Finalement je parviens à trouver le sommeil.

Et le lendemain le jour se lève… Et je n’ai aucune envie de rester au lit ! À cet époque Benjamin pouvait dormir jusqu’à midi.
Quand j’allais le voir dans son studio, je m’ennuyais à mourir en attendant qu’il se lève, moi qui suis plutôt lève tôt, oui, même les lendemains de fête ! Heureusement il a changé quand nous avons eu les filles, car il n’y a rien de pire que d’être décalé dans un couple !

Non je ne vais pas rester là à le regarder dormir, surtout après la scène d’hier soir, j’ai envie de m’amuser moi ! Je veux ma tribu !

Je sais que mes sœurs et mon frère ont fait la fête toute la nuit, ils n’ont pas du se coucher. Et puis un bon petit déjeuner nous attend à l’hôtel. Je secoue Benjamin, rien à faire, il ne veut pas se lever.

Je me lève, je m’habille et je vais prendre le petit déjeuner toute seule dans la grande salle de l’hôtel. Quand je remonte Benjamin n’a toujours pas bougé. Je prends mon sac et je pars. Je vais conduire la R25 finalement je suis contente, je pensais ne pas avoir à le faire !

Je file à la Sauvageonne. Je pense y trouver ma fratrie. Mais à la Sauvageonne mes parents dorment profondément. Ils me disent qu’ils ne savent pas où sont leurs autres enfants, ils ne sont pas rentrés de la nuit. Je décide de repartir pour la salle des fêtes. J’ai garé la voiture n’importe comment devant la Sauvageonne, et je dois reculer pour redescendre le chemin. Sauf que je ne peux pas passer la marche arrière.

À cette époque je ne connaissais pas l’anneau Renault, ma R5 n’en avait pas ! Inutile d’insister je ne vais pas casser la voiture !

J’appelle mon père, à cette époque il n’avait pas encore sa Nevada, c’est ainsi qu’il a connu l’anneau Renault ! 

Je lui dis : il faut m’aider à pousser la voiture en arrière, pour je reparte en avant ! Il proteste : pour la pousser en arrière, il faut qu’elle remonte la pente, et la pente est pentue :

- Tu es folle, une voiture pareille doit peser une tonne !
- Non ! Les voitures modernes sont légères !

Martine nous aide aussi, je la mets au volant car j’ai plus de force qu’elle, et nous poussons la voiture effectivement légère comme une plume !

Puis je repars. Sur la ligne droite, je croise une voiture, la mienne, ma R5. Nous nous arrêtons en pleine voie, il n’y a personne sur la route.

Tous sortent de la voiture, Cédric, mon cousin, Camomille, Luc, Servane. Ils rient comme des fous et me racontent leur nuit, ils ont fait la vaisselle, squatté la terasse du café du centre en attendant l’ouverture et en disant au patron : on veut le petit déjeuner mais on a pas d’argent ! Le patron leur a fait crédit !

À un moment je m’accroche avec ma sœur je ne sais pas pourquoi, Cédric sort sa phrase habituelle quand le ton monte : Apéritif pour tout le monde ! Et il sort une bouteille de whisky de la voiture !

Ensuite ils m’accompagnent à l’hôtel où nous allons réveiller Benjamin. Je mets ma belle robe blanche, celle prévue pour le lendemain, une robe années 60, large et courte. Puis je vais réveiller tous les invités en tapant à toutes les portes : debout tout le monde, on va manger à la salle des fêtes !

Puis je descends au premier étage réveiller Laurent. Il m’ouvre et s’étire, il plane complètement, il n’a pas entendu un seul bruit dans la nuit !

En partant je vais voir la patronne de l’hôtel, je remarque un mot posé dans le hall :

“Invités du mariage : Merci de ne pas réveiller la chambre 10, longue route à faire demain !”

Je ris : Oh la la ! Ils ont du être réveillés !

Ensuite c’est le repas, de bons souvenirs, du soleil, des aurevoir et à bientôt.

Plus tard j’ai raconté à Laurent la nuit de noces, et comme j’avais eu envie de venir frapper à sa porte, mais je pense qu’il avait le sommeil trop profond pour réagir !

Des années plus tard encore, j’ai raconté à une amie le lendemain de la nuit de noces, et elle m’a dit qu’elle n’avait jamais entendu une histoire pareille : la mariée,  le lendemain de son mariage part toute seule en voiture à la Sauvageonne. Maison des parents, maison de la tribu.

Elle m’a même dit que la réaction de mes parents, ou plutôt leur absence de réaction et d’étonnement était surprenante : J’imagine la tête de mes parents si le lendemain de mon mariage j’avais débarqué chez eux : “mais qu’est ce que tu fais là ! Ils auraient cru à une scène de ménage irrémédiable ! “