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J’arrive la veille au soir comme souvent. Je sais que tous mes collègues ne font pas comme moi. Ils préfèrent se lever très tôt et prendre le train le matin, au risque d’arriver en retard, ou endormis à la première réunion.

Je préfère de beaucoup être sur place la veille, passer une bonne nuit à l’hôtel. De plus ma soirée me permet de décompresser un peu, loin de ma vie de famille, loin de mon quotidien. Ainsi je me sens plus disponible le matin.

C’est donc dimanche soir que Gwen est dans la ville, hôtel du centre à Bordeaux. 

J’avais pris une douche, défait ma valise, et j’étais en train de me demander ce que j’allais faire pour dîner. Commander un plateau repas et regarder la télé dans la chambre ? Sortir m’acheter un sandwich grec et flâner un peu dans les rues ? Ou aller dîner dans un petit resto rapide en solitaire ?
C’est alors que le téléphone de la chambre sonne et qu’on me dit : M. Y vous attend dans le hall !

Je réponds oui oui, je descends. J’agis comme si c’était prévu que M. Y m’attende, d’ailleurs il a du lui aussi se présenter comme si c’était prévu !

Mon cœur bat, mes jambes tremblent ! C’est lui ! Comment sait-il que je suis déjà en ville ?
Lui ai-je dit sans m’en rendre compte ? S’est-il renseigné auprès de l’hôtel ?

Je jette un œil rapide au miroir de la chambre, arrange mes cheveux encore humides, et je descends aussi sec !
Je ne suis pas du genre à me faire désirer, à traîner volontairement pour le faire attendre comme le feraient la plupart des femmes…
Ça ne ferait qu’ajouter à mon stresse et à quoi bon ? 

Dans l’ascenseur je me dis que je lui sais gré de n’avoir pas demandé à monter. J’aurais dit oui bien sûr, mais j’aurais été plus gênée de le retrouver directement dans ma chambre, même si…

Il est là, il tourne le dos, il regarde dehors, il est dans le petit coin salon du hall de l’hôtel. J’arrive vers lui sans bruit sur la moquette. Il se retourne vers moi, pose les mains sur mes épaules, et me dit bonjour avec un sourire à faire fondre un esquimau, puis me colle un baiser bruyant sur les lèvres ! Je suis presque gênée ! Moi qui avait peur qu’il ne tente rien, peur de ne pas savoir si… enfin vous comprenez quoi ?

Il me parle, il me demande si j’ai envie d’aller dîner au restaurant. Mais si je préfère on peut monter dans ma chambre… et redescendre manger… ou pas, ou faire l’inverse ! Comme je veux !

Je suis d’accord pour le restaurant, d’ailleurs je meurs de faim ! Je veux juste remonter chercher mon sac à main. J’hésite une seconde :

- Euh… Tu veux monter…. ou tu préfères attendre ?

Il me jette un regard brûlant : si je monte, je ne réponds de rien ! Je veux dire, pas sûr qu’on aille manger dans la demi-heure qui vient !

Je souris : je prends le risque !

Bien sûr le lit nous a tendu les bras, quoique c’était plutôt le bureau au tout début, et puis…

Et puis ensuite nous avons passé un bon moment au restaurant. L’homme a dormi avec moi. Le matin, nous nous sommes séparés une heure ou deux pour donner le change… à personne, sauf à nous et arriver séparément à la réunion du matin. 

Ensuite la journée du lundi a été très occupée, chacun de son côté. J’ai réussi à appeler mon mari, et je n’ai pas menti en disant que j’étais débordée.

Le soir il y a eu un repas avec beaucoup de gens plus ou moins ennuyeux, il était loin de moi, et j’attendais la fin. Puis je suis partie en taxi, et lui en voiture. On s’est retrouvés à mon hôtel et je sens que maintenant on va me demander quand je réserverai  :
- vous serez seule, Madame X ou avec votre conjoint ?

Puis mardi, nous nous sommes levés tôt. J’avais mon train à prendre, et l’homme repartait chez lui. Dans la rue, près de sa voiture, nous nous sommes dit au revoir. Nous nous sommes embrassés plusieurs fois, puis je l’ai vu soudain fixer quelque chose…

- Qu’est ce qu’il a Baptiste ? Ça ne va pas ?

- Si… Enfin non ! Cette femme là  bas, je la connais ! C’est une amie de ma femme ! Je suis sûre qu’elle m’a reconnu !

Ah bon il est marié ? Je ne le savais pas ! En fait je n’avais même pas cherché à savoir ! Je me rends compte qu’on se connaissait peu avant…
J’ai tenté de le rassurer. Il m’a dit : je serais vite fixé quoiqu’il en soit !

Puis je suis partie… Je n’ai même pas à chercher à savoir si il avait eu des ennuis. Sans doute qu’il m’en reparlera à la prochaine occasion…