ado_voitureMartine n’a pas le sens de la conduite !
Mais ne lui dites surtout pas que j’ai dit ça !

Car elle se fâche  : Mais si je sais conduire, c’est juste qu’avec ton père je n’ai jamais pu prendre le volant ! Je conduirai aussi bien que toi avec un peu d’entraînement !

Euh ! Bon je reconnais que mon père ne cédait pas facilement le volant ! Encore que l’on peut remédier à cela, le mien non plus de mari, n’aimait pas me laisser le volant, mais je ne me laissais pas faire !

Je reconnais aussi que débuter en conduisant d’énormes peugeot break chargées à bloc, et quelquefois avec une remorque derrière, plus un homme qui donne des conseils à côté, ça n’aide pas….

Sauf que j’ai débuté avec la même grosse peugeot chargée à bloc, la même remorque, et le même homme casse pied à ma droite, Eugène, mon père !

Martine a passé le permis en même temps que moi. C’est dire qu’elle l’a passé tard, j’avais 19 ans, et elle 19 de plus que moi.

Le moniteur de l’auto école était un vieux crétin sadique. Il adorait houspiller, engueuler les jeunes filles timides (dont j’étais, mais mes copines et cousines aussi !) et restait correct et encourageant avec les femmes d’âge mur, même si elles conduisait comme des savates (Martine !)

Ma sœur et moi attendions parfois Martine qui revenait de sa leçon de conduite et pouffions de rire en voyant la R5 tousser, cracher, hoqueter, caler, pour finalement réussir un créneau !

Bon je me mets à la place de ma pauvre mère quand même !
Si j’avais du passer le permis avec Athéna et Artémis pliées de rire en me regardant !

Martine a eu le permis du premier coup par dieu sait quel miracle ! Moi aussi heureusement, car sinon elle aurait pu me dire  : nananère tu te moquais de ta mère c’est bien fait !

Mais tandis que je me lançais, tel un pilote chevronné, cheveux au vent, pied au plancher euh j’exagère là non ? au volant de la voiture de mon père, puis de ma petite R5, Martine peinait lamentablement, sous les soupirs exaspérés de sa fille aînée et de son mari.

J’aime conduire, j’ai le sens de la conduite, cela va souvent de pair. Mais Martine n’a pas le sens de la conduite, même si elle vous dira le contraire !

Je vous fais un dessin : Martine passe la première… prend de l’élan, normal jusque là ! Mais voilà le moment très délicat… il faut passer la seconde ! Et l’opération est tellement complexe, que Martine a perdu tout son élan  ! La voiture tousse, hoquète, fait de son mieux pour ne pas caler ! Hélas, il faudra renouveler l’opération, car il y a une 3ième et une 4ième vitesse ! Ouf la cinquième n’existait pas encore !

Devant cette incompétence chronique à passer les vitesses, je lui disais souvent :
- mais achète toi donc une automatique !
Ce qui la vexait : c’est pour les mamies, tu exagères ! Je n’en suis pas là !

Martine a conduit un peu le week-end durant une période où Eugène a mis un peu de bonne volonté, il fallait bien qu’elle conduise un peu. Sur la route des vacances, il soupirait, rongeait son frein :

-et voilà on se fait doubler par tous les camions que j’ai doublé, ya plus qu’à recommencer !

Il est vrai qu’à l’époque, il n’y avait pas d’autoroute tout le long, la route alternait entre deux, trois ou quatre voies, et il n’était pas toujours aisé de doubler des camions !
Aujourd’hui je pense à mon père, quand au hasard de mes arrêts je double ou me fait doubler 3 ou 4 fois par les mêmes poids lourds !

Puis la conduite de Martine s’est limitée à une seule chose : en arrivant à la maison de campagne, mon père descendait de voiture pour ouvrir le portail, ma mère se glissait au volant, et rentrait dans la voiture entre deux poteaux suffisamment écartés pour laisser passer un semi remorque !

Ce rituel a duré des années,  il nous faisait bien rire : ça y est Martine a conduit, elle est contente !

Plus tard ses petits enfants étaient pliés de rire en la voyant faire, ils ignoraient que leur grand mère avait le  permis !

Nous avions eu une jolie aventure, dont Martine parle encore. À l’époque, nous restions un mois et demi en vacances dans la maison du Sud, à la fin du mois, mon père rentrait en train, et ma mère restait seule avec les enfants. Ainsi un soir, après après avoir accompagné mon père à la gare à Petite Ville du Sud, pour le train de nuit, Martine prend le volant de la peugeot, pour rentrer sur les petites routes sinueuses et noires… sauf que c’est une départementale que je connais comme ma poche et qui ne fait jamais peur de jour comme de nuit ! 

Je monte à l’avant. Et voilà que deux kilomètres avant l’arrivée, une buse, les ailes déployées, passe à raz du pare brise, pour reprendre son élan, et s’élever dans les airs. Affolée Martine pousse un cri, les petits derrière crient aussi, Martine oublie qu’elle tient un volant, et de la main gauche, je ramène la voiture sur la route, car elle semblait vouloir aller s’encastrer dans la montagne de droite ! Heureusement vu la vitesse légendaire de Martine, nous n’aurions pas eu très mal !

Depuis, finies les aventures, à part celle du portail de la maison de campagne ! J’ai pris le volant en l’absence de mon père, en racontant parfois en riant à ma mère :

- Un papilllon s’est jeté sur mon pare brise, j’ai lâché le volant ! J’ai failli aller dans le ravin !

Cela dit une chouette est tout de même venue, une nuit se suicider sur mon pare brise !

Mais un jour hélas, mon père nous a quitté pour un monde meilleur.

C’est alors que tous d’un commun accord nous avons décidé que Martine devait reprendre le volant !

Cela tombait très bien, Cédric venait de racheter à la grand mère de sa femme, une fiat punto automatique ! Depuis le temps que je disais à Martine qu’une automatique c’était l’idéal, c’était le moment de le prouver !

C’est là que commencent les ennuis !