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Vendredi soir, Camomille avait organisé un repas pour l’anniversaire de ses natifs du mois de novembres, Chris, Marine et son mari Luc. Le tir groupé habituel.

J’étais épuisée, mais ça ne m’étonnait pas vraiment vu que j’étais sortie tous les soirs de la semaine, entre soirée latino et cinéma. Et samedi mon frère organisait aussi une soirée.

Je rentre chez moi pas trop tard, et je me couche, courbaturée, ballonnée. Malheureusement impossible de dormir alors que j’en aurais bien besoin. Je passe la nuit à vomir. Le matin mon chat me réveille deux fois, une fois pour manger, et une fois pour sortir alors que je me rendormais. Je n’ai plus rien dans le ventre, mais je vais quand même aux toilettes pour d’autres activités tout aussi réjouissantes. Je tiens à peine debout.

Je donnerais n’importe quoi pour avoir quelqu’un à la maison ! Athéna est à GrandevilleduSud, Artémis est toujours à Petite Colline. Elle est descendue pour l’anniversaire de Jérémy et n’est pas encore remontée, à se demander si elle vit encore avec moi !

J’aimerais tellement dire à quelqu’un : tu peux descendre à la cuisine et me ramener un verre de jus d’orange et un doliprane ?

Dans ces moments là je repense toujours à mon père, si gentil, si prévenant, si présent en cas de maladie.

Jus d’orange à défaut d’autre chose, je donnerais n’importe quoi pour un coca ! Quand je suis malade, je ne peux pas me passer de coca, sans bulle il est parfait pour l’estomac. Bon je vais dormir encore un peu, et quand il sera l’heure, une heure raisonnable pour se lever, j’irais à la poste, et j’irais acheter du coca.

Mais quand  l’heure raisonnable arrive, je me rends compte que c’est impossible. Impossible même de prendre une douche. Je ne tiens pas debout. Je me force à descendre pour boire et prendre un cachet, mais je me recouche aussitôt.

C’est très rare, il m’est arrivé d’aller travailler avec de la fièvre. C’est rare et insupportable ! Ne plus maîtriser, ne plus avoir le choix, moi ? Impossible !

J’appelle Martine. Je lui explique ce qui m’arrive. Je lui demande si Cédric ne pourrait pas passer pour m’apporter une bouteille de coca. Il prépare sa soirée, il doit bien avoir une douzaine de bouteille de coca. D’ailleurs je m’étais dit : je vais aller à sa soirée et rentrer tôt pour finalement me dire non impossible je n’y vais pas !

Martine me dit qu’elle peut venir en train. Je sais qu’il n’y a que deux stations de train, mais je ne veux pas qu’elle s’embête : Non, si tu ne trouves personne pour t’emmener en voiture, laisse tomber !

J’ai deux sœurs, un frère, une belle sœur, et deux neveux qui ont le permis, ça ne parait pas impossible de faire 5 km jusque chez moi ! En tout cas moi je n’hésiterais pas une seconde si on me demandait !
Martine me demande si je ne peux pas demander à un voisin. Je me dis qu’il vont me prendre pour une cinglée si je demande du coca, et qu’en apprenant que je suis malade, ils vont vouloir se mettre en quatre, ça va être presque gênant !

J’échange des SMS avec Athéna qui a toujours du mal à supporter quand sa mère n’est plus “une battante” :

- Au lieu de te plaindre, va voir le médecin !

Je lui réponds que je suis incapable de conduire. Elle me dit d’appeler SOS médecins. Pour une gastro, c’est un peu exagéré ! Et puis je pourrais toujours prendre un bain à défaut de douche, mais la maison est sens dessus dessous, et à quoi ça sert ? Il va me donner une ordonnance, et je suis incapable d’aller jusqu’à la pharmacie ! Le problème est toujours le même : il me faut quelqu’un !

Je me rendors. Vers 11 h, j’entends sonner. C’est Martine ! Je lui dis qu’elle  n’aurait pas du. Elle m’a apporté du coca :

- Tu es toute seule, tu es malade, je ne peux pas te laisser comme ça !

Heureusement qu’elle est là ! Elle me dit aussi que je suis toujours là pour elle, que je suis la plus disponible et la plus gentille de ses enfants, alors que c’est normal !
Elle a bien tenté de demander à Cédric, mais il avait à peine le temps de l’écouter.

Je lui fais un café, puis elle me dit de me recoucher, elle va faire un peu de ménage, et m’appellera pour manger si j’ai faim.

Je me recouche, apaisée. Ça fait du bien d’entendre du bruit dans la maison, de se sentir “comme avant”, une petite fille malade, mais en sécurité, dorlotée. 

Puis Artémis m’appelle, elle vient de se lever. Contrairement à sa sœur, elle compatit, ne tente pas de me secouer.

Vers 13h, je fais un repas léger avec Martine. Nous discutons un peu, et elle repart. Le soir elle dort chez Servane pour garder les enfants, elle est toujours débordée.

Je me rendors profondément jusqu’à 18 h. Ça fait vraiment du bien de dormir, de rattraper le sommeil en retard, dormir sans penser à rien !
Ensuite, je regarde un peu la télé. Puis après une soupe, je prends un bain, et je me couche. 

Ce matin, ça va mieux, j’ai pu me lever, m’habiller, et même faire quelque courses.

Souvent je me demande ce que je deviendrais quand Martine quittera ce monde. Même si ma mère m’agace souvent, je sais qu’elle est la seule à se soucier réellement de moi. Ce n’est pas que les autres s’en moquent, mais c’est comme ça. Je ne parle pas de mes filles, mais de ma tribu. 

Heureusement Martine va fêter ses 70 ans et elle est en pleine forme.