Un jour Alex a voulu me faire jouer à jeu sur internet, le style “qui veut gagner des millions”. Première question, quel était le prénom du personnage joué par Jean Reno dans Nikita ?

Je crie Victor, Alex est baba :

- Mais comment tu le sais !

- Ben j’ai vu le film !

- Mais moi aussi !

J’ai une mémoire d’éléphant ! C’est à moi que l’on demande le prénom du deuxième enfant de la cousine Gertrude, pas vue depuis dix ans.

Petite mon père râlait en me voyant apprendre mes poésies à vitesse grand V, avec une mémoire pareille, tu pourrais être la meilleure de la classe, si tu n’étais pas si paresseuse !

Paresseuse, moi ? Non grande rêveuse, nuance !

La mémoire c’est bien pratique dans le travail. Pratique pour trouver des points de repère, voyons voir c’était l’année où j’ai acheté mon château en Espagne, ou gagné à la loterie, donc c’était le…

Un jour j’ai fait un stage sur “développer sa mémoire”, à quoi bon vu que j’ai de la mémoire ?

Ce stage était vaguement neuneu, mais a confirmé ce que je savais déjà :

Si on est observateur, curieux, attentif, on retient forcément, on a de la mémoire. Les gens qui lisent et bien sûr ceux qui écrivent ont de la mémoire.

Les personnes âgées se plaignent souvent de perdre la mémoire, ce à quoi la formatrice répondait : c’était quand la dernière fois que vous avez essayé d’apprendre quelque chose ?

Depuis régulièrement j’apprends des poèmes, même si à priori ma mémoire fonctionne bien.

La mémoire est une chose étrange. Elle peut être tactile, olfactive, visuelle. 

Nos doigts ont une mémoire, nos gestes aussi.

D’ailleurs lors du stage, nous avons lu un texte, vous savez celui de Proust, le gars qui avait une copine qui s’appelait Madeleine…
J’adore cette blague débile, je voulais la caser !

Je suis restée 7 ans à travailler dans un immeuble au 4ième étage, une annexe de mon ministère. Les ascenseurs étaient petits, avec un miroir.

Puis j’ai changé de poste, puis encore rechangé, 2 ans, par ci, 7 ans par là. 7 ans dans bureau où je n’avais pas besoin de prendre l’ascenseur. Les rares fois où j’en avais besoin c’était de très grands ascenseurs sans miroirs qui parlaient pour nous dire à quel étage nous étions.

Puis en janvier, je reviens dans l’immeuble voisin (même architecture) où j’ai travaillé, mais ça fait pffft, dix ans ? Plus que ça ? 

La première semaine, à chaque fois que je monte dans l’ascenseur, j’ai envie d’appuyer sur le 4, alors que je travaille au 2.

À chaque fois ce réflexe me sort de ma torpeur matinale, mais pourquoi le 4 ?
Si on m’avait demandé à quel étage, je travaillais à l’époque, j’aurais du réfléchir.

Je n’étais pas au même numéro, mais à l’autre bout de la rue. Mais les ascenseurs sont les mêmes.

À croire que mes doigts ont retenu quelque chose que mon cerveau lui même aurait été incapable d’exprimer !