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J’ai raconté à quel point je vis mes émotions à fond. Le reste n’existe pas, je ne suis plus capable de vivre, mes émotions gouvernent. C’est ce qui se passe le lendemain. Je ne peux pas aller travailler, je vais trop mal !

Pas seulement physiquement, lendemain de cuite, mais moralement aussi.

La crise d’amitié rapproche de l’état amoureux (ce n’est pas de moi).

Peu de personnes sont capables de comprendre ça. Si j’en parlais, on me demanderait pourquoi je me mets dans un état pareil. Joseph est un ami, mais il a pris toute la place, il occupe toutes mes pensées et je suis aussi mal que si je m’étais disputée avec mon amoureux. Il ne m’aime plus, la terre va s’arrêter de tourner…

Je traîne entre mon canapé et mon lit. J’ai appelé au bureau pour dire que je suis malade… ou autre chose je n’en sais rien. Mais je ne comptais pas changer mon programme au début. J’irai chez Joseph à 18 h comme prévu.

Mais en fin de matinée, je n’en peux plus. Je sais que Joseph ne travaille pas. Je l’appelle. Sa voix est claire, normale. Il me dit qu’il s’est levé tôt, il me parle d’un copain. Quand je lui dis que je ne suis pas allée travailler, il me demande si c’est physique ou moral : les deux. Puis il me dit de venir.

Il fait un soleil magnifique, mais je ne vais pas bien. Quand j’arrive, il me sourit par la fenêtre. Nous nous faisons la bise comme d’habitude. Je m’assois avec lui à la table de la cuisine. J’ai les larmes au bord des cils. Il dit qu’on a passé une bonne soirée hier, alors que je suis persuadée que j’ai tout gâché pour tout le monde.

Il me demande ce qui ne va pas. Je réponds. Je le regarde de temps en temps, mais le plus souvent, je fixe les magnets avec des lézards collés sur le frigo.

Il parle à son tour. Il me dit qu’il regrette de m’avoir fait pleurer. Mais j’ai plus de torts que lui, et nous le savons tous les deux. Pour moi c’est fini. Il ne m’aime plus, il m’en veut, je l’ai déçu. Je dis “alors c’est fini ? “. Il s’est levé : mais pourquoi tu veux que ce soit fini ! On a jamais été ensemble !

Et il parle encore. Je le regarde. Aucune de ses paroles ne me rassure. Il me dit qu’il ne m’en veut pas, que je ne l’ai pas déçu. J’attends un peu, j’ai envie de pleurer. Et comme je ne suis toujours pas rassurée, je dis en regardant les lézards : j’ai l’impression que c’est fini. Mais il se trompe sur mes paroles, il croit que c’est ce que je veux !

- Laisse moi prendre du champ ! Laisse moi revenir tout seul ! Maintenant si tu préfères que  ce soit fini, alors tant pis, je ne vais pas te supplier !

- Tu es fou ! Je n’ai pas envie que ce soit fini !

Ces paroles me rassurent tout en m’affolant. J’ai bien envie de lui demander “revenir mais quand ? Dans une semaine ? trois semaine ? Un mois ? Six mois ?” mais je ne dis rien. Je dois lui laisser cette liberté.

Il me parle d’une de ses ex, une qui était partie au premier grain de sable. Il me dit “oui je sais, ça n’a rien à voir”… Je me dis que moi je vais me battre pour le garder !

Je lui dis que j’aime les relations spontanées. Que ça va être difficile, car je n’oserai plus lui envoyer ni un SMS, ni un mél. Cette période ne va pas être facile. 

Ensuite nous parlons de tout, de rien, de banalités. Je ne suis pas rassurée, inquiète, et cela risque de durer. En voiture, il me fait remarquer qu’il n’a plus besoin de GPS pour venir chez moi. Et quand on se quitte, il me dit à bientôt au cours de danse !

Quelques jours plus tard, il m’a fait un petit coucou sur facedebouc. Il avait bien retenu que je n’oserai plus le contacter… C’était gentil.

Quand je l’ai revu, nous avons parlé normalement, presque tout le temps. Mais je ne lui parlais pas “vraiment”. Je n’ai jamais essayé de lancer une vraie conversation intime. Je ne voulais pas lui forcer la main, je voulais respecter sa distance.

Je me disais que je ne me sentirai totalement rassurée que lorsque nous aurons une vraie conversation, en tête à tête, comme des amis.

Mais les corps communiquent. Joseph est aussi tactile que moi. Il me prend par les épaules, alors je l’embrasse sur la joue. Nous dansons et il m’embrasse à la fin de la danse. Un jour le prof nous dit “mettez vous en couple, tenez vous la main” et il voit que Joseph m’a déjà prise dans ses bras : par la main Joseph, ne va pas trop vite. Tous ces câlins me rassuraient comme un enfant qui a fait une bêtise  mais qui est rassuré parce qu’il a toujours droit aux câlins de sa mère ! 

J’étais encore fragile, inquiète. Les vacances approchaient. Je me souviens d’un soir, tout le monde dansait, je n’étais pas spécialement en forme, assise sur un canapé. Joseph s’est approché de moi, il était debout. Il m’a dit quelque chose, je ne sais plus quoi. J’ai posé la main sur son avant bras, je l’ai caressé, et j’ai glissé jusqu’à sa main que j’ai laissé dans la sienne. Il s’est penché et m’a dit à l’oreille qu’on allait boire une verre dehors. Dehors nous avons retrouvé les autres, pas de tête à tête, mais j’allais mieux. J’ai fait rire tout le monde en faisant le clown, un garçon voulait m’apprendre un pas difficile.