groupe_jeune_pluieUn jour, alors que c’est l’heure d’après déjeuner où nous pensons qu’ils vont être là, les petits anglais, nous étions particulièrement excitées. À force de faire les folles, de rigoler, on se stimule mutuellement et on décide de foncer.

En maillot de bain, on ne va quand même pas prendre le temps de s’habiller, nous montons dans ma vieille R 5, et nous allons sur la petite route où sont les jeunes anglais.

Ils montent la route à pied et nous tournent le dos.

Je m’arrête à leur hauteur. Près du plus beau, le blond, je crois.

Et je lui demande :

- Please, we are looking for M. Bulldozer.

Je répète, doutant de mon accent, devant son air étonné. 

Mes deux complices sont pliées de rire, le jeune garçon me fait répéter encore !
Puis les deux autres s’approchent. Nous devons répéter plusieurs fois M. Bulldozer, the house of M. Bulldozer.

Puis l’un d’eux, visiblement moins timide que les autres et qui a une bonne tête me regarde comme si je sortais tout droit de l’asile psychiatrique :

- But Bulldozer is not a man !*

Nous disons merci et partons très vite, pour pouffer de rire quelques mètres plus loin ! C’est raté ils nous prises pour des folles ! Et pourquoi un homme ne s’appellerait pas Buldozer d’abord ? Je vous jure ces anglais aucun humour !

Quelques jours plus tard, c’est la fête de mon village. Un bal de campagne comme d’habitude et le repas campagnard, où nous allons tous. Mes parents, la famille de Patou également.

À peine arrivées, nous tombons sur les trois anglais, et le moins timide des trois qui m’a répondu, me crie en me montrant son patron : ” Hey, here’s M. Buldozer ! “

Puis ils viennent nous parler et nous ne nous quittons plus. Très longtemps après j’avais demandé à Michaël ce qu’il avait pensé de notre histoire de Bulldozer, mais en dehors du fait que j’étais ” mad “, ils n’ont jamais compris vraiment que c’était une façon idiote de les aborder !

Michaël, le moins timide, le plus drôle, et le plus âgé des trois. Il nous faisait beaucoup rire quand il parlait français (le seul à essayer d’ailleurs) en mélangeant tous les mots. Son femme, sa mari. Je pense qu’il est good… euh bon.!
Il trouvait jolie, ma petite sœur, 10 ans à l’époque et disait : ” quand elle a 16 ans, je me marie avec elle ! “

Bobby très grand et costaud était plus réservé. Il était souvent mal rasé et était plutôt beau gosse.

Et enfin Chris le beau blond, que ma sœur, ma copine et moi voulions toutes était le moins dragueur des trois.
Il faisait des études pour être prof.

Nous nous sommes tous assis à la même table pour le repas campagnard et nous avons ri comme des fous.
Le vin était à volonté et nos copains et mon frère en profitaient. À tel point que lorsque le bal a commencé nous avions oublié que c’était un bal musette et que nous dansions pas d’habitude dans ce genre de bal.

J’avais visiblement tapé dans l’œil du beau blond et Camomille et Patou me détestaient. Chris portait des espadrilles et m’entraina pour danser une valse plutôt étrange. Je riais comme une folle. Il passait son temps à bousculer les autres couples et à s’écrier.:

- Pâââââdonn.! Pâââââdon.!

Ou alors il perdait une espadrille et criait : MI SHOES MI SHOES.

Ma mère me dit ensuite qu’elle était pliée de rire en nous regardant, à la fois parce que c’était drôle, mais aussi parce nous formions, soi disant un couple saisissant de contraste et de beauté (c’est pas moi qui le dis, c’est bon)
Lui la peau blanche et la grande frange blonde, moi brune et très bronzée.

Bien sûr nous n’étions pas les seuls à faire les fous, entre délires et batailles de confettis, nous avons tous gardé un souvenir formidable de cette soirée.!

Comme les garçons étaient venus avec M. Buldozer et étaient saouls comme des cochons, nous les avons emmené chez nous. Nous nous sommes baignés dans la piscine, puis nous avons fini la soirée dans la grange de toutes les fêtes. Je me souviens que Chris qui devait vraiment avoir trop bu, se réveilla au milieu de la nuit et me demanda, en anglais : ” où sommes nous ? dans un hôtel ? “

- oui avec piscine.! Ça va te couter cher !


* Traduction vite faite : nous demandons où habite M. Buldozer, où est sa maison, et l’un deux finir par répondre Bulldozer n’est pas un homme.