013Il y a quelques mois déjà, Brenda avait essayé de me joindre. Elle avait eu Artémis, avait promis de rappeler, et puis rien. Quand je rappelais le téléphone sonnait dans le vide… Du coup j’oublie.

Puis à l’occasion de la nouvelle année, la mère de Brenda appelle la mienne, et lui dit que sa fille a des problèmes de santé, trop de globules blancs. Du coup je ressaye de la joindre sans succès, sur l’annuaire il y a une deuxième numéro en 09, rien à faire.

En désespoir de cause, je décide d’appeler la mère de Brenda, Brenda a sûrement un portable. Je profite d’un moment de calme au bureau. Et en faisant le numéro en 02, je me plonge dans le passé, je vois la ferme, la Folie, le village, je retourne en enfance et en souvenir.

La voix chaleureuse d’une femme simple connue depuis toujours et ravie d’avoir de mes nouvelles. Pour un peu je l’entendrais presque me dire “Elle prendra bien un café” avec ses expressions bien à elle ! Dans un verre le café bien sûr !

Elle est ravie d’avoir des nouvelles, me parle de Brenda, de ses 3 fils, de ses autres petits enfants. Puis elle me dit que Brenda n’a pas eu de chance avec ses amoureux. Son mari était finalement le mieux, dommage qu’il soit parti avec une autre ! Quand aux autres ils ne valaient pas la corde pour les pendre. Mais finalement Brenda est seule et vu son sale caractère c’est peut être aussi bien !

Puis bien sûr elle me demande où j’en suis moi, si je suis toujours toute seule. Je lui réponds ce que je réponds d’habitude : personne n’a envie de finir sa vie seule, mais tant que mes filles vivent avec moi ça peut aller.
Rien n’est parfait, une famille recomposée ce n’est pas une sinécure non plus. Et naturellement je redoute le moment où je vivrai vraiment seule.

Et tout en racontant cela, tout en évoquant à la fois mon parcours et celui de Brenda, je me sentais envahie par une grande nostalgie. Pas une vraie tristesse, pas un coup de blues. La nostalgie.

Je nous revoyais Brenda et moi, enfants, faisant le tour du champ avec nos magnifiques landaus anglais de poupées, elle un landau grand luxe, le mien moins tape à l’oeil…

Et quelques paroles de la chanson d’ Alain Souchon chantent dans ma tête :

Tu la voyais pas comme ça ta vie !

Plus tard dans les débuts de nos mariages, premiers enfants, nous avons de nouveau fait le tour du champ, avec de vrais landaus anglais (le sien toujours grand luxe, le mien d’occasion) en riant au souvenir de nos landaus de poupées. À l’époque non plus :

Tu la voyais pas comme ça ta vie !

Après tout ça, j’ai eu un instant de tristesse. Non je la voyais pas comme ça ma vie ! Je la voyais auprès d’un homme tout simplement ! Et si à 36 ans, tout juste divorcée on espère encore,
Plus le temps passe… plus il passe !

Je regarde autour de moi, celles qui ont mon âge. Leur parcours sont différents puisque certaines,  comme Brenda ont formé plusieurs couples après divorce. Et le résultat est le même aujourd’hui.

Et même si je reste une éternelle optimiste, même si on me dit que je suis facile à vivre, gaie, bonne vivante…

Je sais bien qu’à moins d’être une femme superbe, je n’ai plus l’âge requis pour être sur le marché de la séduction. Même d’occaz sur Price*minister ou aux enchères sur E*bay…

Mais je sais que cette chanson n’est pas arrivée, juste à cause de ça !

Tu la voyais pas comme ça ta vie… Cela a commencé avant !