Samedi j’étais invitée à un anniversaire surprise. Celui de Gwenaël. Un ami commun m’a donc invitée à la dernière minute pour un apéro dinatoire. Je ne suis jamais allée chez cet ami commun, appelons le Anatole.

Il m’a donné l’adresse 22 rue des abreuvoirs. Il m’indique aussi qu’il faut me garer au supermarket, il n’est pas facile de se trouver des places. Je comprends, chez moi aussi les places sont chères et je conseille toujours le parking de la gare.

C’est une ville  de l’Ile de France, mais chez moi, si on prend la route en tournant le dos à Paris, c’est vite la campagne.

Une ville que l’on pourrait presque appeler ville nouvelle : le côté village avec l’église, la mairie, la boulangerie et les maisons en meulière est presque inexistant, quasi inconnu pour la plupart si on cite le nom de la ville. On connaît son immense centre commercial au milieu des champs, ses maisons témoins, son immense jardinerie. Voilà pourquoi je dis ” ville nouvelle ” : des grands axes, des ronds-points, des immeubles sans âme, même si cette ville contrairement à d’autres a la chance d’avoir une gare.
- Grand axe, à une heure de Paris ! dit le promoteur de la maison témoin avec un sourire jusqu’aux oreilles.
Il oublie de dire qu’une heure de trajet c’est seulement en semaine aux heures de pointe, et encore quand il n’y a ni grèves, ni pannes techniques.

Bref je pars avec un peu d’avance, je connais bien le début de la route, c’est celle que j’empruntais pour aller à la maison de campagne.
Au début tout va bien le GPS est branché. Mais bien vite les choses se corsent. J’ai pourtant pris la bonne sortie. Je me retrouve dans un coin pavillonnaire. Le GPS veut absolument me faire prendre un cul de sac. Quand j’essaye autre chose, il veut que je fasse demi-tour, et si j’ai le malheur de prendre une des rues pavillonnaires, j’en ai pour 10 minutes à m’en sortir, toutes les rues en sens unique, c’est un lotissement sans fin.

C’est le moment où je pense : j’en ai marre, tant pis je rentre !
Et j’avoue que je l’ai déjà fait lorsque je me rendais à des soirées dansantes ! Aussi bien en ville qu’à la campagne, même avec le GPS, on finit par devenir chèvre ! Mais là c’est une invitation, je ne peux pas repartir !

L’heure tourne, je pensais être la première, et je vais être la dernière, Anatole m’envoie un SMS, je lui réponds que je tourne en rond, il me dit de me garer au supermarket !
Pour ça il faudrait déjà que je sois dans sa rue ! Il doit croire que je cherche une place.

J’en ai assez, je quitte le cul de sac et je repars vers la grande route à 4 voies, après avoir ramé un peu le GPS retrouve ses esprits ! En réalité j’étais encore très loin. Il arrive que le GPS cherche d’improbables raccourcis par des chemins de traverse pour retrouver le vrai chemin.
Inutile d’essayer de régler Ton-Ton, j’ai déjà tout essayé !

 


Enfin j’arrive près de grands immeubles. Bloc d’immeubles, très hauts, très longs avec des balcons bleus, le GPS me dit que je suis arrivée. Je me gare sur une place de parking, il doit y en avoir deux mille, elles sont numérotées. Je me doute que c’est trop beau, que je ne pourrais pas rester là.
Je ne cherche même pas le supermarket, la flemme ! Je regarde le numéro : 20 rue des abreuvoirs. Je dois aller au 22.

Mais voilà un numéro ce n’est pas une porte.
Dans ma tête un numéro c’est une maison sur une route (je dois être campagnarde) ou alors une porte cochère d’immeuble hausmannien dans une rue (je dois être snob).

Je me dis que ce doit être la porte suivante, comme dans beaucoup d’immeubles. Non ce serait trop beau. À ce moment Anatole m’appelle, je lui dis que je suis garée sur le parking, il ne me voit pas. Enfin il me voit, je le vois aussi à son balcon. En fait le 20 c’est une barre d’immeubles, et le 22 un autre. J’avais raison, un numéro ce n’est pas une porte ici !
Il me dit que je ne peux pas rester là, ce sont des places réservées. Je m’en serais doutée. Ils pourraient prévoir des parkings visiteurs, mais cela doit être impossible. Il faut déjà un million de places pour le million d’appartement !

Anatole me montre le supermarket. Il est là, tout près… à pied. Derrière les blocs d’immeubles. Tout près à pied mais pas en voiture !
- Tu longes la route, tu tournes à droite au feu, tu te gares. Ensuite il faut que tu passes derrière à pied. L’entrée de mon immeuble est de l’autre côté, dos à moi !

Génial ! Quand je reprends ma voiture, j’ai de nouveau envie de rentrer chez moi.
Je repars vers le supermarket. Après un tour en voiture, je trouve le parking, il y a encore pas mal de monde à la station essence. Derrière c’est moins rassurant, il y a des travaux, des jeunes groupés écoutent la musique à fond.

Je dois passer sur une butte de terre pour trouver l’entrée de l’immeuble. Une seule entrée pour un immeuble qui doit faire…. de longueur
Pfft je ne sais pas je suis nulle en chiffre.

Un de ces nouveaux interphones que je déteste aussi : il faut trouver le nom à l’aide des flèches ! Je vous laisse deviner le nombre de noms, il faut réfléchir, voyons ça ira plus vite si je commence par A ou si je commence par Z ? Si encore on pouvait taper les trois lettres du début ! J’appuie par erreur sur un mauvais nom,  gênée j’annule, mais la porte s’ouvre. J’envoie un SMS à Anatole  ” quel étage ? ” il me répond deuxième à gauche.
Au deuxième je prends la porte de gauche : un immense couloir avec des portes, des portes, des portes ! Un peu comme ces hôtels trop grands que je fuis comme la peste. Des numéros comme ceux des parking, mais comment je fais ? Beaucoup de gens ne mettent pas leur nom sur la porte, moi c’est toujours la première chose que je fais quand j’emménage !

À ce moment Anatole m’appelle : tu es où ? J’étais descendu pour t’aider !
Je retourne à l’ascenceur. Là je le retrouve, il m’emmène vers un autre couloir : non c’est par là ! J’avais pris le mauvais ascenceur. Oui il y a des immeubles comme ça : si vous prenez le mauvais ascenseur, vous êtes du mauvais côté du couloir. Il y a une porte de communication, mais il faut deviner à quoi sert cette porte.

Je ne suis finalement pas la dernière, mais l’avant dernière. L’appartement en soi n’est pas laid, bien que petit. Ce sont des immeubles moyenne gamme, les gens sont propriétaires.

Le reste de la soirée, pas la peine de raconter, j’étais fatiguée par le parcours du combattant. Et puis c’est tellement loin qu’il faut se contenter d’un verre, il va falloir repartir. 
Par le balcon j’ai pu constater toute la soirée que la place où je m’étais garée à l’origine est restée vide. Anatole disait que c’était samedi que les gens devaient être sortis. Mais j’étais sûre que c’était faux, de nombreuses places étaient vides, il doit y avoir beaucoup d’appartements inoccupés. À part des immeubles et le supermarché, un bout de ciel, il n’y avait rien à voir.

Morale de l’histoire :
Je ne comprends pas que l’on puisse entasser les gens comme ça. Quand je cherchais un appartement j’ai toujours fui les grands immeubles anonymes. Et pourtant en ville ils sont beaucoup moins grands que ceux que je viens de décrire. Et si vraiment je dois habiter un grand immeuble, je préfère qu’il ait du caractère. Pour moi habiter au 3ième gauche, 5ième porte à droite me donne l’impression d’être un numéro.
Que ce soit un parcours du combattant pour ceux que j’invite me gênerait aussi. Je dois être snob et campagnarde !

Si j’étais un promoteur je construirais des immeuble de quatre étages pas plus avec un appartement par étage, deux à la rigueur. Il y aurait aussi un parking visiteur, quitte à mettre un interphone au parking, en effet en ville c’est risqué de laisser un parking d’immeuble en libre accès.

La deuxième morale de l’histoire, c’est que je comprends les casaniers ! Je ne compte plus le nombre de fois où je me dis : ” mais qu’est ce que je fais là, j’aurais du rester chez moi ! “.
Et vu que le travail et le fait de me lever le matin me pèsent de plus en plus, je pense que je vais penser ça de plus en plus souvent !