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Cette nuit là, les enfants n’ont pas dormi à la maison. Marthe a dormi seule dans sa chambre, tant mieux.

Elle passe une nuit horrible. Elle tourne en rond, se retourne, se tourne. Les pensées se bousculent dans sa tête.

Non pas moi ! Pas maintenant ! Pas comme ça ! C’est ridicule !

Elle est passée à travers les orages de la vie, à travers les gouttes, elle a échappé au pire. Pas seulement parce qu’elle a eu de la chance, mais parce qu’elle n’a jamais été naïve, jamais imprudente…

Et là maintenant après des années de désert !

Le jour se lève. Plus besoin d’excuses pour reculer. Marthe sort cet horrible engin qui s’achète en pharmacie.

Elle avait oublié… C’est si loin, quel âge a son deuxième fils ? 16 ans !
Ça ne date pas d’hier sa fréquentation avec cet engin bizarre. Un coup sur deux il ne fonctionne pas, elle s’en souvient maintenant, poubelle ! Heureusement il y en a deux. Elle tente de se détendre les yeux fixés sur le plafond.

Puis enfin elle jette les deux, emballés dans trois sacs en plastique, comme ses fils quand ils croient qu’elle ne remarquera pas l’emballage des p*réservatifs.

Dans la matinée, elle envoie un sms : “appelle moi”.

Marthe passe une journée étrange. C’est un jour de fin d’été. Elle pense à ses fils, elle pense qu’elle va dîner chez son frère le soir, elle pense à des tas des choses, mais elle presque oublié.

Le temps aussi est étrange, venteux, ni chaud, ni froid.

Vers 19 h son portable sonne. Marthe était à la table d’apéritif en famille, elle s’éloigne dans le jardin pour s’isoler. Il lui parle de choses et d’autres. Puis il lui dit : “alors ce test ?”
Sur le coup c’est à peine si elle sait de quoi il parle !
Puis elle percute : c’est bon pas de soucis !
Toujours cette même pudeur dans les mots, aucun d’eux n’a été très précis, alors qu’ils pouvent être très crus par moments. Puis ils passent à autre chose.

La vie est un éternel recommencement.
Marthe a pensé que tout s’arrêtait, que certaines choses ne concerneront jamais que ses fils.
Qu’elle était la voix de la sagesse, celle qui dit “attention, sois prudent, amuse toi, oui mais protège toi”.

Elle a presque pensé qu’elle était un corps sinon desséché, mais qui attendait de l’être, car il n’a rien d’autre à attendre.

Elle a pensé qu’elle était un cœur non pas desséché, mais qui ne pourrait plus aimer que des enfants, des amis, voire des petits enfants un jour.

Mais finalement certaines angoisses l’ont rendue à la vie.