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Quand j’étais jeune, je n’aimais que les ” vraies ” conversations… Inutile de me parler de la pluie et du beau temps ! Ça ne m’intéressait pas, aucune banalité ne m’intéressait !
J’aimais (j’aime toujours bien sûr) les conversations intelligentes, les grands débats même si je ne comprends pas toujours, et aussi et surtout l’âme humaine.

Auprès des adultes je passais pour une quasi sauvage, ils ne m’intéressaient pas : beau temps pour la saison !  Tu veux faire quoi plus tard ?

Un bémol cependant : j’ai toujours aimé et plu aux grands parents et à leurs amis ! Mon côté calme, grande rêveuse, grande liseuse et gentille avec ses parents faisaient de moi une jeune fille exemplaire, loin ces jeunes qui font peur !

À l’époque, je ne manquais pas d’interlocuteurs de mon âge, soucieux de décortiquer leurs états d’âmes et analyser les comportements humains. Paradoxalement c’est une période où on se sent très seul !

Puis les années ont passé. Après quelques années de mariage, j’ai connu la solitude, la vraie. Pas vraiment seule bien sûr, seule avec mes filles en bas âge. 

Là je me suis rendue compte combien cela pouvait me manquer, les petites conversations banales, les petites choses.

Ces choses anodines que l’on s’échange au sein d’un couple : je crois que la chaudière va tomber en panne, je changerais bien le buffet de place, tiens le gaz a encore augmenté, j’ai attendu deux heures sous la pluie à la Sécu…

Bien sûr et heureusement, il n’y a pas que ces conversations dans un couple !

Mais je me suis rendue compte combien c’est dur de n’avoir personne avec qui partager ces petits soucis sans importance !

Certain ont ces conversations avec leurs collègues de bureau. Je ne suis pas de ceux là, je ne peux pas ! Et puis au contraire, je préférais parler d’autre choses, oublier ou écouter.

Il y a Martine, mais je me limitais à l’essentiel, au ” moyennement grave ou très grave ” , tout simplement parce que (vous connaissez Martine) je n’avais pas envie d’en entendre reparler une autre fois !
Ces petites choses, on les dit, on les oublie, pas de quoi en faire une affaire d’état ! L’ado que j’étais n’avait pas tort !

Je comprenais mieux la solitude des petites mamies, mes voisines, que j’écoutais patiemment quand je les croisais dans la rue, même si parfois j’aurais souhaité ne pas les croiser (les enfants m’attendent), ou si je rêvais d’une excuse pour abréger (les enfants m’attendent).
Mais comment leur en vouloir ? Avec qui peuvent-elles partager ces petites choses ? 

Je comprenais mieux la question bizarre que m’avait posé une enquêtrice, à l’époque où je faisais partie d’un panel : avez-vous au moins une conversation par jour de visu avec une personne ?

Les années ont passé, les filles ont grandi,  j’ai pu partager de petites choses surtout avec Athéna, car pour Artémis seules les vraies conversations sont intéressantes, et les conversations des adultes sans intérêt !

Échange pas toujours calme, mais échange quand même : non tu ne changes pas le buffet de place, maman, tu as de ces idées parfois !

Puis j’ai trouvé des amis, des copains et copines et chaque relation est différente, il y a ceux avec qui on a des vraies conversations et ceux avec qui on partage des petites choses.

Les petites choses ne seront pas les conversations les plus courantes, les plus importantes dans mon couple, mais je sais combien ça peut être dur de ne pas pouvoir partager les petites choses !

bonus : ” Des petites choses ” est le titre du premier billet de mon blog en mars 2007, et pendant longtemps, dans ma bannière le sous-titre de mon blog était : des petites choses que j’aimerais bien dire à quelqu’un