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La fenêtre de ma chambre de jeune fille donnait sur la place de la gare.

Enfin dans une deuxième partie de vie, parce que dans mon enfance, je partageais ma chambre avec Camomille et la fenêtre donnait sur une cour fermée.
Plus tard il y a eu des changements, Camomille, insupportable, sans sommeil, somnambule a eu une chambre pour elle seule, et j’ai partagé ma chambre avec Servane devenue trop grande pour dormir avec mon frère.
Aujourd’hui nos enfants trop gâtés ne supporteraient pas de partager leur chambre !

J’aimais bien cette vue. La vue sur la cour est trop sinistre. La vue sur la gare est dégagée, le premier vis à vis est très loin de l’autre côté de la place. Il y a toujours de l’animation, les voitures qui tournent en cherchant en vain une place. Les taxis stationnés qui attendent les clients. Les cars qui déposent des clients et attendent en laissant tourner le moteur. Pas de bus, non, les bus passent dans la rue devant la place mais ne rentrent pas sur la place. J’ai toujours ignoré la destination de ces cars d’ailleurs. Parfois ils donnaient un léger coup de klaxon quand un imprudent automobiliste croit qu’il pouvait se garer en double file en attendant que son voyageur préféré descende du train.

Car malgré ses airs de petite gare de province aux quais fleuris, cette gare est très animée. Terminus, elle déverse tous les quarts d’heure son lot de passagers pressés de rentrer chez eux le soir. Le matin, le ballet s’inverse avec les gens pressés d’aller travailler. Peut-être y a t-il des gens qui arrivent le matin pour aller travailler, mais c’est plus rare.
La place devient noire de monde (ou presque) tous les quart d’heure aux heures de pointe.
Ce qui nous faisait dire en famille : voilà un train ! Pour parler de personnes humaines ce qui n’est pas très sympa !

Quand j’utilisais moi-même cette ligne, j’étais ravie : je n’avais que deux pas à faire, j’étais la première rentrée chez moi parmi les passagers du train !

C’était aussi une période peu agréable pour nous, ce moment de passage intensif. Je détestais passer la porte cochère pour tomber dans une foule pressée. Très délicat également de rentrer ou sortir la voiture à ce moment là !
Les piétons pressés passent devant la voiture même si ils voient a porte cochère est ouverte et qu’ils nous empêchent du coup, de libérer le trottoir. Ou ils passent derrière la voiture en râlant parce qu’ils doivent marcher sur la route. Si ils pouvaient, comme dans la pub, ils ouvriraient la portière pour passer ” à travers la voiture “.

Ce qui nous a fait dire souvent : attendons que le train soit passé !  pour parler de personnes etc…

C’est à dire attendons que la rue retrouve son calme habituel pour entrer, sortir, décharger ou charger. Quand je rentrais ma voiture par exemple, je la garais à moitié sur le trottoir, je sortais en prenant ma clé  de voiture et mon sac à main (très important) et j’ouvrais la porte cochère.

C’est encore le cas aujourd’hui quand je dépose Martine, même le dimanche. Souvent je dois l’aider car elle a quelque chose à décharger dans mon coffre. Je suis toujours prudente, je prends mes clés de voiture, je garde mon sac à main. Une fois tout cela fait, il faut parfois faire plusieurs voyages en coupant la route aux piétons, tandis que Martine tient la porte cochère.

Les inconvénients de la ville !  Je dis souvent que je suis ravie d’avoir un “sas de compression” entre ma rue calme et la rue commerçante dans Ma Ville, quand je sors à pied. Je ne suis pas dans la foule dès que je passe le portail.

Mais revenons à la place de la gare. Passé les heures de pointe, c’est le calme plat. À part les bus et les taxis (quasi disparus aujourd’hui) les trains déversent quelques voyageurs isolés. Le bruit qui revient sans cesse est le bruit du moteur du car qui tourne. Un bruit étrange, mélange de bruit de moteur et de soufflerie comme les camions frigorifiques.

Je me souviens des rares fois où j’étais malade. Je manquais rarement les cours. J’entendais ce bruit et ça me faisait drôle. La vie tout autour, et l’impression d’être en dehors de la vie, d’être la seule à être chez moi. La maison est vide, tout le monde est ailleurs. J’imagine le lycée qui continue sa morne vie, monotone, ces cours où je ne suis pas. Si je regarde par la fenêtre, les branches d’un arbre énorme où chantent les oiseaux me masquent un peu la vue.

Des années plus tard, à la mort de mon père, pour tenir compagnie à Martine j’ai passé une nuit dans ma chambre de jeune fille, devenue la chambre des petits enfants : Athéna et Artémis. J’ai très mal dormi et je me suis demandée si les cars étaient aussi bruyants avant et comment j’avais pu supporter ça !

Si je pense à tout ça, c’est que la fenêtre de mon bureau, au deuxième étage donne sur l’entrée des livraisons de la cantine. Très souvent l’après midi des camions s’arrêtent en laissant tourner le moteur. Et ça dure et ça dure ! Exactement le même bruit !

Je ne sais si c’est le fait que ce bruit je l’ai entendu souvent lors de “journées blanches”, mais il n’y a rien de plus soporifique !
Ce bruit me donne une furieuse envie de faire la sieste !

Ma nièce Manuréva devrait m’envoyer une photo de la place de la gare, mais bon vous connaissez les djeuns !

En attendant d’en prendre moi-même, voici des photos qui ne sont pas de moi ! N’hésitez pas à revenir !

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Vue de la fenêtre:

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