havanna.jpg

Vous serez peut-être déçus car je n’ai pas trop de choses à raconter sur mon séjour à Cuba !

Enfin si mais non !

Depuis que je suis rentrée, j’ai raconté plusieurs fois, (même que j’étais lasse des questions) ce que j’ai vécu, entendu. Qu’ai-je raconté exactement ? Le soleil, la pauvreté, les taxis, la nourriture, les hôtels, le logement chez l’habitant, la plage, la musique. Tout ça bien sûr je pourrais le dire ici, mais pas comme un guide de voyages, le plus intéressant, ce sont les sensations, le ressenti, le rêve…

Et ça je crois que j’ai du mal pour le moment à le mettre à l’écrit ! Et puis peut-être aussi qu’il y a des choses que j’ai envie de dire, mais que je ne peux pas dire. Tout cela je l’ai dit à Tristan en rentrant.

Et puis pour tout dire, je n’ai pas vécu d’aventures extraordinaires, pas d’histoires comme j’aime à les raconter !

Mes amis danseurs ont posé plus de questions que les autres sur la danse, les bars dansants. J’ai pu raconter beaucoup de choses, et en particulier un soir.

C’était le troisième ou quatrième soir. Les premières soirées dansantes, j’avais un peu de mal à être dans l’ambiance, fatigue, décalage horaire, déphasage, difficulté avec la langue : Je ne parle pas un mot d’espagnol, je parle un peu d’italien langue qui me venait naturellement à chaque fois qu’on me parlait. J’utilisais l’anglais, mais tous les cubains ne le maîtrisent pas, de plus à force d’entendre certains mots courant en espagnol, je parlais anglais avec un mot d’espagnol au milieu car le mot anglais ne voulait pas venir !

Ce soir là nous allons dans une petite boîte sous un cinéma. Le groupe se disperse dans plusieurs taxis. Mon copain Bastien ne veut pas sortir. L’essentiel est de ne pas rentrer seule et pour ça j’ai plusieurs personnes charmantes dans le groupe.

Nous sommes une dizaine de notre groupe. La musique démarre, on boit, on danse. À part pendant les cours de danse, je n’avais jamais réussi à danser avec un cubain. Je fais pourtant à rentrer dans la ronde, la danse de groupe.

Puis le présentateur prend le micro. Je ne comprends rien, mais j’ai commencé à comprendre que les présentateurs ne lâchent pas le micro facilement ! Je vois plusieurs couples s’avancer vers la piste, dont la benjamine de notre groupe qui a la vingtaine, accompagné d’un danseur cubain. À ce moment là je suis debout près des tables des français, à notre droite il y a plusieurs tables de jeunes cubains, plus de garçons que de filles.

Un jeune homme passe près de moi et veut m’entraîner vers la piste, je proteste non, non !
Je ne sais pas ce qui se passe, mais je vois bien qu’il y a peu de couples sur la piste et si c’est pour faire une démo, non merci ! Il faudrait trouver une meilleure danseuse que moi !

Mon prof, assis, me dit:  Si si, vas-y !

À ce moment là, Benjamine me dit que c’est un concours. Il y a une dizaine de couples sur la piste. Bon me dis-je, ça va, je vais être noyée dans la masse, c’est comme si je dansais comme d’habitude, et je vais être éliminée à la première manche !

Heureusement que j’ai bu deux mojitos avant, ça désinhibe ! Mon danseur est adorable ! Une bouille ronde, des dreadlocks, plutôt grand, plutôt mignon, moins de trente ans, peut-être même moins de 25 !
Tous les couples commencent à danser. Mon danseur est très doux. Il guide bien. Plus tard une amie me dira ” on voit que le danseur te convenait ” . J’ai de la chance, j’aurais pu tomber sur un mauvais danseur, un excité, ou un frimeur, ou  tout ce que j’ai déjà croisé en soirée !

Vient le moment où le présentateur toujours aussi volubile demande au public d’applaudir les couples. Il y a un couple qui danse bien, je les ai déjà repéré sur la piste, mais ils n’ont que deux supporters dans la salle, dommage pour eux.

On demande applaudir Benjamine et son danseur, je me dis en toute logique que mon groupe va la faire gagner ! Mais je trouve leurs applaudissements un peu tiédasses, bizarre !

Je comprends aussitôt après quand le présentateur nous désigne, Romario et moi. Ce sont des hurlements que nous déclenchons !
J’éclate de rire, mon danseur me tient toujours la main. Les français à notre droite hurlent, les cubains à notre gauche hurlent aussi !

Tout en riant dans ma tête, je me dis  : Oh les c… ! Ils ne vont pas me faire ça !

MAIS SI !!!

Il ne reste que trois couples en piste, un couple inconnu, Benjamine et son danseur, Louisianne votre humble serviteuse et son danseur.

Chaque couple doit danser une minute seul en piste. Aïe ça se corse ! Même légèrement alcoolisée, même si je ne suis pas trop timide, je vais être moyennement à l’aise et avoir hâte que la minute se termine !

Romario est toujours aussi charmant et toujours souriant. Vient le moment où il me lâche et il faut danser comme je l’ai appris depuis deux jours. Rumba, mozambique, contorsions d’inspiration africaine qu’on ne pratique pas en France ou si peu, des choses que j’ai apprise le jour même !

Imiter Romario en tortillant les épaules et les fesses, tout en passant le bras gauche sous la jambe droite et en ayant l’air tout à fait à l’aise ! Fastoche !

Pourtant Loïc, un garçon du groupe me dira plus tard qu’il n’en revenait pas de me voir bouger comme ça !  Il est vrai qu’on ne ne connaissait pas depuis longtemps dans le groupe !

Puis les trois couples dansent ensemble. Un peu moins impressionnant que d’être seuls sur la piste, un peu plus que quand il y avait dix couples ! Dur de se noyer dans la masse !

Puis de nouveau le temps des applaudissements. C’est l’hystérie dans les rangs ! Bizarrement les deux clans occupent un recoin de la salle sur le côté par rapport à la cabine du DJ. On dirait que c’est fait exprès ! Alors que, en face, et de l’autre côté les tables sont plus disséminées, il n’y a pas vraiment de groupes compacts !

Je vois mon prof faire des bonds, je vois les filles hurler et bondir ! Et les cubains donnent aussi de la voix. Le présentateur en redemande et refait un tour pour qu’on applaudisse encore, cette fois il nous choisit en dernier !

Je vois les français et le cubains faire la hola, je ris tellement que je vois à peine avec l’obscurité, Romario me tient toujours la main, et me fait lever la main bien haut, il rit en regardant ses copains.

Je ne sais pas si le présentateur ne veut pas qu’on gagne ou si il s’éclate, mais il recommence encore une fois ! Cette fois les décibels sont tellement hauts qu’il se bouche les oreilles, des filles du groupe n’auront plus de voix le lendemain matin !

Le présentateur fait signe aux deux groupes du fan club d’arrêter de hurler et nous remet la bouteille de rhum !

Dans les deux camps on se congratule, on se serre la main, c’est l’explosion de joie !

Nous revenons vers nos groupes en riant aux éclats !

Tous me félicite, nous sommes tous euphoriques. Je m’écris : moi qui voulait danser avec un cubain !

- Tu t’es débrouillée comme un chef “  s’écrie Nathalie que je connaissais peu, et qui restera une super copine jusqu’à la fin du séjour !

Je me sers un verre et sert deux copains, mais les français n’ont pas très envie de boire, les cubains par contre sont ravis. Je demande du coca et des glaçons et je leur amène. L’un deux me parle, il me dit qu’il habite en Allemagne, qu’il est venu voir ses amis et qu’il a crié pour que je gagne !

Ensuite la soirée continue, mon danseur vient me voir souvent, il veut que je danse une chorégraphie, mais j’ai du mal à suivre ! Ils ont tous une pêche et un rythme cardiaque que je n’ai pas !

Puis le présentateur vient nous voir mon danseur et moi et dit quelque chose que je ne comprends pas. Apparemment il veut que les gagnants du concours dansent, mais je crois comprendre qu’on doit être plus présents sur la piste. Mon danseur dit oui. Mon prof traduit, il dit mon prénom au présentateur et explique qui nous sommes.

Plus tard dans la soirée, nous sommes moins nombreux, beaucoup sont allés se coucher juste après le concours. La bouteille s’est vidé très vite, mais Romario m’a servie souvent, des doses un peu trop grosse pour moi, 2/3 de rhum 1/3 de coca, ouf !

Il y a ensuite un spectacle de jeunes danseurs professionnels surdoués, souples et rapides ! Puis le présentateur parle de nouveau, je comprends qu’on parle de la française qui a gagné…

- C’est à toi, me dit mon prof !

WHAT ?

Déjà Romario m’a attrapée par la taille pour m’entraîner vers la piste ! Ah ! Je fais partie du spectacle, Oh my God !

Heureusement c’est une salsa lente et mon adorable danseur n’insiste pas sur les contorsions du fessier !
Et puis je ne vois pas grand chose, ni le public, ni la salle, je suis gaie, hypnotisée par le sourire si gentil de Romario !

Les applaudissements reprennent et un autre groupe de danseurs arrive.

Puis la salle commence à se vider, car la musique change à 1 h, place au cubaton. Nous admirons quelques jeunes gens très doués qui dansent.

Puis je vais dire au revoir à mon danseur préféré. Il me demande ce que je fais demain, je tente de lui expliquer que j’ai une soirée avec mon cours de danse, alors qu’il me proposait une autre soirée.

J’aurais bien aimé le revoir, pas forcément pour danser mais pour lui payer un ou deux verres, car je n’étais venue qu’avec quelques pièces cachées dans mon SG.

Ensuite Loïc et moi partons vers la sortie. Il appelle un taxi et je suis tellement excitée que je me demande si je vais dormir. Loïc me reparlera plusieurs fois de ce super concours de danse !

Quand je rentre, je dis à Bastien qu’il a loupé la soirée du siècle !

Oui, j’avoue il y a eu d’autres soirées, mais aucune aussi super que celle là !

ps : j’ai failli appeler ce billet “heure de gloire” mais il n’y aurait eu aucun suspense, dès le début du récit, vous auriez compris que j’avais gagné, enfin nous avons gagné !