Il y a une scène d'un film qui m'a marquée... Ce film est archi nul, archi ennuyeux, mais cette scène est le petit rayon de soleil, dont j'ai parlé un jour, la toute petite chose qui fait qu'on ne regrette pas de l'avoir vu !

Dans cette scène, une jeune femme en larmes appelle une amie... Elle est loin de chez elle, et appelle son amie du bout du monde...
Et d'après ce qu'elle dit, on peut imaginer qu'il ne s'agit pas d'un coup de blues... Un vrai grand désarroi, elle dit :

- je ne sais plus où j'en suis... je ne reconnais plus l'homme que j'ai épousé...

et d'autres phrases du même genre...
L'amie au bout du fil fait une chose que je déteste pour commencer : parler à une autre personne dans la pièce où elle se trouve. On apprend ça en stage de communication : la personne au bout du fil ne vous voit pas, elle ne peut pas savoir que vous parler à quelqu'un d'autre... C'est très impoli !

(J'avais une collègue qui était spécialiste... Si elle était au téléphone et que j'arrivais, elle disait : "bonjour euhhh Louisianne" (en plus elle hésitait sur le prénom)... puis "ah non je parlais pas à vous, mais à ma collègue".
Je lui ai expliqué 10 fois que dans ce cas, elle n'avait qu'à me faire un petit signe de tête et qu'elle me dira bonjour plus tard !
J'ai ainsi raccroché un jour au nez d'un contribuable dans l'exercice de mes fonctions, si si ! Je lui expliquais des choses très complexes, et voilà qu'il parle en même temps que moi "partez devant, je vous rejoins à la cantine" Blam ! )
mais je m'égare !

Après avoir fait cette chose particulièrement désagréable, l'amie au bout du fil lui dit, "
- je suis bien désolée pour toi, désolée que ça n'aille pas, mais rappelle moi plus tard ok ?

Parce que moi si une amie me dit "je ne reconnais pas l'homme que j'ai épousé" je ne sais pas mais l'affaire me parait grave ! Ça vaut la peine qu'on s'y arrête !

Scène particulièrement bouleversante... Pourquoi parce que je l'ai vécue, parce qu'on l'a peut être tous vécu...
C'est le cas où tout va mal... Ou j'ai déjà tout essayé : relativiser, attendre que ça passe, changer de regard, pleuré dans le giron de maman...
Ce n'est pas juste une crise de larmes un soir sur l'oreiller, ce n'est pas juste un soir de blues, ce n'est pas non plus un deuil, parce que le deuil je sais que c'est dur mais qu'il faut laisser le temps au temps...
C'est une situation, ou plutôt une série d'événements, de soucis qui s'enchaînent et qui font que j'ai l'impression que je m'en sortirai pas...
C'est plusieurs jours à tourner en rond, les larmes au bord des cils...

Que faire dans ces cas là ? Aller voir un psy qui n'est au courant de rien et à qui il va falloir expliquer en long en large et en travers tout ce qui fait que ?
18 séances rien que pour expliquer mon parcours, mariage, filles, famille, mais que là n'est pas le problème, le problème figurez vous c'est que depuis octobre...

Alors c'est comme ça que souvent on fait un numéro de téléphone... Et quand on a une telle réaction au bout du fil, ça fait vraiment mal...
Bien sûr tout le monde n'a pas eu une formation de psychologue... mais une formation d'ami(e) ça existe ? Non ?

Et si je réfléchis à tout ça, c'est parce que vendredi, j'ai appelé Laurent...

Et ça faisait des siècles que je ne l'avais pas appelé pour cette raison là : ça ne va pas !
Pourtant je sais que ce qu'il me va me dire ne m'aidera pas, et je le connais tellement bien que je sais avant de l'appeler ce qu'il va me dire...

Alors je me suis demandée pourquoi ! Je suis une grande fille, maintenant, les solutions je les trouve toute seule, je n'aime pas les conseils...

C'est peut-être pour ça... Il ne m'envoie jamais balader. Il prend en charge le problème... Il parle peut-être trop, il ne dit pas forcément ce que j'aimerais entendre (j'aimerais entendre quoi d'ailleurs ?), mais il est là...