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Voilà cette année scolaire qui a été vraiment pourrie est finie. 

Beaucoup de changements et pourtant pas tant que ça.

Les vacances ont été calmes et ennuyeuses.

Je n’en attendais pas grand-chose, de toutes façons. C’était déjà bien de pouvoir emmener Martine, qu’elle soit en vie et en convalescence.

J’ai passé trois semaines à la Sauvageonne en août. Athéna et Jim étaient là, ils sont partis quelques jours en Charente. Artémis et Jérémy en plein emménagement ne venaient que le week-end. 

Martine s’est remise à manger, mais a toujours du mal à marcher, et les nombreux niveaux de la Sauvageonne n’aidaient pas. Elle se fatiguait vite, mais elle fait beaucoup de choses assise. Martine ne tient pas en place, donc impossible de lui dire de se reposer. Elle range, elle tourne, elle vire, elle a même fait un ou deux repas.

Les vacances ont été calmes et ennuyeuses… Non en fait elles ont été atroces ! 

Je n’étais pas bien. Ni physiquement avec une grosse fatigue, des crampes, des courbatures, ni moralement.

Même pas envie de lire, et fatiguée d’en faire dix fois plus que chez moi. 
Au mieux nous sommes 5 au pire 18, et quand nous sommes 11 on trouve ça bien. Je ne prépare pas tous les repas bien sûr, on se relaye, mais quand on est nombreux il y a toujours une grosse logistique. Les poubelles, ramasser les bouteilles vides, ranger et encore ranger. Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai du aller au Picho.

J’en ai marre des vacances comme ça ! J’aime la Sauvageonne, certes, mais j’en ai marre ! 
Pour moi les vacances ce n’est pas “changer de casseroles” comme disent les sœurs de Martine ! Elles se sont toujours moqué d’elle en disant : Martine change de casseroles, parce que pour elles, ce n’est pas ça des vacances, et elles ont bien raison !

Sans compter que, je l’ai dit cent fois, moi je suis bien quand il y a mes filles, mes gendres et Martine. Point Barre.

Et ces périodes sont courtes ! Quand on arrive à avoir deux semaines comme ça, on est contents. Cette année nous n’avons eu qu’une seule semaine avec la famille Grandereveuse et Martine !

Je ne supporte plus ma tribu ! Enfin ma fratrie plus exactement, car mes neveux et nièces ne me dérangent pas, même si ils ne vident pas leur cendrier et ne ramassent pas leur canettes vides.

Eux au moins sont contents d’être là, ne râlent pas, ne font pas d’histoires !

Je sais que j’ai du donner dans ce blog, sans le vouloir, l’illusion d’une tribu idéale… Quoique j’ai beaucoup parlé des défauts de ma tribu quand même !

Mais les familles idéales n’existent pas ! Je ne jette pas non plus le bébé avec l’eau du bain ! Je sais quelles valeurs nous avons en commun.

Oui nous avons des valeurs, oui nous nous aimons, non, nous ne nous fâcherons jamais pour de bon. 
Nous sommes de bons vivants, toujours gais, toujours prêts, aimant la fête et chaleureux… 
Ce qui donne encore plus l’illusion d’une tribu idéale pour ceux qui  ne nous fréquentent que dans ces moments là. Très unis aussi car beaucoup d’amis des uns ou des autres deviennent des amis de la famille. Et nos enfants qui “cousinent” beaucoup renforcent ce culte de la tribu.

Et nous sommes toujours capables d’être là, tous debout même en pleine nuit en cas de coup dur, comme quand nous avons passé la nuit aux urgences en attendant que Martine sorte du bloc. 

Mais tout cela fonctionne bien tant que ça ne dure pas trop longtemps.

Un dîner, un week-end, une fête. Mais être en vacances ensemble devient difficile, même quand on essaye de mettre de l’eau dans son vin.

Nous sommes tous différents. Et plus le temps va moins nous partageons de choses. 
Je suis restée proche de Servane, bien que nous ayons aussi des dissemblances, tout simplement parce qu’on se donne des nouvelles, on s’écrit tous les jours, on s’envoie des sms.

Nous partageons des choses toutes simples, tellement basiques, mais pourtant c’est ça qui créé un lien : tiens file moi une clé usb je vais te copier une série.

Le lien ne s’est jamais rompu.

Les deux autres, Camomille et Cédric (qui se sont rapprochés parce qu’ils ont ce côté mondain que ni Servane ni moi n’avons) m’ont déçue par leur manque d’intérêt. Jamais de nouvelles, sauf quand il y a des anniversaires, jamais de petit mél, jamais d’invitation à passer chez eux ou à dîner.

Le seul lien reste Martine, forcément : tiens ton frère m’a dit ça, ta sœur est passée.
Sans doute qu’eux aussi ils entendent : Louisianne a fait ça, Louisianne est en week-end …et que ça leur suffit.

Mais Martine le sait et le dit elle-même : le jour où je ne serais plus là, la famille s’éloignera comme les branches d’un arbre qui s’écartent en grandissant. Belle métaphore, Martine étant le tronc.

Du coup, moi qui avait essayé pendant un temps de maintenir un lien, de prendre des nouvelles, je me suis lassée. Quand on ne parle plus aux gens on a plus rien à leur dire. Quand Cédric me voit il me dit ” ça va Louisianne” je dis oui. C’est tout.

Camomille ne demande jamais rien, trop occupée à raconter par le menu tout ce qu’elle fait.

Lors d’une grosse dispute avec mon frère, il m’a reproché de ne pas m’intéresser à lui ! 
J’ai répondu que ce n’est pas moi qui ait voulu couper les ponts !

Quand on pose des questions et qu’on obtient que des réponses évasives, on se lasse ! Surtout que mes questions n’avaient rien d’indiscret : Alors ce voyage ? Raconte ! Tu as des photos ?

Les photos je ne les ai jamais vues, le voyage je n’en ai jamais rien su, donc je me répète, on ne partage plus rien !

Quand je suis partie à Cuba ils m’ont demandé pourquoi je n’en avais pas parlé. Je n’en sais rien, ce n’est pas que ce soit un secret ! Mais moi quand je n’ai plus rien à dire aux gens, ben je n’ai rien à leur dire !

Servane le savait bien sûr ! Et quand je suis revenue idem, ils m’ont demandé pourquoi je ne racontais pas… Ben quand je n’ai rien à dire aux gens, plus rien, je ne dis rien ! Je ne sais pas me forcer ! 
Alors que mes amis ont entendu mes récits enthousiastes.

De temps en temps Cédric me voyant trop silencieuse, me parle de livres, car il sait que je lis, alors il trouve un sujet qui va me plaire. Mais bon il n’y a pas que ça qui cloche dans ma fratrie !

Cédric adore dire le contraire de ce que je dis. Tout comme le faisait mon père. Un jour j’avais remarqué que tout se passait bien avec mon père en tête à tête, mais qu’il cherchait toujours le conflit en famille. Depuis ce jour j’ai cessé de répondre à la provocation. Mon frère est pareil. Nos disputes mémorables en famille ont fait qu’on ne nous met jamais côte à côté à table. 
Aujourd’hui je ne dis plus rien, je ne réponds plus. S’il s’agissait seulement de défendre une opinion, mais non le but est toujours de me rabaisser, de me faire passer pour une idiote, de toujours mettre en doute ce que je dis. Attitude qu’il a aussi avec Martine.

Quand à Camomille il faudrait écrire un roman sur elle. Elle et moi c’est le jour et la nuit, aussi bien physiquement de que caractère. Nous ne nous disputons plus depuis l’enfance, mais il est impossible d’être proche d’elle. C’est malheureux à dire, mais avec elle je me force, je fais des politesses. Je l’aime quand même, c’est ma sœur, et comme tout le monde elle a de bons côtés.

Et aussi des enfants que j’aime !

Finalement je suis plus proche de mes neveux et nièces ! Avec eux je papote, par Face de Bouc ou par mes filles, j’apprends des petites choses, j’ai des nouvelles. Une de mes nièce se plaint de sa mère et me raconte tout, elle m’a dit : toi tu penses comme nous !

Il est vrai que je me sens plus proche de leur problèmes, que je ne le serai d’un adulte qui me dit : bon sang ma fille doit absolument terminer son année dans cette école prestigieuse, vu le prix que je paye !

Idem je peux comprendre qu’on soit fier que son enfant intègre telle filière, mais pas au point de fanfaronner :  j’en ai vu un ou deux tout arrêter en route, et moi j’ai toujours considéré que l’essentiel est que mes filles soient bien dans leur baskets, pas qu’elles redorent mon ego de mère “qui a bien élevé ses filles la preuve elle rentre en MatspécommerceSupdeTruc”

Voilà pourquoi je peux difficilement partager avec ma fratrie ! Et comme disent les psys, dans une famille, on vous assigne un rôle que vous gardez à vie !

Louisianne est une bohème (je ne porte pas de jupe longue en coton indien ni de fleurs dans les cheveux), un peu irresponsable,  très laxiste avec ses filles, (je les trouve plutôt super bien mes filles !) une cigale qui danse tout l’été, et ne sait pas compter… 
qui ne s’est jamais remariée car elle doit être ou trop difficile, ou veut rester libre (donc égoïste)… 
Ou alors c’est parce qu’elle ne sort qu’avec des jeunes (enfin on ne sait pas trop ce qu’elle fait avec eux, elle ne veut pas vieillir ça doit être ça).

Bon vous voyez le tableau.

Mais revenons à la Sauvageonne

à suivre