vin.jpg

Mon grand père buvait un verre de vin rouge à chaque repas. Un verre, ni plus, ni moins, en semaine.

Bien sûr les dimanches, repas de famille et fêtes, il buvait un peu plus comme tout le monde.

Mon père Eugène buvait aussi un seul verre de vin le soir, pas le midi, jamais à la cantine. Rien d’exceptionnel, du vin ordinaire. Et bien sûr les choses étaient différentes pendant les repas du dimanche, et repas de fêtes.

L’apéritif est arrivé très tardivement dans ma tribu. Mon grand père prenait parfois un ricard à table le dimanche, en attendant que tout le monde se mette à table, ce qui n’était pas toujours facile, il fallait appeler trois fois au moins, les enfants, la grand-mère, les oncles et tantes.

Mais l’apéritif était plutôt réservés aux invités, et encore pas tous, si c’était de la famille, même éloignée, on ne prenait pas d’apéritif, et eux non plus n’en proposait pas quand ils invitaient. Par contre on pouvait inviter pour l’apéritif, mais l’apéritif uniquement, ou encore quoique très rare, en boire un au café.

Les temps ont bien changé et il ne fait pas bon être vigneron aujourd’hui. Qui boit encore du vin en semaine ? Qui en achète ? 

Quand j’étais enfant, il arrivait lors d’un repas dominical ou d’une communion, que l’on me donne un fond de verre de vin, en me disant : goûte ! 

Je n’ai jamais aimé le vin rouge, mais il arrive que certains enfants soient tout de suite amateur et réclame leur fond de verre les grands jours.

Ma sœur Servane est de ceux-là, ainsi que ma fille Artémis. Oui, car mère indigne, moi aussi j’ai fait goûter les bonnes choses à mes filles ! 

Bien entendu Artémis aime toujours le vin rouge, ce qui plutôt rare chez les femmes, enfin parmi celles que je connais en tout cas.

L’autre jour, je me disais que loin d’être une excessive, le vin a tout de même une place dans ma vie.

Je ne bois jamais en semaine, ni à la cantine, ni le soir chez moi, sauf le jour du Beaujolais.

Je ne suis pas  une adepte du vin rouge, même s’il m’est arrivé de tomber sur un cru exceptionnel. Je n’ai pas une grande culture en la matière, mais j’ai bien retenu certains noms, certaines valeurs sûres à offrir, ce qui fait que j’étonne toujours avec mes cadeaux (non je ne vous dirai pas lesquels ! Na !)

Je vous passe le couplet sur le champagne (qui reste un vin) j’aime tout ce qui fait des bulles, cidre, mousseux..

J’aime le rosé, le blanc, le gris. Le rosé a mauvaise réputation parait-il, “un truc de filles” dit mon beau frère, pourtant il ne faut pas s’arrêter à la bouteille banale de Côtes de Provence. Mais je crois que je préfère le blanc, surtout le vin d’Alsace. Mais pas seulement : tous les blancs, de dessert, moelleux, pétillant, d’ici, d’ailleurs.

Quand j’invite chez moi, même pour les repas les plus simples, je met toujours deux verres, un pour l’eau, l’autre pour le vin. Car chez mon frère ou mes sœurs, très souvent on me dit : tu veux goûter ce vin ?
Et moi : attends je finis mon eau !  Ce qui m’oblige à vider vite mon verre d’eau.

Au restaurant si tout le monde boit du rouge, je fais comme tout le monde. Je laisse choisir ceux qui s’y connaissent. Les choses ne sont pas faciles, même en famille, avec mes filles et mes gendres.

Artémis aime le vin rouge. Athéna aime le rosé et le blanc comme sa mère. Un jour en tête à tête au resto nous avons bu une bouteille de Chardonnay à deux, en nous surprenant nous-même !

Jérémy de Petite Colline, aime les vins du Sud-Ouest, de Bordeaux à Cahors. Jim, alsacien n’aime que les vins d’Alsace. À nous tous nous pouvons choisir chacun une bouteille pour chaque plat, mais pas facile de n’en choisir qu’une qui plaise à tous !

Pourquoi je dis que le vin a une place dans ma vie ? 

Parce que les temps changent, ma pauvre Lucette, et des choses qui paraissaient évidentes ne le sont plus aujourd’hui.

Ceux qui vous invite, vous offre l’apéritif et sur la table il n’y a qu’une carafe d’eau. Le vin est en train de chambrer ? Non il n’arrivera jamais !

Variante : ah zut, j’ai oublié, mais je crois que j’ai une bouteille entamée du dernier repas. Il doit être encore buvable ! (beurk)

Celle qui me raconte qu’elle a testé une grande table, et me met l’eau à la bouche avec le menu, miam, et après l’entrée, c’était quoi ? 

Et à la question : et qu’est-ce que tu as bu ? 

- Moi ? De l’eau !

Non ! Impensable ! Quel gâchis, quelle crime de lèse majesté, quelle aberration !
J’espère qu’au moins elle a commandé une bouteille en verre de Sittel ou une pétillante de Sadoit !

Et quand une personne me dit qu’elle ne boit jamais, jamais d’alcool (et je parle pas d’une anonyme repentie), je reste sans voix :

Que c’est triste ! 

Moi la bonne vivante, c’est comme si on me disait qu’on aime pas manger, pas rire, pas b…

Je dis souvent en riant : je ne deviendrai jamais alcoolique ! Car si on en guérit, c’est fini, plus une goutte, plus rien ! 

Une grosse mangeuse repentie pourra encore manger !

J’ai une cave à vin chez moi. Quand elle est pleine, elle ne reste jamais bien longtemps. Il faudrait acheter les caisses de vin par 10 pour avoir de la réserve ! Mais quand j’invite, j’aime ne pas avoir à me soucier du vin pour le repas !

Et j’aime encore plus dire : tu peux aller à la cave choisir une bouteille ?