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Carola avait attendu avec impatience de rencontrer la collaboratrice de son mari. Elle l’avait aperçue parfois de loin, descendre de sa voiture en arrivant devant l’étude. Elle aurait pu entrer et venir la saluer, mais puisque son mari avait prévu un dîner c’était très bien comme ça.

Carola ne se mentait pas à elle même : il n’y avait pas que la curiosité, elle ressentait un peu le pinçon de la jalousie, mais elle le cachait à son mari. Une belle jeune femme qui travaille avec lui, même si elle n’avait pas de raison de douter de lui, elle avait bien envie de la voir de plus près !

Ce soir là elle se montra une hôtesse parfaite tout en ayant des antennes pour observer tout ce qui était observable et détecter tout ce qui était indétectable. 

Carola n’est certes pas une femme intelligente, mais elle ne manque pas d’intuition. Elle comprit tout de suite que danger il y avait, et d’où viendrait le danger.

Mais paradoxalement, elle trouve Ludmilla fort sympathique. Elle sentit une forte personnalité en même temps qu’une personne particulièrement gentille et bienveillante.

Si Carola sentait le danger, elle était assez naïve pour penser que se mettre Ludmilla “dans la poche ” ôterait à cette dernière toute velléité de lui voler son mari. Elle croyait à une espèce de solidarité féminine, et était très fière d’être tout à la fois l’épouse et la mère des enfants. Sans doute se prenait-elle pour la femelle mammifère de la meute, celle qui a porté les rejetons du chef de meute, et donc a droit à la considération de ses paires.

Et puis comme Ludmilla était une forte personnalité, elle savait qu’elle ne gagnerait pas sur certain terrains, donc elle avait tout intérêt à la mettre dans sa poche, sans avoir à se forcer pour autant, d’ailleurs.

Étant une âme simple, elle ne s’offusqua pas du tout des conversations entre Enguerran et Ludmilla et ne vit même pas leur complicité. 

Un geste tendre, des frôlements, ou pire un baiser aurait été pour elle une preuve de trahison, mais elle ne considérait ni les mots, ni les conversations comme un danger.

D’ailleurs les mots la saoulaient bien vite, tout comme les conversations, à part avec ses propres enfants.

Se fiant à son instinct et oubliant sa propre naïveté, Carola croit qu’elle a compris comment fonctionne Ludmilla. Elle se dit que la prochaine fois, elle demanderait à la jeune femme si elle avait quelqu’un dans sa vie, ce qui l’aurait totalement rassurée !