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Les week-ends ensoleillés, difficile de rester en ville. Pour plusieurs raisons, je me retrouve un peu telle que j’étais il y a deux ans ou plus. 

Je n’ai pas prévu grand chose. Je ne pars pas, la Sauvageonne est trop loin, et je ne suis pas très riche ce mois-ci. Je suis allée danser vendredi, et je n’ai rien programmé d’autres, à part un dîner chez un copain lundi soir (donc ce soir). 

J’aurais pu bien sûr sortir, accepter des invitations, un pique nique en groupe, une soirée dansante, un stage de kizomba, mais ce n’est pas ça dont j’ai envie. 

J’ai essayé de bronzer dans le jardin. Mais il fait presque trop chaud. Et puis le jardin ça n’a jamais été le top. Trop de fenêtres qui donnent chez moi. À ma gauche, le voisin n’est jamais là, à ma droite, la maison est à vendre et vide. En face, les voisins ne passent pas forcément leur temps à mater mes seins, mais il n’empêche que ce n’est pas l’idéal. La piscine ? Pas la peine, par ce temps, c’est blindé, ça donne envie de fuir, même les pelouses sont pire qu’une plage au mois d’août. Et cette année je n’ai pas d’argent pour faire mes UV. Pas vraiment utile, vu ma couleur naturelle, mais ils permettaient d’éviter la frustration de devoir attendre la Sauvageonne pour m’étaler à moitie nue au soleil. 

Ce n’est pas ça dont j’ai envie. J’ai envie de ne pas sortir et de ne pas être seule. Ma tribu ne m’invite pas, même pas à prendre un verre. Encore moins maintenant qu’avant, car “tu es toujours débordée” comme si les soirées dansantes, et les amis remplaçaient la famille et les “je passe à l’improviste”. D’ailleurs personne ne me demande jamais ce que j’ai prévu de faire, à part Martine bien sûr ! Reste Martine que j’invite à manger dans le jardin, puis je la ramène chez elle quand elle en a assez. Que deviendrai-je le jour où elle ne sera plus là ? Plus personne chez qui passer sans prévenir !
J’imagine bien ma fratrie faire un effort au début : viens quand tu veux, un mois ou deux… puis après…

Je ne leur en veux même pas ! Ils n’y pensent pas tout simplement ! Si je leur disais : je m’ennuie, je ne vois personne, c’est long 3 jours ! Sans doute qu’ils réagiraient, mais j’ai trop d’orgueil pour ça ! 

Je me promène dans la forêt et autour des étangs. Cela me rappelle un peu mes premiers week-ends en solitaire, après le divorce, quand mes filles étaient chez leur père. Ce temps libre qu’on a rêvé d’avoir et dont on ne sait que faire, une fois qu’on a rattrapé le sommeil en retard, et qu’on a pas envie de faire une orgie de télé. 

Je me dis que j’aimerais bien aller boire un verre en terrasse, ou faire un petit resto. Faire des choses simples, sans rien faire de spécial. Je pourrais le faire avec des amis, appeler une copine, je pourrais passer un coup de fil, mais ce n’est pas de ça dont j’ai envie ! 

Mon amant est parti en week-end dans sa famille, quelque part au nord de l’Ile de France. Bisous bon week-end, à mardi. Je lui en veux presque, pas parce qu’il est parti, mais parce qu’il n’est pas seul. Si mes filles étaient là, je m’en moquerais. J’ai une vie aussi, une famille aussi. Quand il reviendra je ne lui dirai pas que je me suis ennuyée une grande partie du week-end, j’ai trop d’orgueil pour ça. Je lui dirai peut-être un jour ! 

Je pense à Artémis et Jérémy qui vont revenir en septembre. Ils habiteront provisoirement chez moi, tout en cherchant un nid. Je sais que les avoir tout le temps chez moi n’est pas le top, mais je suis plutôt contente qu’ils reviennent en Ile de France. Des week-ends comme celui là, ils seraient là, Artémis bronzerait avec moi dans le jardin, Jérémy jouerait sur son pc ou jardinerait. Et l’un de nous trois dira forcément : on fait un barbecue ? On va boire un verre sur la place ? On va au resto au bord de l’étang ? 

J’aime ma solitude tout en ne rêvant pas de vivre seule, cruel dilemne ! C’est sûrement le cas de tout ceux qui viennent d’une famille nombreuse ! Des moment de solitude, son coin à soi, ses propres affaires, parce que yen a  marre, quoi, vous êtes tout  le temps là, tous ! Même dans la salle de bains je ne suis pas tranquille ! 
Et puis ces bons côtés dont on ne peut pas se passer. Danser un rock avec mon frère parce qu’il y a une bonne musique à la radio. Le café dans la cuisine le soir, il y en a toujours un qui traîne pendant que les autres regardent la télé. 

Depuis que mes jeunes fument, des pauses café dans la cuisine ou au jardin, j’en ai eu tellement, quand je rentrais du travail, il y avait toujours une fille ou un de leur chéri pour me dire, viens avec moi on prend un café, une clope et on parle. Je ne fume pas, mais je parle ! 

Et puis Jérémy qui n’est pas mon fils, est le seul à s’inquiéter pour moi, à me dire “tu vas faire quoi plus tard ? Tu ne veux pas descendre dans le Sud avec nous ?”

Autour de l’étang il est vrai que je pense parfois à l’avenir. Pourtant je ne me sens pas vieille, ni à l’heure du “trop tard” !
Mais je n’ai même pas de projets, à part la danse ! Je devrai quitter la maison un jour et je préfère ne pas y penser ! Je rêve de voyager, je n’ai jamais d’argent. Je ne vois que des perspectives peu réjouissantes, malgré mon optimisme. Si je veux vraiment voir tout en noir, je pense au jour où je perdrais de vue mes amis les plus proches, et où je devrais repartir de zéro, je pense que si je me lasse de la danse ou pire que je peux plus danser, autant me tirer une balle tout de suite !

Il n’y a que quand je songe à Tristan que je vis au jour le jour, que je ne vis que pour les bons moments, que je refuse de penser, et c’est plutôt lui qui pense trop et à qui je dis  : relax !

Mais je n’en parle jamais, car je n’aime pas les clichés, et je ne suis pas un cliché, ni lui non plus. 

J’ai changé mon lit de sens. Et ça me plaît !