J’ai déjà parlé de ma collection de mots, j’aurais pu dire aussi collection de phrases.

Souvenez-vous, tout petits on vous disait de prendre soin des livres, de ne pas corner les pages, d’utiliser un marque page. Mes livres de la bibliothèque rose, verte, rouge et or et tous les autres étaient bien alignés dans ma bibliothèque, j’en prenais grand soin.

Puis plus tard, des profs de français convaincus et convaincants nous ont dit: : lisez le crayon à la main, soulignez, même si on vous a dit l’inverse quand vous étiez petits. Il est vrai que ” le deuxième sexe ” que je n’ai jamais réussi à finir, ce n’était pas un beau livre relié, mais un livre de poche.

J’ai gardé cette habitude mais pas dans un but d’études.

Cependant il y a une différence entre les faits et la poésie. Suis-je claire ? J’en doute ! Comme quoi les profs de français ont failli à leur mission avec moi ! Hihi !

La poésie ce sont mes collections de mots et de phrases ou encore de paragraphes ou de pages. J’ai un petit carnet où je note les jolis phrases, dictions, mais pas seulement.

À l’époque d’une grande souffrance et d’introspection (que l’on appelle aussi tunnel d’ailleurs, décidement) je lisais beaucoup, si tant est que je puisse lire peu, des romans que l’on pourrait qualifier ” d’intimiste ” en plus de ceux de mon auteur préféré. À l’époque je n’avais pas les moyens d’aujourd’hui pas d’ordinateur perso au bureau, pas d’imprimante à la maison. Il m’arivait de photocopier des pages entières de livres que je rangeais dans un lutin.
J’y mettais aussi des paroles de chansons magiques ou des poèmes. Comme toutes les collections c’est devenu trop emcombrant.
Maintenant j’ai un fichier où je recopie les jolies phrases, les citations ou même des commentaires de blog ou des billets entiers. Cele ne m’arrive presque plus de vouloir garder des pages entières, mais quand c’est le cas, je les scanne et je les garde dans un autre dossier. Je vous épargne la liste de dossiers que j’ai sur mon PC, sur des clés USB, et un peu partout, cette manie du classerment fait bien rire mes fiilles.

Aujourd’hui je peux surligner en lisant ma kindle, et toutes les notes se retrouvent à un seul endroit, où est -il d’ailleurs ? J’ai toujours du mal à le retrouver !
Il existe même un ” partage ” où vous pouvez consulter les passages surlignés par les autres lecteurs ou montrer les vôtres. Très peu pour moi je ne partage pas publiquement ni mes surlignages c’est trop intime !

S’il est facile de comprendre pourquoi l’on aime collectionner les mots, les phrases, les paragraphes qu’en est-il du reste ?

Hier ou avant hier, j’étais au lit, lisant un de mes livres fétiches, complètement enfoncée dans les oreillers, et j’ai ressenti le besoin de m’extirper de ce nid douillet malgré ma paresse, pour attraper le crayon à papier sur ma table de nuit. Il avait eu la mauvaise idée de s’éloigner de mon champ de vision et de la portée de ma main.
Je l’ai déjà dit, j’ai réalisé bien vite que mes livres ” sciences humaines ” (on va dire ça car je ne sais pas expliquer quel type de livre je lis) je préfère les avoir en
” vrai ” livres et je réserve les romans à la kindle.

Bref en exécutant cet exercie ô combien difficile un soir de flemme, je me suis demandée pourquoi je faisais ça.
- Ça quoi ?
- Souligner des phrases !
On se croirait au théâtre, je vais bientôt écrire des pièces !

Vais-je les relire ? Oui il est possible qu’arriver à la fin du livre, je tourne les pages pour relire ce que j’ai souligné. Mais après ? Une fois qu’il aura rejoint les autres sur les étagères de ma bibliothèque, est-ce que je vais un jour rouvrir ce livre pour regarder les phrases soulignées ?
Pour avoir relu trois fois les livres de mon auteur préféré, j’ai remarqué que selon les périodes de ma vie, je peux être tentée de souligner d’autres phrases.
Alors qu’est-ce ? Un point de repère dans le temps ?

S’il fallait apporter une réponse aux psys à qui je n’ai rien demandé, je dirai que la première raison c’est celle là : c’est un petit plaisir personnel. C’est comme déguster une friandise. Si j’ai un crayon à papier sur ma table de nuit, un autre sur la table de salon, un autre sur mon bureau ce n’est pas pour faire des jolis dessins.

Mais il y a sûrement une autre raison à cette manie. Je ne dirai pas que j’apprends par cœur ces phrases que je souligne mais presque.
C’est ce que j’ai appelé ” des faits ” en début de billet. Ces phrases sont des faits, des observations voire des chiffres. Ils m’intéressent donc je prends des notes.

Je n’aime pas parler dans le vide, je n’aime pas les généralités. Cela ne me gêne pas qu’on ne soit pas d’accord avec moi pourvu qu’on argumente.
Ce qui est souvent sujet de discorde dans ma tribu. Vas-y argumente ! C’est ça tes arguments ?

En passant je me souviens d’un animateur en stage qui nous avait demandé d’argumenter sur un sujet auquel on ne croyait pas ou qui était à l’opposé de nos convictions ! Exercice pas facile mais très amusant ! Quelque chose qu’on pourrait faire au théâtre ! Inutile de dire que certains se sont déclarés incapables de le faire.

Bref quand un sujet m’intéresse, je n’ai pas envie de le survoler ni de ne pas savoir en parler le cas échéant. Dieu sait si j’ai horreur des chiffres mais un chiffre peut être bien plus parlant qu’un long discours. Très utile d’ailleurs dans ma tribu où on a tendance à me prendre pour une écervélée (grande rêveuse ne veut pas dire écercelée non non ! )
En passant il faudra que je songe à les remercier, c’est peut-être grâce à eux que j’aime avoir des arguments… Mais non c’est grâce à moi !

Le cancer tue plus que les accidents de la route, si on donne des chiffres c’est plus convaincant. D’ailleurs sauf si vous sortez une énormité (70% pour cent des français gagne plus de 5 000 euros par mois) à quelque chffires près il est rare que l’on mette en doute vos sources.

Mais je m’égare, ce ne sont pas là mes sujets de prédilection, pas plus que les discussions avec ma tribu.

Ces faits que je note, je les retiens le plus souvent et ils apportent de l’eau à mon moulin. Du grain à moudre pour ce qui m’intéresse. Cela ne signifie pas que je vais étaler ma science si on ne m’a rien demandé, cela ne veut pas dire que je ne cherche qu’à parler que de ce sujet, mais un jour une phrase, une conversation, un événement me rappellera ce que j’ai lu il y a longtemps dans ce livre à la couverture orange et m’aidera à comprendre.

Mais l’essentiel c’est que souligner c’est un vrai bonheur pour moi !