Ils se parlent, elle entend vaguement “restaurant… réservé… 20 heures”.

Puis elle les voit monter dans la voiture, il lui tient même la portière !

Est-ce tous les jours comme ça, ou seulement pour la Saint Valentin !

Complètement tétanisée, Lise a mis du temps à repartir.

Tu es allée te coucher ensuite, et tu es venue le lendemain matin me voir. Tu n’étais pas allée travailler et j’étais en congé. Je t’ai consolée devant un café. Tu m’as demandé quoi faire, tu ne voulais plus le voir.

Je t’ai conseillé un SMS :

- J’espère que le restaurant était bon ! Jolie femme ! Et jolie voiture !

Je me disais qu’avec ça, le scélérat allait avoir très peur, et que ça devrait suffire !

Pendant plusieurs mois tu allais très mal, tu y avais cru. Le monsieur t’a bien entendu inondée de message pour t’expliquer qu’il voulait t’en parler, qu’il n’en avait pas eu le temps. Qu’il tenait vraiment à toi, que c’était pour la vie.

Tu n’as jamais répondu, tu as bien fait !

Puis un jour j’ai constaté que tu allais mieux : un petit sourire guilleret, une anguille sous roche. Tu ne voulais rien me dire : je me disais pas grave, je le saurais quand ce sera sérieux.

Il faut dire qu’à cette époque j’allais très mal.

Je venais de perdre mon père bien aimé, et ma mère sombrait dans la dépression.
Du coup moi aussi je déprimais. Je n’en pouvais plus de ce poids sur mes épaules : soutenir ma mère, alors que mes frères habitaient loin, et puis ce sont des hommes, ils estimaient qu’une fille était plus à même d’aider sa mère ! Bonne excuse pour ne rien faire !

Durant cette période, je faisais le minimum syndical à la maison. Je ne me suis pas rendue compte que je négligeais mon mari Jean-Louis, qui pourtant me soutenait. Pour mes enfants je tentais de garder le sourire, mais c’était dur. La vie n’est déjà pas facile avec tous ces rôles que l’on doit jouer ! La femme, l’épouse, la mère, l’employée !

Tu ne m’as apportée de soutien moral durant cette période. Tu étais trop préoccupée par tes nouvelles amours sans doute ! Mais je ne t’en voulais pas trop, au fond je le savais que tu étais égocentrique, mais tu avais d’autres qualités, chère Lise.

Pourquoi je te raconte tout ça, alors que tu le sais déjà ! Ça me défoule !
Et tu vas peut-être apprendre des choses, qui sait !

Ce n’est plus tard que j’ai réalisé : mon amie Lise était en train de me voler mon mari !

Tu lui as joué le grand jeu : disponible, souriante, élégante, et lui le naïf est tombé dans le panneau !

Une seule fois en 10 ans de mariage je le néglige un peu, et hop c’est trop tard !

Tu le connaissais si bien ! Et surtout tu me connaissais si bien moi ! Mes défauts tu t’es empressée de lui en faire la liste, d’insister, de le caresser dans le sens du poil :

- Elle ne devrait pas négliger un homme tel que toi !

Tellement facile ! Tu as eu ce que tu voulais !

Les portes ont claqué, les disputes se sont enchaînées. J’étais meurtrie, doublement trahie !

Lui disait que ce n’était pas de ta faute, que vous étiez tombés amoureux, que je ne devais pas t’en vouloir… Et il est parti vivre avec toi !

Puis j’ai fini par me calmer pour le bien des enfants, mes deux gros durs, qui n’aiment toujours pas leur belle mère !

Enfin belle mère, façon de parler, vous ne vous êtes pas mariés ! Et pour cause, monsieur n’étant jamais disponible, pas de procédure de divorce !

Bon prince, il m’a laissé la maison, et m’a payée une pension, je me suis dit qu’on verrait plus tard pour officialiser.

Et puis ma mère allait mieux, j’étais remise de la mort de mon père, alors je me suis installée dans une petite vie tranquille avec mes deux monstres. J’essayais de ne plus penser à mon premier amour, en tout cas je ne montrait rien quand il venait !

5 années ont passé. On dit que mon Jean-Louis a ouvert les yeux sur toi. Qu’il te trouve égoïste et narcissique. Qu’il se demande si il a eu tort ou raison.

On m’a dit aussi que tu le soupçonnes d’aller voir ailleurs ! Dis moi quel effet cela fait il d’être la femme trompée ? Tu comprends ce que j’ai ressenti maintenant chère Lise ?

Je ne t’ai pas vue depuis longtemps, il paraît que tu as vieilli, que tu t’es ridée !
 Ça me fait rire, je ne suis pas méchante, non ! Oh lala comme tu dois le vivre mal !

Il paraît même que Jean-Louis va te quitter, qu’il a déjà fait ses valises !

Dis moi, Lise, t’es tu demandé chez quelle femme il va habiter, MON MARI ?

Ton ancienne amie Aube !