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En plus de ses super qualités que je vante souvent ici, Martine a fait médecine ! Ses supers qualités, rappelons le, on ne peut pas en placer une une grande capacité d’écoute, elle pense à votre place, un grand talent pour la psychologie, répète cent fois la même chose, le sens de la synthèse ! 

Ouh !  Que je suis vilaine, mais rassurez-vous, j’aime ma maman, je suis toujours là pour elle, je fais tout pour la distraire, la promener, et je lui pardonne bien volontiers ses travers, car elle a aussi de grandes qualités.

Elle a fait médecine (du moins on pourrait le croire) parce qu’avoir élevé 4 enfants, en plus de ses neveux et nièces dont elle a commencer à s’occuper très jeune, fait que les maladies n’ont aucun secret pour elle. Et bien sûr elle a toujours un remède de grand-mère à vous proposer, bien plus efficace que toutes ces saletés que le médecin veut vous refiler. 

Le seul qui avait grâce à ses yeux était notre vieux médecin de famille que j’ai toujours connu. Pas le genre gai luron, aussi impressionnant que son cabinet avec ses immenses tapisseries et ses meubles de style. Intimidant et tout. Mais c’était un vrai de vrai ! Qui se déplaçait à domicile dans la seconde, qui savait brûler une verrue et enlever un bouchon de cire, et ma mère n’a jamais eu de gynéco (pas plus que moi dans mes jeunes années) car le médecin savait tout faire. 

Un jour mon grand père est tombé malade, le médecin a passé la porte et a dit sans même l’avoir touché : vous partez à l’hôpital tout de suite !
Une autre fois, alors qu’il venait pour ma sœur, il m’a croisé dans l’escalier où je jouais, j’avais fait la veille une chute de vélo mémorable et j’avais toute une joue éraflée, le médecin a donné à ma mère une pommade pour m’éviter les cicatrices. Il arrivait qu’il vienne pour les 3 enfants, tous terrassés par une maladie infantile. 

Ce genre de médecin est irremplaçable et n’existe plus que dans les campagnes. Aussi quand il a pris sa retraite, bien que ma mère l’ait remplacé par un autre, pas le choix avec des enfants en bas âge, elle a décidé que le seul médecin c’était elle/

Aussi dès que l’un de ses enfants, même largement adulte et vacciné se racle la gorge, éternue ou est légèrement ballonné, Martine a aussitôt un diagnostic approprié. L’avantage est que si ça concerne la peau (rougeurs, boutons, eczéma) elle file vous acheter de la pommade, un gel douche spécial peau sensible, une crème de jour hydratante, et le plus souvent des marques qui ont fait leur preuve, du savon d’Alep, de la lanoline… Du coup je n’ai jamais eu à acheter quoi que ce soit à Artémis, qui a la peau sensible.

Mais ce qui énervait prodigieusement mon ex-beau frère Jean-Louis, c’est que dès qu’un bébé ou un enfant (les nôtres) était malade, elle faisait son diagnostic : ” il a ça ! Tu verras ce que je te dis ! Je suis sûre que le médecin te le dira “.
Quand l’enfant avait ” la déripette ” (traduction d*iarrhée) ou était constipé, c’était forcément la faute de la mère indigne (une de ses filles) ou alors sa belle-fille (mais là elle osait moins le dire) qui donnait forcément des repas totalement déséquilibrés au pauvre enfant innocent. 
S’il attrapait froid c’est qu’on ne l’avait pas assez couvert, et si il avait de la fièvre c’est qu’on l’avait trop couvert.

Mais là où Martine est la meilleure, c’est quand elle est son propre médecin ! Et l’histoire la meilleure la voilà :

Un jour Martine ne se sent pas bien, Jean-Louis lui dit :

- Mais pourquoi vous n’allez pas chez le médecin ?

- Ça ne sert à rien,  je ne sais pas ce que j’ai !

Quelques jours plus tard :

Jean- Louis : vous êtes allés voir le médecin ?

Martine : non ! Mais maintenant je sais ce que j’ai !