi chercher une place à perpète ! Dépose moi là !

J’en ai tellement marre que je ne veux pas faire à manger. Je vais chercher des kebabs.

Artémis : je vais faire ma couleur, vas y maintenant, parce que sinon je serai en plein rinçage quand tu rentreras, et tu vas râler parce que tu manges toute seule.

Pendant que nous mangeons, Artémis me dit qu’elle a taché son jean blanc, et que c’est une catastrophe planétaire, qu’il faut le laver :

Louisianne : mets le dans la machine.
Artémis : mais je ne sais pas faire une machine !
Louisianne : j’ai dit mets le dedans ! Moi je vais la mettre en route après manger.

Donc après manger, la cave, machine en route. Artémis m’a assuré que la salle de bains était dans un état correct. Horreur ! Elle a teint ses cheveux, le lavabo, la serviette neuve et le rideau de douche !
Et comme je râle :

Artémis : ce n’est pas parce qu’Athéna t’a énervée avec le garage que tu dois te défouler sur moi !
Louisianne : c’est bon ! Vous m’avez énervée toutes les deux aujourd’hui !

Et après ? Ouf après ! Je suis allée sur mon PC jusqu’à pas d’heure !

Et là je me dis que les ados sont sacrément égoïstes ! Et là je me demande SI j’existe, Où j’existe ?

Bien sûr j’ai eu aussi ma période ado égoïste. Sauf que je savais mettre de l’huile et laver un lavabo !

Sauf que papa m’aidait pour ma voiture et maman pour ma lessive…
…et que moi Louisianne, je suis papa ET maman !

Et le mot de la fin revient à Athéna le lendemain matin au petit déjeuner :

- Tu aurais pu me dire merci d’avoir acheté les boîtes pour le chat !