ciel0001Ma soeur Camomille et moi avons trois ans d'écart. Lorsque nous étions petites, nous partagions la même chambre, et adorions parler le soir au lit. Mes parents devaient intervenir plusieurs fois pour nous demander de dormir. Nous tentions de parler plus bas, ou de "rire dans nos oreillers" mais bien sûr nous étions facilement démasquées !
Nous mettions un point d'honneur à dire une dernière phrase chacune avant de dormir :
- bonsoir Louisianne chérie
- bonsoir Camomille chérie.
Après cela interdiction de reparler. Mais comme nous étions d'insatiable bavardes, nous recommencions à parler, ce qui fait que nous devions nous redire la phrase fétiche quatre ou cinq fois !

Les week-ends, dans la maison de campagne, mes parents dormaient dans une chambre et tous les enfants dans l'autre. Cette fois mon frère Cédric était avec nous, élevé avec des filles, il n'a rien à leur envier côté bavardages ! Nous nous racontions des histoires, chacun notre tour, et nous terminions par les phrases fétiches, sauf que nous ajoutions Cédric chéri et papa chéri et maman chérie, vu qu'ils entendaient tout dans la chambre à côté. Ma petite soeur Servane née dix ans après moi, n'a pas vécu cela, elle dormait avec mes parents.

Le temps a passé. Ça m'a fait tout drôle de me retrouver seule avec un mari peu enclin à parler, et surtout pas au lit !

J'en arrivais à regretter de ne pas dire "bonsoir Camomille chérie" avant de dormir.

Lorsque mes filles ( deux ans d'écart) partageaient la même chambre, ça me faisait tant rire de les entendre discuter dans le noir, que je n'avais pas le coeur de leur dire de se taire ! Même quand elles ont eu chacune  leur chambre, il leur arrivait de dormir l'une dans la chambre de l'autre pour piapiater !

Il y a deux ans ma soeur Servane nous a invité à passer un week-end dans la maison de campagne de son beau-père. Nous n'avions plus la maison de campagne et avions décidé de faire une fois par an un week-end tous ensemble, dans un gîte ou ailleurs.
Servane qui est chez elle, dort avec son mari dans une petite chambre. Nos dix enfants ravis tous dans une chambre. Je partage une grande chambre avec Camomille et son mari, Cédric et sa femme. Et voilà que mon frère se met à dire "Bonsoir Camomille chérie, bonsoir Louisianne chérie". Nous éclatons de rire à ce souvenir et nous mettons à nous raconter les mêmes bêtises qu'avant tandis que la femme de Cédric et le mari de Camomille nous prennent pour des authentiques cinglés !

Mes filles ont grandi. L'été je dors dans un grand lit, elles dans des lits superposés. Et nous parlons le soir. Nous rions comme des gamines... Bien sûr je reste la mère et il leur arrive de se raconter des choses que la pauvre vieille ne peut pas comprendre.

En juin je suis allée à Center Parc avec ma mère et ma soeur Servane. Servane s'est retrouvé du jour au lendemain seule avec ses deux filles, son charmant mari parti avec une autre. Alors comme j'emmène tous les ans ma mère prendre l'air à Center Parc, j'ai emmené Servane et ses filles. Nous nous retrouvons dans la même chambre. Sa fille de 3 ans dort par terre sur un matelas et s'endort très vite. Nous nous mettons à parler. Bien sûr la période difficile que vit Servane suscite les confidences. Quand elle veut dormir, je proteste, non non avec Camomille on parlait bien plus longtemps que ça !
J'avais oublié ce plaisir là... C'était si loin !

Et puis il y a eu cet été. Athéna est avec son copain. Elle ne dort plus dans notre chambre. Elle en ressent une certaine jalousie parfois, et nous dit que quand Martin remontera à Paris où il a des démarches à faire elle reviendra dormir avec sa mère et sa soeur !
En juillet je descends tous les vendredis soir en voiture. Artémis ne se couche pas tant que je ne suis pas là. Vers minuit en général, sauf cette fois là où je suis partie plus tard. Artémis m'appelle régulièrement pour savoir où j'en suis. Une amie à elle Sophie que je connais bien attends avec elle. Je lui dis plusieurs fois au téléphone de se coucher de ne pas m'attendre. J'arrive à deux heures.
Je dis à Sophie de rester dormir, elle ne va pas réveiller ses parents si tard. Les deux filles se couchent dans les lits superposés, moi dans le mien. Je croyais être épuisée par le voyage. Erreur. Nous nous mettons à parler et c'est génial. Nous parlons jusqu'à 4 heures et nous tombons de fatigue...
Une autre fois c'est une autre amie des filles qui dort à la maison. La conversation est moins intéressante, ce n'est pas magique avec tout le monde. De plus elle a du mal à comprendre que l'on ait encore envie de parler, Artémis et moi !

Un soir deux copains de mes filles dorment à la maison après une fête. Athéna et Martin propose un lit dans leur grange, mais ils ne veulent pas déranger le petit couple.
Comme ma tribu est partie, les lits ne manquent pas, je leur propose une chambre. L'un deux proteste : oh non on dort avec vous ! Je propose alors qu'Artémis dorme avec eux dans une autre chambre. Non rien n'y fait. L'un deux me connaît bien, il sait que j'aime parler, il me parle souvent. Il dit à mes filles qu'il veut leur piquer leur mère !
Du coup nous dormons tous les quatre, je cède mon lit aux garçons. Et nous parlons jusqu'à 5 heures. Bien sûr avec les garçons ce ne sont pas des confidences, ce sont beaucoup plus de bêtises.
Le lendemain au petit déjeuner quand nous évoquons nos âneries, Athéna n'est pas contente, la prochaine fois on fait un dortoir !

Il y a  eu aussi des soirs où par un jeu de lits musicaux (comme les chaises on tourne quand une des filles veut dormir avec une cousine ou qu'une des deux n'est pas là), je me suis retrouvée avec une seule de mes filles dans la chambre. Et là j'ai retrouvé les joies d'antan...

A moins de trouver un jour un Jules aussi bavard que mon frère, le jour où mes deux filles seront parties, il faudra que je songe à créer une communauté de filles qui aiment parler dans le noir !