champ_ble.JPG

Juillet enfin !

Fabienne, Julien et leurs deux filles sont arrivés dans leur lieu de villégiature pour les vacances. C’est une maison de pierre blanche, perdue au milieu des collines. Elle fait partie de la propriété agricole des parents de Fabienne, ceux ci la laissent à leur disposition tout l’été, ils sont toujours heureux de voir la petite famille de Fabienne, surtout les petits enfants.

Ils sont arrivés dans la nuit, Fabienne préfère rouler de nuit, car les filles dorment en voiture. En arrivant, ils se couchent, épuisés, la maman de Fabienne a bien gentiment aéré la maison et préparé les lits.

Fabienne se lève et pousse la lourde porte de bois qui grince. Il fait un temps magnifique dehors. Elle se sent un peu dépaysée en regardant les collines, et respire un grand coup en écoutant chanter les cigales. Quel bonheur !

La voiture est garée devant, ils n’ont même pas déchargé, elle ouvre le coffre pour récupérer sa valise, elle remet à plus tard l’inspection de la voiture, ramasser les papiers de bonbons, les bouteilles d’eau vides, le sweat oublié par une de ses filles.

Elle n’est pas encore vraiment là, pas encore installée, pas encore chez elle. Une pensée lui trotte dans la tête, pendant qu’elle entre dans la salle d’eau. Vite, vite.

La salle d’eau est rustique, simple sans charme particulier. Fabienne prend une douche et ressort en short et tee-shirt, les cheveux attachés, avec un maquillage léger.

Même si ces paysages sont ceux de son enfance, l’endroit où elle a grandi, elle n’a pas la sensation qu’ont beaucoup de gens de “revenir chez eux”.

Elle n’a aucun regret. Elle a été heureuse ici, mais elle s’est aussi beaucoup ennuyée. Elle est très bien en ville avec son mari et ses enfants.

Elle a juste la sensation d’être en vacances. Et une autre sensation : vite, vite !

Quand Julien se lève à son tour, il est surpris :

- Tu es déjà debout et habillée !

- Oui, je me connais, si je commence à boire un café et à traîner, je serais encore en pyjama à 11 h ! Je préfère ranger et décharger habillée. Et puis je veux faire les courses ce matin, comme ça après, repos !

C’est un rituel, Fabienne aime aller au supermarché du village seule, alors que Julien est ravi de rester dans la maison avec les filles. Elles vont déballer leur valise, mais surtout tout déranger dans la maison, redécouvrir leur jeux et leur jouets.

La voiture est déchargée, le plus gros des bagages est rangé. Vite, vite.
Fabienne a pourtant agi calmement et caché son impatience. Elle prend son sac et ses lunettes de soleil et monte dans la voiture.

- Je passe faire un coucou à maman, ne t’inquiète pas si je traîne !

En réalité le coucou est très rapide. Fabienne dit à sa mère qu’elle n’a pas le temps de prendre un café, de toutes façons ses parents les invitent toujours à manger le premier soir des vacances, et son père est dans les champs, ils se verront tous ce soir.

Fabienne roule doucement sur la route de campagne. Elle admire les blés murs sous le soleil, les moissons n’ont pas commencé, tant mieux, elle est déçue quand les blés sont déjà coupés à son arrivée.

Elle monte un chemin qui serpente dans la colline, ses roues soulèvent des nuages de poussière. Elle s’arrête devant une maison de pierre vétuste, dont la cour est encombrée d’objets hétéroclites. Elle s’y attendait la maison est vide.
Vite vite…

Elle continue à rouler, à grimper sur un chemin de plus en plus étroit derrière la maison, vers le plateau couvert de blés murs. Au détour d’un virage, sur le bord du chemin un tracteur est arrêté. Elle s’arrête à son tour et descend de la voiture.

Elle s’avance lentement, le bruit du moteur du tracteur couvre le chant des cigales, à moins que ce ne soit le bruit de son cœur qui cogne.

Un homme qui s’apprêtait à remonter sur le tracteur l’a enfin vue.

Landry.

Le temps s’est arrêté. Il n’a pas changé, même si sa silhouette s’est un peu épaissie. Pas très grand, trapu, sa chemise à carreaux mal boutonnée laisse voir sa peau burinée par le soleil. Il porte un jean coupé en short, ses mollets et ses tennis sont couverts de poussières.

Mais c’est surtout son visage qui attire le regard de Fabienne. Ses boucles brunes trop longues, ce sourire qui révèlent des dents blanches. Les rides au coin de ses yeux sont presque indécentes, si blanches au milieu de ce bronzage.
Fabienne en s’approchant de lui retire ses lunettes noires, elle se dit qu’il a peut-être envie lui aussi de voir son visage et qu’il va se moquer de son look “parisienne”.

Il n’a pas encore dit un mot, il lui montre du doigt le champ de blé mûr. Puis alors qu’elle lui fait oui de la tête, il se jette sur elle et l’embrasse à perdre haleine.

Puis il la prend par la taille et marche en la soulevant presque pour l’emmener dans le champ de blé. Il y a là un endroit où les blés sont couchés. Non personne n’y est venu avant eux, ça doit être le vent qui a couché le blé, Landry a du repérer l’endroit.

Le ciel est d’un bleu ardent. Fabienne a retrouvé les blés murs et ferme les yeux pour savourer toutes ces sensations.

ble_epi.JPG