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Dix années ont passé. Victoria s’est mariée et elle a des enfants.

Après un an d’abstinence elle a de nouveaux eu des petits copains. Puis le temps a passé. La vie a suivi son cours, quitter les parents, un travail, et puis un jour un homme. Elle a conscience de s’être laissé glissé, d’avoir suivi des rails, d’avoir laissé la vie la porter. Elle n’a pas de moteur, elle ne sait pas si elle est amoureuse, elle sait juste qu’elle a toujours voulu des enfants et qu’ils sont devenus toute sa vie.

Quand son mari la déçoit, quand il n’est pas attentif à elle, quand il ne sait pas la faire rêver, ou quand il râle pour broutilles, elle s’évade. Parfois il doit penser qu’elle boude, qu’elle attend un laps de temps raisonnable avant de lui reparler. Mais non ! Victoria n’est pas une boudeuse ! Elle est loin, elle ne le voit plus son mari !

Elle est avec Nolan. Parfois il lui arrive d’imaginer qu’elle croise Nolan au pied de son immeuble, ou qu’il est là, à un balcon en train de la regarder rentrer chez elle, Mais non ! Ça ne colle pas ! Nolan n’aurait rien à faire dans un trois pièce cuisine de banlieue ! Ce  n’est pas son décor !

Alors elle remet Nolan dans le petit port, ou sur un bateau, elle le revoit tel qu’elle l’a connu. Parfois elle se demande comment il est, quelle âge il peut avoir.

Parfois elle n’y pense plus pendant des mois, puis tout à coup le souvenir revient et l’obsède pendant une semaine.

Elle entend un bruit de fond c’est quoi ?

- Très bien, tu veux bouder, boude ! On en reparlera plus tard !

Si tu savais comme je m’en fous ! Tu ne sais rien, toi, tu ne sais pas où je suis ! Je suis même ravie que tu n’aies pas envie de me parler !

Jusqu’à la fin je le verrai, jusqu’à la fin il sera mon échappatoire, mon île, mon rêve ! Et rien ni personne ne pourra me le voler et jamais personne ne saura qu’il a existé, qu’il existe !