Hier soir je ren­tre à la mai­son, les filles sont là. Après avoir nourri mon chat, rangé deux trois trucs, j’appelle Mar­tine. Je tombe sur Manu­réva : euh je crois qu’elle peut pas te par­ler. Grand mère tu veux par­ler à Loui­sianne ? J’entends la voix de ma mère en toile de fond :
- Non elle ne peut par par­ler, appelle Camo­mille sur son por­ta­ble.

Mar­tine qui ne veut pas par­ler, c’est grave ! Je pani­que un peu, mais vu que Mar­tine parle, ça doit aller. Je me dis qu’elle a du faire un malaise, qu’elles atten­dent le méde­cin, j’appelle ma sœur, mais elle est sur mes­sa­ge­rie. J’appren­drai plus tard que ma sœur était chez elle, et n’a pas com­pris pour­quoi Manu­réva m’a dit d’appe­ler sur son por­ta­ble.

Du coup je rap­pelle Mar­tine, elle répond. Elle a des san­glots dans la voix, mais com­mence par me bom­bar­der de ques­tions :

- Athéna est repar­tie à Gran­de­Vil­le­du­Sud, elle repart quand ?
- OUI NON… mais arrête ! Dis moi ce qui se passe !

Alors elle me dit : Raoul et Denise sont morts tous les deux ! Mon oncle et ma tante, donc, le frère de mon père. Mon oncle, et aussi mon pro­prié­taire qui m’a appe­lée la semaine der­nière pour par­ler du plom­bier que j’ai fait venir, des trucs tout bêtes, maté­riels, la vie quoi !

Mar­tine me dit que Manu­réva et Marianne ma belle sœur lui tienne com­pa­gnie, qu’elle est con­tente d’habi­ter en des­sous d’eux. Cédric est en dépla­ce­ment à Mar­seille.

Je ne demande pas de détails, je lui dis : j’arrive avec les filles.

Athéna s’habille. Arté­mis ne veut pas bou­ger. Vu ses pro­pres sou­cis je com­prends. Elle me dit qu’elle ne veut pas voir sa grand mère pleu­rer. Athéna me pro­pose de con­duire.

Je n’entre­rai pas dans les détails de leur décès pour le moment, c’est trop tôt et même sous cou­vert de l’ano­ny­mat, ça me parait pres­que impu­di­que de par­ler d’eux. De tou­tes façons ça change quoi ? Deux per­son­nes s’en vont c’est cela qui compte…

Nous avons passé la soi­rée à par­ler, à nous sou­te­nir, chez Mar­tine, avec Marianne et Manu­réva.

Dans la soi­rée Cédric en dépla­ce­ment m’a appe­lée. Je recon­nais bien là la tribu. Tous pour un, un pour tous.

J’ai mal dormi bien sûr.

Attends Raoul, j’ai encore des cho­ses à te dire, attends tu avais des pro­jets pour la mai­son !

Un choc. Une page qui se tourne. Mais bien sûr rien de com­pa­ra­ble avec la mort de mon père.

Et j’ai pensé à l’ave­nir. Car égoïs­te­ment on finit tou­jours par pen­ser à soi, et à mes filles aussi.

Je savais qu’un jour je devrais quit­ter cette mai­son que je loue à mon oncle. Mais je me disais que j’atten­drai que les filles par­tent tou­tes les deux.

Beau­coup d’épreu­ves m’atten­dent pour les mois à venir. Je n’ai pas envie de démé­na­ger, pas envie de chan­ger de ville, pas envie de vivre en appar­te­ment.

J’en par­lais sou­vent à mes filles : si Raoul meurt, je devrais par­tir, je n’aurais jamais la même rela­tion avec son épouse qu’avec lui. J’igno­rais que lui et sa femme par­ti­raient en même temps.

Mais je veux voir le côté posi­tif. Je vais devoir pren­dre une déci­sion que j’aurai du pren­dre avant. Je vais chan­ger de vie et il y a tou­jours du posi­tif.

Je repar­le­rai de tout ça en temps utile. Mon blog con­ti­nue son petit bon­homme de che­min.

Je veux gar­der mon opti­misme légen­daire et croire à ma chance.