C’est le genre de souhait qui fait doucement rigoler quand vous avez vingt ans : ce sont les papys et mamies qui disent ça ” et surtout la santé hein “.
Les années passant vous vous dites que la santé finalement c’est important et que ce corps vaillant commence à avoir des ratés au niveau du carburateur, des supensiosn ou de la pompe à huile. 
Et cette année plus que jamais nous souhaitons une bonne santé mondiale et pas seulement à la tante Lucette qui a de l’arthrose. 

J’ai beaucoup parlé de ma tribu de mes grands parents, de mes parents, mais je n’ai jamais parlé de santé, à part peut-être pour citer ceux qui ont une santé de fer. 
Chaque famille a ses petits ou grands bobos, et certaines bonnes fées déposent dans le berceau des maladies héréditaires. Il faut bien trouver des choses à reprocher à nos géniteurs, ne serait-ce que des dents de lapin ou la myopie d’une taupe. 

Aujourd’hui l’occasion se présente, ne pensez pas que je vais écrire des choses tristes ou larmoyantes, mais je vais parler de ma tribu sous un angle santé. Je ne parlerai pas des dix petits enfants de Martine, nos enfants donc, qui sont en pleine forme, touchons du bois. 

Je vais faire un chapitre bref sur mes grands parents dont j’ai déjà beaucoup parlé.
Une autre époque. Je me suis déjà étonnée ici du fait que nos aïeux qui avaient pourtant des métiers et des vies difficiles étaient aussi solides. 
Côté normand, les parents de Martine, Jeanne et mon grand-père que j’appellais ” le viking ” avaient une santé de fer. Jeanne a élevé dix enfants sans se plaindre, jamais malade, refusant longtemps la machine à laver, gadget inutile. Si mon grand-père est mort jeune ce n’est pas à cause d’une tare familiale mais à cause de son travail de forçat à la SNCF à casser les cailloux sur les voies et à respirer le charbon qui a atteint ses poumons. 

Côté Eugène, mon grand-père Roger se vantait de n’avoir jamais vu le dentiste et de n’avoir aucune carie, d’ailleurs il ne se lavait pas les dents. Rareté de la nature des dents jaunes et solides comme le roc, mais il est vrai aussi que le sucré était rare à l’époque, réservé au gâteau du dimanche. Il fumait la pipe après avoir prisé un peu, il faisait tomber tant de tabac que mon père disait que ça ne devait pas lui faire grand mal. La pipe accrochée en permanence aux dents solides semble plus une habitude qu’un réel besoin de fumer, d’ailleurs les ” vapoteurs ” me rappellent mon grand-père ! 
Il ne buvait pas d’eau, juste un verre de vin par repas, et quand il faisait chaud et qu’il faisait son potager l’après-midi, il me demandait un verre de vin que je lui apportais dans son verre préféré, ce gro verre rond ” très paysans ” et qui servait aussi pour le café. Roger était de Ville Natale, un vrai citadin ce qui était plutôt rare à une époque où tout le monde venait plus ou moins de la campagne. Roger disait que quand il se coucherait ce serait pour mourir et c’est ce qu’il a fait.
Comme beaucoup les gens qui ne sont jamais été malade il est parti en une semaine à la surprise générale. 

Madame Courbette, normande de Cherbourg a eu moins de chance côté santé. Bien sûr ça ne l’a pas empêchée d’être une femme courageuse qui a elle aussi travaillé toute sa vie sans se plaindre. Madame Courbette avait des problèmes au cœur, elle prenait un médicament au nom barbare dès la cinquantaine. Et à partir de 65 ans elle a du être plusieurs fois hospitalisée pour des problèmes cardiaques. Les maladies sont injustes : elle ne buvait pas, même pas un verre de vin cuit à l’apéritif, ne fumait pas et ne mangeait pas gras. Ma grand-mère cuisinait viandes et légumes du potager, faisait des confitures, bref c’était avant la malbouffe. 
Les sœurs de Madame Courbette ont eu les mêmes problèmes de santé, ses frères par contre ont eu des problèmes pulmonaires. 

Malheureusement les problèmes de Madame Courbette sont héréditaires, mais je vais commencer par ma mère Martine ce sera plus rapide malgré ses nombreux bobos.  Martine fille de normands donc, se vantait encore hier de ne pas avoir de cheveux blancs à 80 ans, tout comme Jeanne qui a eu des cheveux blancs à 90 ans. C’est vrai que moi la première j’ai toujours tendance à dire que Martine s’en sortira toujours. J’avais écrit un billet sur les ” mères solides “. 

Donc Martine a eu des problèmes de santé tout comme ses sœurs. Un ulcère à l’estomac alors qu’elle était encore jeune, il paraît que les ulcères arrivent aux personnes qui ” gardent tout à l’intérieur ” et n’expriment pas leurs désaccords, leurs opinions voire leur mal-être, cela correspond bien au progil de Martine. Plus tard Martine vers la cinquantaine a eu un cancer de l’utérus. Ce sont les cancers où on retire les organes atteints et on s’en remet le plus souvent. Pardonnez-moi d’avance si mon langage n’est pas trop médical, mais je pense que vous comprendrez. Martine s’en remet très vite. Puis il y a eu ce cancer du colon en 2015 qui a bien faili l’envoyer dans un monde meilleur mais en grand partie de sa faute car elle refusait de voir le médecin malgré les symptômes. Là encore elle s’en est remise même si les tuyaux ont tendance à s’encrasser et que la digestion n’est plus ce qu’elle était. À 80 ans elle ne fait pas on âge, même si elle estime qu’elle est plus lente qu’avant. En tout cas elle est casse-pied ce qui est signe de bonne santé !
Aucun de ces problèmes ne sont héréditaires. à part la grosse myopie qu’elle a refilé à Camomille et à moi-même. Cela dit là aussi phénomène de génération : Cédric et Servane ont porté des lunettes bien avant l’âge de la presbytie, la faute aux écrans il paraît. 

Côté Eugène c’est bien plus grave. Il a hérité des problèmes de circulation de Madame Courbette sa mère. Eugène a commencé à fumer à l’âge de 14 ans et n’a jamais arrêté. Il n’était pas sportif, cependant je mettrai un bémol là dessus. Très actif toujours en train de bricoler et pas du petit bricolage vu le nombre de sacs de ciment qu’il a trimballé, on peut considérer qu’il faisait du sport. Vers la quarantaine ses artères ont commencé à se boucher au niveau des jambes, il avait de plus de mal à marcher. Il est passé au cigarillo moins nocif, a même tenté la pipe de son père. À cette époque on commençait à parler de ” mauvais gras ” et la cuisine de Martine n’a jamais été légère. L’huile de tournesol et la marganine ont fait leur entrée chez nous… sans grands résultats. Eugène a du subir un pontage à la cinquantaine.  
Anedocte amusante il avait un collègue qui avait le même problème que lui et de plus en plus de diffiicultés à marcher, il devait s’arrêter  de marcher en pleine rue. 
” Je fais semblant de regarder les vitrine ! Mais si je suis dans une rue et qu’il n’y a pas de vitrines, je regarde les filles ! 
Ma femme me dit : ” tu vas passer pour un vieux cochon “, je lui réponds ” je préfère passer pour un vieux cochon que pour un vieux malade “ 

nb : je sens que ces phrases vont attirer les requêtes gogolesques ! 

Autre anecdote, après l’opération Eugène était dans une chambre au rez-de-chaussée du viel hôpital de Ville Natale, il suffisait de traverser le boulevard pour aller le voir en passant par les jardins sans passer par l’accueil, une autre époque ! 
Coup de chance le maire de Ville Natale qui avait la même maladie qu’Eugène s’était fait opérer la semaine d’avant.
Pour l’occasion la chambre avait été repeinte, cet hôpital étant plutôt vétuste. Donc Eugène a pu bénéficier de la chambre du maire ! 

Les années passant les choses ne se sont pas arrangées. Eugène n’a jamais arrêté de fumer, mais cela n’aurait sans doute rien changé. Il a subi dautres pontages toujours pour la circulation dans les jambes. Son ventre était un vrai champ de batailles avec des cicatrises croisées, des trous des bosses. Puis des problèmes respiratoires, il parait que c’est lié, parfois il ne pouvait plus respirer et il avait un petit diffuseur toujours à portée de main comme les asthmatiques. 
Sourd de naissance d’une oreille, quand l’autre oreille a commencé à perdre en efficacité, Eugène vivait mal le fait d’être à ce point diminué. Il se comparait à son père qui faisait le grand écart à 70 ans. Mais comme je l’ai dit Roger était un phénomène rare. Et Eugène tenait de sa mère, pas de son père. On ne peut pas choisir : SVP je voudrais la santé de mon père, pas celle de ma mère ! 
Plus tard le frère d’Eugène a eu les mêmes problèmes que lui, il a aussi tenté d’arrêter de fumer sans succès. Cepandant il est mort très âgé d’un cancer à l’estomac. 
Eugène nous a quitté à 70 ans et d’après les médecins c’est même incroyable qu’il ait tenu aussi longtemps. 

Donc ces problèmes de cœur, de circulation de sang sont héréditaires. 
Nous voici donc à la génération suivante la mienne donc, et je vais devoir couper en deux, car je suis encore trop bavarde. 
Cependant selon moi ces deux billets n’en font qu’un, donc ils seront publiés le même jour sans supplément de prix. Elle est pas belle la vie ? 

à suivre